B. LES LIMITES AUX DÉLOCALISATIONS

Au-delà d'une comparaison simple - voire simpliste - des coûts de production respectifs, la décision de délocaliser une activité n'est en effet arrêtée par une entreprise qu'au regard d'autres nombreux critères, dont certains viennent contrebalancer sérieusement les avantages attendus d'une délocalisation. Il est à cet égard utile d'approfondir l'analyse de ces facteurs susceptibles de contrarier l'intérêt des délocalisations , notamment parce que leur lecture offre, a contrario , des raisons valables de penser que la France garde de très sérieux atouts en termes d'attractivité .

1. Des critères qui peuvent en contrarier l'intérêt

Deux catégories de facteurs réduisent nécessairement l'intérêt apparent d'un transfert d'entreprise à l'étranger et rendent indispensable une étude préalable de type coûts/avantages : des facteurs macroéconomiques, qui tiennent à l'environnement de l'entreprise, et des coûts microéconomiques, qui lui sont propres . Autant d'inconnues - ou d'inattendues - pesant sur les gains espérés de la délocalisation, mis au jour par le cabinet de conseil ATKearney qui accompagne les entreprises dans leurs choix de localisation à l'étranger. Cette constellation de risques est représentée ci-dessous par un schéma en forme d'étoile fourni par MM. Laurent Petizon et Olivier Delrieu lors de leur audition par le groupe de travail :

Source : ATKearney

a) L'environnement de l'entreprise

Au plan macroéconomique , la décision de délocaliser dans un pays à bas coûts peut être fragilisée par la prise en considération de facteurs structurels tels :

- l' instabilité politique et sociale du pays d'accueil , susceptible notamment de rendre très onéreux les moyens propres à assurer la sécurité physique de l'entité délocalisée, de même que la politique de l'Etat à l'égard des investissements étrangers qui, autant que possible, ne doit pas être fluctuante ;

- le fonctionnement des services publics , la fiabilité de l'administration (notamment son degré de corruption éventuelle), ainsi que l' étendue de la réglementation et son respect , en particulier en ce qui concerne le droit de la propriété intellectuelle permettant de protéger l'entreprise des risques de contrefaçon ;

- la qualité des réseaux de transport et de la logistique , absolument indispensable pour minimiser les coûts d'approvisionnement en énergie et sécuriser les flux d' inputs et d' outputs du processus productif ;

- la capacité de disposer d'un tissu de fournisseurs locaux présentant de réelles garanties de fiabilité en matière de délais de fourniture, de respect des contrats commerciaux, de qualité des prestations et biens produits, etc.

On relèvera que, globalement, tous ces facteurs confèrent un avantage comparatif essentiel aux pays membres de l'OCDE , avantage qui n'est pas prêt de disparaître à court terme.

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