SEANCE DU 6 NOVEMBRE 2002


M. le président. L'amendement n° 200, présenté par Mmes Borvo et Mathon, MM. Bret, Autain et Autexier, Mmes Beaudeau et Beaufils, M. Biarnès, Mme Bidard-Reydet, M. Coquelle, Mmes David, Demessine et Didier, MM. Fischer, Foucaud, Le Cam et Loridant, Mme Luc, MM. Muzeau, Ralite et Renar, Mme Terrade et M. Vergès, est ainsi libellé :
« Avant l'article 11, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Il est inséré au titre V de la Constitution un article 43-1 ainsi rédigé :
« Art. 43-1. - Chaque assemblée peut créer des commissions d'enquête destinées à recueillir des éléments d'information sur des faits déterminés, sur la gestion des services publics ou des entreprises nationales, ou sur l'évaluation des politiques publiques. Elles ne peuvent se prononcer sur les responsabilités personnelles encourues à l'occasion de faits donnant lieu à des poursuites judiciaires.
« Les conclusions des commissions d'enquête font l'objet d'un débat en séance publique, en présence du Gouvernement, deux mois au plus tard après le dépôt de leur rapport.
« Une loi organique fixe les modalités de création des commissions d'enquête, en particulier à l'initiative d'une minorité des membres de chaque assemblée. Elle détermine également leurs règles de fonctionnement, leurs pourvoirs d'investigation, ainsi que les conditions dans lesquelles il peut être créé une commission d'enquête commune à l'Assemblée nationale et au Sénat. Elle garantit les droits des personnes entendues et le respect des procédures judiciaires. »
La parole est à M. Robert Bret. M. Robert Bret. Avant d'exposer l'amendement n° 200, je tiens à m'élever contre la manière dont le Gouvernement et la commission des lois ont accueilli les amendements à la Constitution qui ne portaient pas sur la rédaction initiale du projet de loi - ce que l'on appelle plus communément des « articles additionnels ». Bien souvent, ils ont été balayés d'un revers de main, comme vous vous apprêtez certainement à le faire pour celui-ci.
M. Jean-Jacques Hyest. C'est la règle habituelle !
M. Robert Bret. Cette attitude, à mon sens, n'est pas acceptable, et ce pour deux raisons, monsieur Hyest.
Premièrement, les révisions de la Constitution sont des moments suffisamment rares, en théorie, pour que l'on puisse s'arrêter sur tel ou tel point de nos institutions qui mérite d'être modernisé. Une telle modernisation, de l'avis de beaucoup, est urgente si l'on veut répondre à l'attente que les Français ont exprimée lors des dernières élections.
Deuxièmement, contrairement à ce qui a été dit, nos amendements « additionnels » entrent dans le cadre du projet de loi constitutionnelle, qui est fixé par l'intitulé du projet de loi : il s'agit de « l'organisation décentralisée de la République ». Qui peut imaginer que le Parlement, ses droits, son rôle et ses compétences seraient en dehors de ce débat ? Il est d'ailleurs à noter que l'article 3, qui vise la compétence du Sénat, et l'article 11, qui traite de questions liées à l'élection présidentielle, sortent du cadre strict de la décentralisation.
L'amendement n° 200 concerne le pouvoir de contrôle du Parlement. Il s'agit d'inscrire dans la Constitution le principe des commissions d'enquête, qui représentent un aspect important du regard que portent les assemblées sur l'action gouvernementale. Il faut leur donner plus de force, et tel est le sens de notre démarche.
Nous demandons également que soient inscrits des droits pour la minorité en matière de commissions d'enquête, car c'est un élément important pour l'instauration de contre-pouvoirs dans nos institutions. Est-il acceptable, par exemple, que notre demande de commission d'enquête sur Vivendi Universal n'ait jamais pu aboutir ? La « démocratie apaisée » voulue par M. Raffarin exige que la minorité parlementaire, de manière encadrée, bien sûr, ait prise sur le contrôle et le pouvoir d'investigation.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. René Garrec, rapporteur. Cet amendement est intéressant, mais il est sans rapport avec le projet de loi constitutionnelle. La commission émet donc un avis défavorable.
M. Robert Bret. C'est désespérant !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Brigitte Girardin, ministre. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 200.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. L'amendement n° 201, présenté par Mmes Borvo et Mathon, MM. Bret, Autain et Autexier, Mmes Beaudeau et Beaufils, M. Biarnès, Mme Bidard-Reydet, M. Coquelle, Mmes David, Demessine et Didier, MM. Fischer, Foucaud, Le Cam et Loridant, Mme Luc, MM. Muzeau, Ralite et Renar, Mme Terrade et M. Vergès, est ainsi libellé :

« Avant l'article 11, insérer un article additionnel ainsi rédigé :

« L'article 88-4 de la Constitution est complété in fine par la phrase suivante :

« Une loi organique définit les conditions dans lesquelles le Gouvernement négocie au sein du Conseil européen, dans le respect d'orientations définies par le Parlement, et lui en rend compte. »
La parole est à M. Robert Bret.
M. Robert Bret. Contrairement à ce qui pourra m'être une nouvelle fois rétorqué, cet amendement répond aux exigences de démocratie qui s'expriment aujourd'hui et, de ce fait même, devrait trouver sa place dans le projet de loi constitutionnelle.
L'Europe a été la grande absente de notre débat relatif à la décentralisation. Chacun sait qu'une volonté d'uniformiser les collectivités territoriales des différents pays membres de l'Union européenne existe. Or, autant la coopération est utile entre les collectivités territoriales de part et d'autre des frontières, autant la volonté de plaquer un modèle d'organisation territoriale venu d'en haut nous paraît contraire à une construction démocratique de l'Europe.
De même, n'est-il pas temps, madame la ministre, d'introduire dans notre Constitution une disposition qui permette au Parlement d'exercer un contrôle réel sur l'avalanche de normes émanant des autorités de Bruxelles ? Notre collègue M. Charasse faisait allusion tout à l'heure aux dizaines de textes que nous devons transposer dans notre droit.
M. Michel Charasse. Voilà !
M. Robert Bret. L'ambition de moderniser nos institutions passe de toute évidence par la recherche de mécanismes permettant aux citoyens, directement ou par le biais de leurs représentants, d'agir sur les décisions européennes. A quoi bon décentraliser, mes chers collègues, si les habitants de notre pays sentent leur pouvoir, ou ce qu'il en reste, s'échapper par le haut ?
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. René Garrec. Comme le précédent, cet amendement est sans rapport avec le texte. Avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Brigitte Girardin ministre. Avis défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 201.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Article 11