
La commission des affaires sociales a choisi de lancer une mission d’information flash sur les dangers des opioïdes.
La mission, rapportée par Patricia Demas (Les Républicains), Anne-Sophie Romagny (Union centriste) et Anne Souyris (Groupe écologiste – solidarités et territoires), s’attache à caractériser les risques de santé publique liés à la prescription et à la consommation d’opioïdes en tant qu’analgésiques.
Pour ce faire, la mission interroge les pratiques et les cadres de prescription des médicaments à base d’opioïdes, caractérisés par un fort risque de dépendance, afin de prévenir les dérives associées à leur consommation et à leur délivrance. La mission s’intéresse également à la prise en charge thérapeutique des personnes ayant développé une addiction à un opioïde.
La mission se concentre spécifiquement sur les dimensions sanitaires de cette problématique, en excluant le volet pénal et notamment la lutte contre les trafics, qui relève de la compétence de la commission des lois.
Pourquoi ce contrôle ?
Les opioïdes, comme la morphine, le tramadol ou le fentanyl, sont des substances naturelles ou synthétiques qui agissent sur les récepteurs du système nerveux et sont utilisés en médecine pour soulager la douleur.
Pourvus de propriétés analgésiques puissantes, les opioïdes exposent toutefois leurs consommateurs à des risques de mésusage et d’addiction, ce qui appelle à une vigilance particulière dans les pratiques de prescription et de dispensation.
Le cas des États-Unis, où plus de 100 000 surdoses mortelles ont été recensées en 2021, est emblématique de la « crise des opioïdes » qui révèle un déficit de contrôle de l’usage de ces substances.
En France, la consommation abusive de ces médicaments constitue également un enjeu de santé publique majeur, compte tenu des situations de dépendance qu’ils occasionnent et des détournements dont ils font l’objet.
À partir d’un état des lieux du cadre juridique et des pratiques, la mission d’information s’attachera donc à proposer des recommandations afin d’éviter une contagion à la France de la situation américaine.
Quels constats et recommandations ?
Les enquêtes menées par le réseau d’addictovigilance montrent que France n’est pas épargnée par la montée des mésusages et des cas de dépendances liés aux antalgiques opioïdes. Elles témoignent d’un risque de banalisation de la prescription et de la consommation des médicaments opioïdes.
Malgré les garde-fous qu’offre le système de santé français, une vigilance accrue s’impose en raison de la progression des prescriptions d’opioïdes forts, de la sous-estimation des risques par les patients comme par les professionnels de santé, ainsi que de l’apparition de nouveaux opioïdes de synthèse.
Le rapport dresse un état des lieux de la situation française : il identifie les mésusages et les usages détournés observés, évalue la robustesse du système de santé français et sa capacité à éviter une crise d’ampleur.
Il formule vingt recommandations pour renforcer l’information et faciliter l’orientation des patients, mieux sensibiliser les professionnels de santé aux risques, et approfondir la politique de réduction des risques.
Liste des 20 recommandations