SEANCE DU 30 OCTOBRE 2002


M. le président. Je suis saisi, par M. Bret, Mmes Borvo et Mathon, MM. Autain et Autexier, Mmes Beaudeau et Beaufils, M. Biarnès, Mme Bidard-Reydet, M. Coquelle, Mmes David, Demessine et Didier, MM. Fischer, Foucaud, Le Cam et Loridant, Mme Luc, MM. Muzeau, Ralite et Renar et Mme Terrade, d'une motion n° 215, tendant au renvoi à la commission.
Cette motion est ainsi rédigée :
« En application de l'article 44, alinéa 5, du règlement, le Sénat décide qu'il y a lieu de renvoyer à la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale, le projet de loi constitutionnelle relatif à l'organisation décentralisée de la République (n° 24 rectifié). »
Je rappelle que, en application de l'article 44, alinéa 8, du règlement du Sénat, ont seuls droit à la parole sur cette motion l'auteur de l'initiative ou son représentant, pour quinze minutes, un orateur d'opinion contraire, pour quinze minutes également, le président ou le rapporteur de la commission saisie au fond et le Gouvernement.
Aucune explication de vote n'est admise.
La parole est à M. Robert Bret, auteur de la motion.
M. Robert Bret. Monsieur le président, messieurs les ministres, mes chers collègues, « rédaction ambiguë », « manque de clarté de certaines dispositions du projet de loi », « le projet de loi évoque une loi organique plutôt que constitutionnelle », « nombreux problèmes de formulation », « une décentralisation dissymétrique » : ces quelques propos, qui ont été tenus par plusieurs de nos collègues, dont M. Patrice Gélard, ou par des personnalités entendues par la commission des lois, comme MM. Roux ou Aubry, marquent, avec beaucoup d'autres, des doutes, des agacements, voire de fortes réserves à l'égard du projet de loi constitutionnelle, sans même parler de l'avis du Conseil d'Etat, que le Gouvernement cherche désespérément à oublier et à faire oublier.
Ce texte a été élaboré et examiné dans des conditions de précipitation telles que le débat qui s'ouvre apparaît incertain, voire inquiétant pour l'organisation démocratique de notre pays.
Je le dis d'emblée : la motion tendant au renvoi à la commission ne met pas en cause la qualité du travail effectué par les membres et les collaborateurs de ladite commission, dans des conditions complexes, comme nous avons encore pu le constater hier soir.
Nous ne pouvions faire mieux dans un laps de temps aussi court : audition des ministres le jour même de l'adoption en conseil des ministres - ce qui vous a d'ailleurs obligé, monsieur Perben, à préciser que l'avant-projet circulant la veille était devenu caduc, puisque le conseil des ministres, fait rarissime pour un projet de cette ampleur, avait modifié l'intitulé du projet de loi et certaines dispositions, comme celle qui est relative au référendum sur le statut particulier - mais aussi audition des personnalités le lendemain et examen du rapport le mercredi suivant.
Au passage s'agissant des auditions, pourquoi ne pas avoir auditionné M. Sarkozy, ministre de l'intérieur, qui nous a fait part, depuis la Corse, de sa vision de la décentralisation ?
Mes chers collègues, l'élaboration de ce projet de loi constitutionnelle a été bâclée. (Exclamations sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
La presse nous a appris...
M. Jean-Claude Carle. Mauvaise information !
M. Robert Bret. ... que c'était lors d'une réunion informelle à l'hôtel de Matignon, au début du mois d'août - en présence de dirigeants de la majorité parlementaire, des présidents des commissions des lois de l'Assemblée nationale et du Sénat, du Premier ministre et des ministres concernés, ainsi que de quelques professeurs de droit - qu'a été prise la décision, politique, de modifier l'article 1er de la Constitution et de toucher à l'architecture même de la République.
M. Roger Karoutchi. Cela fait des années qu'on en parle !
M. Robert Bret. Concernant l'élaboration d'un projet de loi constitutionnelle de cette importance, je m'étonne, monsieur le ministre, que la voie de l'instauration d'un comité consultatif sur la révision de la Constitution, sur le modèle de celui qui avait été mis en place le 2 décembre 1992, n'ait pas été retenue.
Ce type de structure légère, donc efficace et rapide, est gage de sérieux et de transparence dans la démarche présidentielle et gouvernementale.
La commission Vedel - c'est ainsi qu'elle fut couramment dénommée - a fourni alors un travail d'une grande qualité, qui a pu servir de fondement à certaines réformes constitutionnelles et qui, aujourd'hui encore, constitue une référence pour nous tous.
La démarche que vous nous présentez aujourd'hui, monsieur le ministre, est bien différente.
Fruit d'une réflexion et de motivations hâtives et souvent inquiétantes étant donné sa grande portée, le texte que vous soumettez au Sénat frappe par son imprécision et ses incohérences graves.
Cela nous paraît fortement préjudiciable à la bonne compréhension par nos compatriotes de dispositions qui, si j'en crois le Président de la République lui-même, seront soumises à un référendum.
Cette élaboration hâtive répond à une volonté politique que mes amis du groupe communiste républicain et citoyen et d'autres orateurs ont soulignée, la volonté de remettre en question une certaine idée de la République, facteur de solidarité et d'égalité.
Monsieur le ministre, ne mettez-vous pas la charrue devant les boeufs en posant ce que vous appelez vous-même le socle de la réforme avant d'avoir écouté les élus locaux, les habitants de notre pays ?
Vous me rétorquerez qu'un grand débat est lancé dans le pays avec les assises pour les libertés locales. Mais est-ce suffisant face à un tel enjeu ? Vendredi dernier, à Marseille, j'ai écouté attentivement MM. Delevoye et Devedjian ainsi que le Premier ministre, M. Raffarin. Pour l'essentiel, nous avons eu droit à une série de discours. Lors de ces assises, vous vous êtes bien gardé de mettre en débat le projet de loi constitutionnelle ! Vous avez tout abordé sauf ce qui est en discussion aujourd'hui. Vous avez donc ouvert le débat sur tout sauf sur le socle, qui vous paraît essentiel.
Mes chers collègues, cette réforme constitutionnelle devrait être un aboutissement, et non un commencement. Il est dangereux d'asseoir une position uniquement sur les postulats rapides et faciles, dont l'exposé des motifs regorge, comme la mise en accusation, par les Français, de l'impuissance de l'Etat. Plutôt que de faire parler nos concitoyens, donnez-leur la parole ! N'ouvrez pas le débat par un texte virtuel car, chacun le sait ici, il faudra attendre le printemps prochain pour connaître les avant-projets de loi organique qui donneront un sens à des dispositions qui, en tant que telles, sont aujourd'hui difficilement intelligibles.
Monsieur le ministre, il serait de la plus grande importance, pour le sérieux de nos débats, de disposer des avant-projets de loi organique, textes d'application du projet de loi constitutionnelle.
De même, comment ne pas entendre les voix nombreuses qui soulignent la nécessité d'engager une réforme fiscale de grande ampleur comme priorité pour l'avenir des finances des collectivités territoriales ? L'article 6 du projet de loi constitutionnelle, qui concerne l'autonomie financière, n'éclaire que très peu - vous le reconnaîtrez - sur l'avenir de la fiscalité locale, et surtout sur les moyens futurs des collectivités confrontées à des charges qui ne cessent de s'alourdir. Comme je l'ai lu dans la presse, le président de notre assemblée, M. Christian Poncelet, considère que le Gouvernement ne va pas assez loin et il l'invite à faire preuve de plus d'audace.
M. le président. Très bonne référence ! (Sourires.)
M. Robert Bret. Mes chers collègues, ne vous paraît-il pas nécessaire de transmettre le texte pour avis à notre commission des finances, afin qu'elle puisse examiner de manière plus approfondie les dispositions proposées et auditionner les ministres concernés pour prendre connaissance des intentions du Gouvernement sur cette réforme fiscale dont on parle sans cesse sans jamais l'apercevoir, véritable Arlésienne du débat politique français ?
On ne peut pas dire, comme l'a fait à l'instant M. Fourcade, que la péréquation est assurée dans le texte qui est proposé. Sinon, comment comprendre les nombreux amendements que la commission des lois a déposés sur ce point ?
L'audition du ministre délégué au budget, notre ancien collègue M. Alain Lambert, serait particulièrement intéressante. En effet, mardi dernier, sur une chaîne d'information, il a déclaré : « La décentralisation en théorie, et j'espère que ce sera le cas en pratique, permettra à l'action publique de faire des économies puisqu'elle sera menée avec beaucoup d'efficacité. »
M. Michel Charasse. Il rêve !
M. Robert Bret. M. Lambert ne fait qu'aviver les craintes de beaucoup d'élus, notamment la crainte de voir le Gouvernement renvoyer aux collectivités territoriales les dépenses les plus coûteuses. Aussi, il nous paraît justifié que la commission des finances soit saisie pour avis de ce texte.
S'il est vrai, chers collègues, que le choc du 21 avril dernier, qui a mis en exergue la crise profonde du système politique français, exige une rénovation en profondeur de nos institutions, n'oublions pas que nombre d'aspects de ces institutions doivent être profondément modifiés pour répondre à cette exigence.
Oui, il faut rapprocher les centre de décision des citoyens, par la décentralisation. Cela constitue un axe démocratique majeur.
Oui, les habitants de notre pays ont soif de participation aux décisions et veulent être associés à la gestion.
Oui, ils sont attachés à la proximité si elle est synonyme d'échange, d'écoute et de pouvoir partagé.
Oui, il faut plus de démocratie participative. En quoi la démocratie participative réduirait-elle l'autorité des élus ? N'est-ce pas, au contraire, un des moyens d'intéresser à nouveau nos concitoyens à la politique ?
Le projet de loi constitutionnelle qui nous est soumis aujourd'hui rappelle étrangement certains textes européens, à commencer par les principaux, les traités de Maastricht et d'Amsterdam, qui, par leur flou et leur complexité, étouffent la démocratie et favorisent la bureaucratie et la constitution d'un corps d'initiés.
Un chroniqueur d'un journal économique résumait assez bien ce sentiment : « L'apathie civique qui entoure le projet de révision constitutionnelle, comme l'élargissement de l'Union, ne traduit nullement l'assentiment des citoyens, mais simplement leur grande impuissance et celle, plus grande encore, de ceux qui les gouvernent. »
Cette remarque m'amène à ouvrir une parenthèse qui offre un nouveau fondement à notre motion de renvoi à la commission : l'Europe.
Le rapport de M. Garrec, au nom de la commission des lois, comporte un échange intéressant, mais assez partiel, sur la place de l'évolution institutionnelle souhaitée en France dans la construction européenne actuelle. Notre collègue Jean-Pierre Fourcade a évoqué ce point tout à l'heure, lorsqu'il nous a fait part de sa conception de l'Europe.
Il paraît nécessaire d'approfondir cette réflexion, et la délégation du Sénat pour l'Union européenne, présidée par M. Haenel, pourrait y contribuer efficacement.
Dans le rapport, j'ai pu lire, comme vous, mon cher collègue, que le projet de loi constitutionnelle répondait pour partie à la charte européenne de l'autonomie locale, ce qui a été rappelé.
La commission a-t-elle débattu réellement de ce texte ? Qui peut, par exemple, expliquer au Sénat pour quelle raison la France a refusé, jusqu'à ce jour, de ratifier ce texte ?
Je l'indiquais, le Gouvernement manque de cohérence en cadrant d'emblée le débat qui est censé s'ouvrir dans le pays.
Prenons la réforme de l'Etat.
Combien d'élus ont pu être informés de la portée de l'article 2, qui permet non seulement aux collectivités territoriales, mais aussi à l'Etat de procéder à des expérimentations législatives et réglementaires ?
Que signifie une expérimentation menée par l'Etat ? Quelles en seront les limites ? Quel sera le contrôle du Parlement ?
N'est-ce pas introduire dans la Constitution un nouveau pouvoir de l'exécutif, en contradiction avec les objectifs de renforcement de la démocratie prônés par le texte ?
Le 22 octobre dernier, M. Plagnol, secrétaire d'Etat à la réforme de l'Etat, expliquait ainsi sa conception de l'expérimentation : « Nous choisirons un département et une région par exemple et demanderons au préfet d'expérimenter une remise à plat de l'offre des services publics. » Vous comprendrez, mes chers collègues, que les défenseurs inlassables du service public que nous sommes s'inquiètent de ces propos, qui valident toutes nos questions sur les risques de mise en cause de l'unicité du service public en France par la présente réforme !
Décidément, ce projet de loi constitutionnelle mérite un examen beaucoup plus approfondi tant il comporte de faces cachées.
J'avoue notamment avoir été surpris par les différences d'approche entre le président Poncelet et le Gouvernement...
M. Michel Charasse. Le président Poncelet ne peut pas vous répondre !
M. Robert Bret. ... sur des questions aussi cruciales que l'autonomie fiscale, la nature du contrôle du nouveau pouvoir réglementaire conféré aux collectivités ou le devenir des représentations. (Exclamations sur plusieurs travées du RPR.)
M. Guy Fischer. Cela nous a effectivement étonné !
M. Robert Bret. Monsieur le président, chers collègues, ce projet de loi constitutionnelle revêt une importance considérable.
Mon trouble, et celui de beaucoup d'entre nous, est renforcé par la rédaction à l'apparence hasardeuse de nombreuses dispositions, qui, je le précise au passage, élargiront le pouvoir du Conseil constitutionnel au détriment du Parlement, du fait de son pouvoir d'interprétation ainsi accru. (M. Roger Karoutchi s'exclame.)
Monsieur le garde des sceaux, mon trouble s'est renforcé quand je vous ai entendu évoquer, devant la commission, l'avènement d'une véritable « République unitaire décentralisée ».
M. Dominique Perben, garde des sceaux. C'est effectivement ce que j'ai dit !
M. Robert Bret. Ce concept assez étonnant en dit long, je crois, sur la précipitation de l'élaboration de ce texte.
Il suffit de lire les auditions de la commission des lois, les interrogations que j'évoquais au débat, celles de M. Gélard, celles de M. Hoeffel, sénateur mais aussi président de l'Association des maires de France, qui, après avoir approuvé la démarche gouvernementale, a multiplié les interrogations, demandant les éclaircissements qui s'imposent. Ces interrogations, qui émergent au sein même de la majorité sénatoriale, justifient le vote par le Sénat de cette motion de renvoi à la commission des lois et la saisine pour avis de la commission des finances.
Ma demande, au nom du groupe communiste républicain et citoyen, me semble d'autant plus fondée que la commission des lois a déposé un véritable appel au renvoi à la commission sous la forme d'un article additionnel après l'article 11 ainsi rédigé : « Le projet ou la proposition de révision n'est soumis à délibération ou au vote de la première assemblée saisie qu'à l'expiration d'un délai de trente jours après son dépôt et doit être voté par les deux assemblées en termes identiques. »
Mes chers collègues, je vous propose simplement d'appliquer par anticipation cette juste proposition du Sénat en adoptant la motion de renvoi à la commission de ce projet de loi constitutionnelle qui a été présenté voilà seulement treize jours par le Gouvernement. (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen ainsi que sur plusieurs travées socialistes.)
M. le président. Monsieur Bret, je vous rassure tout de suite : j'ai effectivement demandé que ce texte soit amélioré. J'ai été entendu, puisque quelque 230 amendements ont été déposés par l'opposition ou par la majorité.
M. Michel Charasse. Combien d'entre eux seront-ils adoptés ?
M. le président. A l'issue des travaux parlementaires, ce texte sera sans aucun doute amélioré, grâce à l'intervention du Sénat qui, comme toujours, veille à ce que la loi soit bien faite.
Quelqu'un demande-t-il la parole contre la motion ?...
Quel est l'avis de la commission ?
M. René Garrec, rapporteur. Bien que je ne sois pas le ministre, je répondrai à sa place car ce n'est pas à lui de répondre : si M. le ministre de l'intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales, n'était pas présent lors des auditions de la commission des lois, c'est parce qu'il était auditionné sur son projet de budget par l'une des commissions de l'Assemblée nationale.
Mon cher collègue, il est vrai que les délais d'examen de ce projet de loi constitutionnelle ont été plutôt brefs. La commission des lois a d'ailleurs adopté un amendement n° 38 tendant à modifier l'article 89 de la Constitution, sur ma proposition - peut-être était-ce dû à un accès de mauvaise humeur, car nous avions peu de temps pour examiner ce texte - afin d'instaurer, pour l'avenir, un délai de trente jours entre le dépôt d'un projet ou d'une proposition de révision constitutionnelle et son examen en séance publique.
Pour autant, la commission des lois a été en mesure de procéder à un examen attentif et approfondi de ce texte. Nous avons entendu, le 16 octobre, M. Dominique Perben, garde des sceaux, ministre de la justice, Mme Brigitte Girardin, ministre de l'outre-mer, et M. Patrick Devedjian, ministre délégué aux libertés locales, et procédé, le 17 octobre, à une journée d'auditions de représentants des collectivités territoriales et de professeurs de droit. Auparavant, j'avais moi-même reçu les représentants des associations d'élus et des professeurs de droit.
L'avis de la commission des lois est donc parfaitement éclairé. J'ajoute - je l'ai dit hier matin ici même - que le Sénat a beaucoup travaillé sur un nombre important de textes, en particulier sur la proposition de loi constitutionnelle relative à la libre administration des collectivités territoriales et à ses implications fiscales et financières, déposée par M. le président Christian Poncelet et d'autres parlementaires. Il est donc parfaitement informé, et la commission des lois, parfaitement éclairée, je le répète, a émis un avis défavorable sur la motion tendant au renvoi à la commission.
M. Patrice Gélard, vice-président de la commission. Très bien !
M. le président. Je mets aux voix la motion n° 215, tendant au renvoi à la commission du projet de loi constitutionnelle.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe communiste républicain et citoyen.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions fixées par l'article 56 du règlement.

(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?...

(Le scrutin est clos.)

(Il est procédé au comptage des votes.)

M. le président. Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 14:

Nombre de votants 318
Nombre de suffrages exprimés 312
Majorité absolue des suffrages 157
Pour l'adoption 104
Contre 208

Le Sénat n'a pas adopté.
En conséquence, nous passons à la discussion des articles.

(M. Bernard Angels remplace M. Christian Poncelet au fauteuil de la présidence.)

PRÉSIDENCE DE M. BERNARD ANGELS
vice-président

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