Appartenance politique :
Membre du Groupe de la Gauche Démocratique
État civil :
Né le 18 mars 1897
Décédé le 19 octobre 1972
Profession :
Inspecteur Général
Département :
Vaucluse

Travaux parlementaires

1940-1958  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)
Ve République  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)

1940-1958

PELLENC (Marcel)

Né le 18 mars 1897 à Marseille (Bouches-du-Rhône)

Décédé le 19 octobre 1972 à Paris

Sénateur du Vaucluse de 1948 à 1958

Originaire de Rustrel dans le Vaucluse et issu d'une famille de paysans et de petits fonctionnaires (son père est employé des PTT), Marcel Pellenc est né le 18 mars 1897 à Marseille où il passe son enfance. 

Au terme de ses études secondaires, il obtient le baccalauréat. Malgré son jeune âge, Marcel Pellenc choisit de s'engager dans l'artillerie pour participer au premier conflit mondial.

Blessé, sa courageuse conduite lui vaut deux citations et d'être décoré sur le champ de bataille de la croix de guerre avec palmes et de la Légion d'honneur.

Démobilisé comme lieutenant, il entre, en 1919, à l'Ecole polytechnique. Afin de compléter sa formation scientifique, il décide d'entreprendre des études juridiques et techniques et en 1921 obtient successivement les diplômes d'ingénieur de l'Ecole supérieure d'électricité de Paris et de l'Ecole nationale de radioélectricité ainsi qu'une licence en droit.

A 24 ans, Marcel Pellenc entre comme ingénieur dans l'administration des PTT. L'année suivante, il accède au poste de directeur de la radiodiffusion nationale qu'il occupera pendant 14 ans. Il crée alors, une à une, toutes les stations du réseau émetteur, en organise l'exploitation et par ses innovations et ses réalisations techniques place la radio française au premier rang européen. Sollicité par des pays étrangers, il se voit nommé vice-président puis président de l'Union internationale de radiodiffusion et préside, à ce titre, une trentaine de réunions internationales.

Professeur, à 30 ans, à l'Ecole supérieure des PTT, à SUPELEC et à l'Ecole nationale de radioélectricité, conférencier au CNAM, Marcel Pellenc accède cinq plus tard au rang d'inspecteur général des PTT.

Dans le même temps, il effectue des missions gouvernementales dans de nombreux pays étrangers où il séjourne parfois plusieurs mois comme en Espagne, en Allemagne et en URSS. Marcel Pellenc est notamment délégué à diverses reprises aux réunions de la SDN où il représente la France aux congrès internationaux pour la défense de la propriété industrielle et intellectuelle. Chef de la délégation française à la conférence du désarmement moral en 1937, il a comme assistant Yves Chataigneau, ancien gouverneur d'Algérie et futur ambassadeur à Moscou et y côtoie le Vicomte Cranborne futur ministre de l'armement au Royaume-Uni.

C'est en 1938 qu'il est chargé par le gouvernement d'étudier et de préparer les liaisons avec l'Afrique du nord et les colonies ; il est alors chef du cabinet Georges Mandel, ministre des Colonies qu'il suivra à l'Intérieur. L'exode du gouvernement le conduit jusqu'à Vichy, où il joue un rôle important dans l'organisation et le départ des premiers éléments de la Résistance vers Londres et l'Afrique du Nord.

Ne voulant pas participer au gouvernement du maréchal Pétain, il choisit, à 45 ans, de retourner sur les bancs de l'université pour entreprendre des études de médecine, considérant alors que seule cette profession libérale peut lui permettre d'échapper à une subordination intolérable. Il poursuit ses études durant toute l'occupation aux facultés de Strasbourg puis de Paris dont il sortira en 1946 avec le diplôme de docteur en médecine.

Mais abritant chez lui une émetteur clandestin qui fonctionne pour le compte du service de renseignements du réseau Ramsès et Andromède-Nestlé, Marcel Pellenc est dénoncé à la Gestapo qui pille son domicile et arrête son fils aîné également résistant au sein du réseau Libération-Vengeance. Quant à ses deux autres fils, maquisards, ils intégreront l'armée de la Libération.

Au sortir de la guerre, Marcel Pellenc, qui vient d'être décoré de la croix de guerre 1939-1945 avec palme pour faits d'armes, refuse d'occuper une fonction autre que celle qui était la sienne en 1940 car, pour lui, « la Résistance n'a pas été une affaire ! ». Il reprend donc son poste d'inspecteur général des PTT.

En 1947, Marcel Pellenc, qui vient d'être élevé au rang d'officier dans l'ordre de la Légion d'honneur, est nommé directeur technique du cabinet Maroselli au ministère de l'Air et commissaire du gouvernement pour la réorganisation des sociétés et industries nationales aéronautiques.

Son intérêt pour la vie politique se manifeste en octobre 1947, date à laquelle il est appelé à siéger comme maire de Rustrel ; il occupera cette fonction jusqu'à son décès en octobre 1972. En novembre 1948, il brigue avec succès un mandat au Conseil de la République comme tête de liste du Rassemblement des gauches républicaines. Selon les archives de la Fondation Charles de Gaulle, il aurait été membre de l'intergroupe du RPF en 1948. Il sera reconduit à son siège de sénateur du Vaucluse aux élections du 18 mai 1952 et du 8 juin 1958.

A son arrivée au Conseil de la République, Marcel Pellenc siège à la commission des finances, dont il est le rapporteur général en 1955 et au sein de laquelle il est nommé à trois sous-commissions chargées de la gestion des entreprises industrielles nationalisées et des sociétés d'économie mixte dont il devient président en 1951, de l'emploi des crédits affectés à la défense nationale qu'il quitte en 1954 pour celle chargée d'émettre un avis sur les taxes parafiscales et des péréquations. Il consacre à cette commission la plus grande partie de son inlassable activité parlementaire et pour laquelle il déposera 74 rapports, 5 propositions de résolution et 4 propositions de loi. Il part en guerre contre les abus pratiqués dans certaines entreprises nationalisées comme la SNCF, en s'attachant à remettre de l'ordre, multipliant les avertissements au gouvernement, dénonçant sans relâche abus et erreurs et proposant des solutions rigoureuses pour défendre les intérêts et les finances de la France. Il demande un contrôle de la gestion des services de l'Etat, des réformes administratives et financières telles que la baisse des charges qui étouffent l'économie et la relance des crédits pour sauver le secteur privé. Il veut assainir et responsabiliser le budget pour stopper le gaspillage et l'enchaînement de l'aide étrangère qui affaiblit la France à long terme et préconise le respect d'un équilibre budgétaire tenant compte également du progrès et de l'évolution sociale afin de permettre à la France de retrouver une pleine santé économique.

En 1948, Marcel Pellenc, siègeant par ailleurs à la commission de la France d'outre-mer, commence son combat pour le maintien et la reconnaissance du rôle éminent de la Haute Assemblée qu'elle remplit dans la vie politique de notre pays. Ainsi, de 1948 à 1958, il livre sa première bataille pour obtenir que la deuxième assemblée du Parlement soit rétablie dans la plénitude de ses prérogatives et à cet effet, dépose, le 11 mai 1950, une proposition de résolution tendant à inviter le gouvernement à faire respecter les droits et prérogatives du Parlement en matière de contrôle des services publics et à réprimer les manquements aux égards dus aux parlementaires dans l'exécution des missions confiées par les Assemblées. Il écrit alors que si la réforme constitutionnelle vise le partage équitable du pouvoir législatif entre les deux Assemblées, la raison aussi bien que l'examen des faits conduisent à en reconnaître l'évidente nécessité.

Nommé en 1953 membre suppléant des commissions du suffrage universel et de la comptabilité, Marcel Pellenc siège à la commission chargée de suivre l'élaboration et la mise en oeuvre du second plan de modernisation et d'équipement, pour 2 ans, ainsi qu'à celle chargée de faire une enquête sur les conditions dans lesquelles ont été accordés des subventions et des prêts à une société industrielle en vue de l'exploitation d'une tourbière dans le département de la Manche, sur l'emploi qui a été fait de ces fonds ainsi que sur les incidents auxquels a donné lieu la mise en service des paquebots Flandre et Antilles et leurs conséquences financières. Délaissant cette commission en 1954, il est alors nommé à celle de coordination des affaires d'Indochine .

En 1955, il se présente sans succès au conseil général du Vaucluse dans le canton de Mormoiron. L'année suivante, Marcel Pellenc se met à sièger au Conseil supérieur de la recherche scientifique et du progrès technique.

Les 2 et 3 juin 1958, il vote en faveur des pleins pouvoirs et de la réforme constitutionnelle.

Ve République

PELLENC (Marcel)

Né le 18 mars 1897 à Marseille (Bouches-du-Rhône)

Décédé le 19 octobre 1972 à Paris

Sénateur de Vaucluse de 1948 à 1972

Marcel Pellenc ne figure qu'en seconde position sur la liste du Parti républicain, radical et radical- socialiste aux élections sénatoriales du 26 avril 1959 dans le Vaucluse. L'ancien président du Conseil Edouard Daladier, qui siège toujours à l'Assemblée départementale à cette date, conduit la liste radicale. Il a en effet perdu son mandat de député lors des élections législatives des 23 et 30 novembre 1958. C'est le sénateur sortant socialiste Jean Geoffroy qui, avec 277 voix sur 625, arrive en tête du premier tour, devant Marcel Pellenc (248 suffrages). Edouard Daladier n'est soutenu que par 173 grands électeurs. Lors du scrutin décisif, les deux sénateurs sortants sont réélus. Si Jean Geoffroy s'impose à la majorité absolue, les urnes livrent un résultat plus serré pour le second siège. Avec 247 voix, Marcel Pellenc ne devance que de peu le socialiste Henri Duffaut (231 suffrages) et Edouard Daladier (217 voix).

Le sénateur de Vaucluse retrouve au Sénat le groupe de la Gauche démocratique, auquel il reste fidèle jusqu'en 1972. Cette formation parlementaire, la plus nombreuse après celle des Républicains indépendants en 1959, passe de 56 membres à 36 seulement entre 1959 et 1971. Marcel Pellenc est élu membre du Sénat de la Communauté le 8 juillet 1959. Il appartient à la commission des finances sous la Ve République, au sein de laquelle, pendant douze années consécutives, ce travailleur infatigable assume la charge de rapporteur général du budget. La rigueur de ses analyses et son opposition déterminée au pouvoir gaulliste lui valent une audience importante dans l'opinion publique. Marcel Pellenc multiplie les interventions en séances publiques au Palais du Luxembourg - 17 entre juin et décembre 1960 par exemple - et définit peu à peu les bases d'une politique économique alternative au gaullisme. Inspecteur général des Postes et télécommunications, il a développé le goût des chiffres et des évaluations précises qui permettent de chasser les gaspillages. Sans se faire le champion d'une cure d'austérité administrée aux services de l'Etat, ce républicain exigeant se défie de la puissance publique lorsqu'elle prétend réguler tous les aspects de la vie en société. Il défend les « libertés » et en particulier celle de l'individu contre le « trop d'Etat ». En matière économique et financière, il condamne la présence « abusive » de l'Etat sur le marché financier dans les années 1960 et rend les gouvernements Debré, Pompidou et Couve de Murville responsables du détournement des ressources de l'épargne privée vers l'emprunt, au détriment de l'investissement dans les entreprises. Marcel Pellenc estime en outre que la France doit éviter les « dépenses de prestige » et, sans se résigner à un rôle de puissance moyenne, « jouer le jeu » de l'intégration européenne, qui seule peut lui permettre de se faire entendre dans le monde. Cet ensemble ne forme pas système, mais il offre une image fidèle des convictions qu'exprime le sénateur de Vaucluse lorsqu'il prend la parole devant ses collègues sénateurs sous la Ve République.

Le pessimisme des conclusions de Marcel Pellenc dans son rapport général sur le budget lui vaut le surnom de « Cassandre du Sénat » à partir de 1959. Partisan d'une inflation maîtrisée, il observe avec inquiétude que les budgets votés jusqu'à la fin des années 1960 augmentent plus vite que la hausse des prix. Préparées par des « technocrates » qui ont intérêt à la croissance des périmètres d'action de l'Etat, ces lois de finances conduisent le pays à la « banqueroute » et à la faillite : tel est le diagnostic que dresse le sénateur de Vaucluse lors de chaque discussion du budget, à l'automne, avec les nuances qu'appelle la conjoncture. Le plan de stabilisation mis en oeuvre à partir de 1963 par le ministre des finances Valéry Giscard d'Estaing ne recueille pas son assentiment. Homme de gauche pour qui le progrès social ne s'accompagne pas nécessairement du désordre des finances publiques, Marcel Pellenc condamne en effet des mesures de contrôle des prix qui font payer aux travailleurs modestes, aux agriculteurs et aux classes moyennes le prix de l'« impéritie » de l'exécutif. Le rapporteur général du budget préconise pour sa part de réduire « les dépenses stériles » ou « dépenses de prestige » qui grèvent le budget de la Nation. La force de frappe, les ambitions françaises en matière spatiale et les aides accordées dans le cadre de la Coopération avec les anciennes colonies d'Afrique noire lui paraissent relever de ce registre. Il reconnaît que la France ne peut être absente de la recherche atomique mais souhaite que celle-ci soit conduite au niveau européen, pour en répartir le coût. Membre du Sénat, il n'est pas concerné par la motion de censure contre le retrait de la France du commandement intégré de l'OTAN, que l'Assemblée nationale examine le 20 avril 1966. Mais il en approuve les termes, comme en témoignent ses prises de parole publiques et ses articles de presse. Marcel Pellenc ne conteste pas en outre l'opportunité d'aider les pays du tiers- monde et en particulier ceux de l'ancienne Communauté, sous réserve d'un meilleur contrôle de l'utilisation de ces financements et d'une européanisation progressive de la politique de Coopération.

Il observe à plusieurs reprises que le changement de régime ne s'est pas accompagné, après 1958, d'une meilleure gestion des finances publiques. Lors du débat sur le projet de loi portant règlement général des budgets de 1961, 1962 et 1963, Marcel Pellenc note ainsi « qu'au cours des dernières années de la IVe République [...] les déficits ont rarement été aussi importants », alors même que la France était alors engagée dans le conflit algérien. Il rappelle en outre à ses collègues que les affirmations de l'exécutif concernant le retour à l'orthodoxie financière et la suppression définitive des déficits budgétaires sont contredites par les rapports de la Cour des comptes (séances des 20 et 21 décembre 1966). Au printemps 1967, il publie de même un article dans La Dépêche du Midi pour dénoncer la décision du Gouvernement de demander les pleins pouvoirs en matière économique : le sénateur de Vaucluse y voit « une illustration et un aveu de l'impéritie ou de l'aveuglement » des dirigeants qui, depuis 1958, n'ont manifesté « bien souvent d'autre souci que d'assurer la stabilité des places qu'ils avaient conquises ». Il rappelle avec constance, lors des discussions des lois de finances, que « la politique d'indépendance nationale » initiée par le général de Gaulle a condamné les efforts qui auraient pu être conduits en matière de coordination des politiques économiques au sein de l'Europe des Six. Les entreprises françaises lui apparaissent mal armées pour la concurrence au sein du Marché commun : le plan de stabilisation de 1963 les auraient en effet freiné dans leur expansion, tandis que les mesures de détaxation des investissements prévues par la loi du 18 mai 1966 ne peuvent suffire selon lui à initier une relance durable. Marcel Pellenc écarte cependant la solution d'un repli protectionniste, qui déconsidérerait la France vis-à-vis de ses partenaires européens.

Il se pose de plus comme un défenseur de l'institution sénatoriale face aux critiques des gaullistes. Il s'indigne que depuis le référendum d'octobre 1962, le Gouvernement n'envoie souvent que des secrétaires d'Etat devant la Haute assemblée pour y défendre les projets de lois ou répondre aux questions orales avec débat. Ancien directeur de la Radiodiffusion nationale, le sénateur de Vaucluse voudrait éviter que l'audiovisuel apparaisse comme un instrument à la disposition du seul exécutif. C'est en ce sens qu'il prend la parole lors de la discussion du projet de loi portant statut de l'Office de radiodiffusion-télévison française (ORTF) le 12 juin

1964. Le 31 janvier 1966, il dépose une proposition de résolution tendant à compléter le règlement du Sénat pour lui permettre de faire mieux connaître ses positions. Marcel Pellenc propose d'ajouter à la « loi interne » de la Haute assemblée un article 73 bis permettant au président du Sénat de désigner un de ses collègues pour réagir à une communication ou à une déclaration du Gouvernement sur les ondes de la radio et de la télévision nationales.

Les votes de l'élu vauclusien traduisent son opposition au régime gaulliste. Il s'abstient lorsque le gouvernement Debré demande les pouvoirs spéciaux pour ramener l'ordre en Algérie au lendemain de la semaine des barricades (3 février 1960) et ne prend pas part aux scrutins sur la réforme des régimes matrimoniaux (11 mai 1965) ou la légalisation de la contraception médicamenteuse (5 décembre 1967).

Les élections sénatoriales du 22 septembre 1968 se déroulent dans un contexte particulier. Pendant les événements de mai 1968, le général de Gaulle a en effet annoncé son souhait de consulter les Français par référendum : le scrutin doit porter sur la régionalisation et la réforme du Sénat. Marcel Pellenc, qui a été réélu maire de Rustrel en 1965, mène campagne auprès des grands électeurs du Vaucluse au nom de la défense des libertés locales. Il fait liste commune avec le sortant socialiste Jean Geoffroy, implanté comme lui dans le canton d'Apt. Tous deux sont réélus au second tour.

Les mois qui séparent ce succès du référendum du 27 avril 1969 comptent parmi les plus intenses de la vie publique de Marcel Pellenc. Il lutte avec énergie contre le projet gouvernemental de régionalisation et de réforme du Sénat et se déplace dans de nombreuses communes de France pour expliquer les raisons de son « non ». Il refuse d'abord d'accorder un nouveau satisfecit à un pouvoir dont la politique économique a conduit la France à l'« effondrement », comme il l'explique lors de la séance publique du 21 novembre 1968 au Palais du Luxembourg. Quelques jours plus tard, à l'occasion du congrès du Parti radical, il compare la situation financière du pays à celle des « dernières années de la IVe République ». C'est la volonté de « sanctionner » la Chambre haute, qui a rejeté le budget pour 1969, qui inspire selon lui le Gouvernement et en particulier le ministre chargé du référendum, Jean-Marcel Jeanneney. Marcel Pellenc se livre de plus à une critique serrée de la régionalisation telle que l'imagine le texte soumis à référendum. Il souligne en effet que la construction des palais destinés à accueillir les Conseils régionaux ainsi que le coût du fonctionnement de ces assemblées risquent de se traduire par une hausse des impôts. Il reproche enfin au pouvoir gaulliste de soumettre au jugement populaire un « monstre législatif », dont « les neuf dixièmes au moins ?du corps électoral? sont absolument incapables d'apprécier à la fois le bien-fondé et les conséquences ». Le maire de Rustrel expose ces arguments devant le Sénat, lors du débat sur une communication du Gouvernement relative à la réforme de la région et du Sénat, le 18 décembre 1968, avant de les développer dans la presse et dans des réunions publiques lors des premiers mois de l'année 1969. Il participe même à l'émission télévisée « Cartes sur tables » consacrée à la réforme du Sénat le 4 décembre 1968. Si une majorité de Français rejette le projet gouvernemental au printemps 1969, le Vaucluse, dont Marcel Pellenc est l'élu, se distingue par les bons résultats qu'y obtient le « non ». Ce département s'était déjà opposé à l'élection du président de la République au suffrage universel direct le 28 octobre 1962 et avait placé François Mitterrand devant le général de Gaulle dès le premier tour de l'élection présidentielle de décembre 1965. Le 27 avril 1969, 49,2% des inscrits y optent pour le « non », contre 30,5% de « oui ». Au lendemain de la démission du général de Gaulle, des élections présidentielles sont organisées. Marcel Pellenc prend position entre les deux tours en faveur d'Alain Poher, président du Sénat et chef de l'Etat par intérim, qu'il considère comme le candidat du « changement ».

Le maire de Rustrel exprime sa déception lors de l'examen du budget pour 1970 et constate que le gouvernement de Jacques Chaban-Delmas poursuit la « politique de prestige » du général de Gaulle. Il en veut pour exemple le lancement d'un troisième sous-marin atomique ou la mise en construction de trois avions supersoniques « Concorde ». Observant que le « budget monstrueux de 1969 » augmente encore de 6,5% pour 1970, il déplore que ces crédits supplémentaires ne soient qu'insuffisamment destinés aux hôpitaux, à l'équipement des Universités ou à la recherche scientifique (séances des 25, 26, 27, 28 novembre puis des 3 et 6 décembre 1969). Au début des années 1970, Marcel Pellenc alerte ses concitoyens sur la hausse du chômage, la progression des prix et la croissance insuffisante de la production industrielle. Alors que les personnes âgées et les milieux modestes ont été, selon lui, les principales victimes de la dévaluation de 1969, il expose inlassablement les voies qui conduiraient à un développement économique plus harmonieux : réduction des dépenses de prestige, allégements fiscaux pour faciliter les investissements, chasse au gaspillage dans les administrations et les entreprises publiques, politique plus ambitieuse en faveur de la justice sociale et de la solidarité entre les générations. Il intervient en qualité de rapporteur ou de rapporteur pour avis dans la discussion de plusieurs projets de loi qui abordent les problèmes du logement à l'été 1971 et s'engage en faveur de l'indemnisation des rapatriés à la même époque.

Marcel Pellenc abandonne la charge de rapporteur général du budget lorsqu'il est porté à la tête de la commission des finances, le 6 octobre 1971. Il y succède au socialiste Alex Roubert, élu des Alpes-Maritimes. Le 27 novembre 1971, le sénateur de Vaucluse est nommé membre de la commission de surveillance de la Caisse des dépôts et consignations. Il vote contre le projet de loi portant création et organisation des régions, comme la quasi-totalité des sénateurs du groupe de la Gauche démocratique (29 juin 1972) et rejette le même jour le nouveau statut de l'ORTF.

Le président de la commission des finances du Sénat décède à l'automne 1972, des suites d'une longue maladie. La classe politique et la presse s'accordent alors pour reconnaître en Marcel Pellenc un des symboles de la Haute assemblée. Le président du Parti radical Jean-Jacques Servan-Schreiber salue la mémoire de celui qui « a introduit dans le radicalisme d'après-guerre la nouvelle pensée économique en même temps que l'intégrité morale » tandis que le président du Sénat Alain Poher rend hommage à un élu « inflexible », d'un grand « courage moral, intellectuel et civique ».

Une rue d'Avignon porte aujourd'hui le nom de l'ancien élu de Vaucluse.

Elu le 26 avril 1959
Réélu le 22 septembre 1968
Fin de mandat le 19 octobre 1972 (décédé)

Président de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation

Membre de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation
Membre du Groupe de la Gauche Démocratique

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaires
de Marcel PELLENC

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