L’hémicycle et son programme décoratif

Au centre de l’actuelle salle des Conférences se trouve, entre 1804 et 1852, la salle des Séances du Sénat conservateur, cœur politique et symbolique du palais. Chalgrin, avant le début des travaux, propose plusieurs plans d’agencement pour cette salle dont l’un sur le modèle de la chambre des Communes (voir infra).

L’architecte dote finalement la salle des Séances d’un hémicycle de style néoclassique. L’amphithéâtre de 24 mètres de diamètre se présente sous la forme de deux hémicycles se faisant face, l’un grand et l’autre petit. Dans le plus vaste, aux longues tables épurées et aux fauteuils très rapprochés, siègent les sénateurs, tandis que le petit est occupé par un monumental dais abritant le trône de l’Empereur.


Maintes représentations artistiques ainsi que de très nombreux dessins exécutés par CHALGRIN et son atelier permettent d’imaginer l’agencement de cette pièce aujourd’hui fusionnée avec ses deux voisines dans la salle des Conférences. Des documents comptables, à l’instar des lettres de soumission du mobilier par les frères JACOB à CHALGRIN et BARAGUEY, donnent en outre une idée précise de l’agencement exact de la salle des Séances au temps de NAPOLÉON.

 Figure 19 : Jean-François CHALGRIN, Projet non retenu d’une salle des Séances dans la longueur, avec les bancs face-à-face et les tribunes du public dans le prolongement. Archives du Sénat, Chalgrin 727. (JPG - 57 Ko)

Figure 19 : Jean-François CHALGRIN, Projet non retenu d’une salle des Séances dans la longueur, avec les bancs face-à-face et les tribunes du public dans le prolongement.
Archives du Sénat, Chalgrin 727.

Figure 20 : Lithographie de Charles MOTTE, dessin de DAVID, La salle des Séances du Sénat conservateur lors de la remise de la couronne d'Italie par les délégués italiens à Napoléon, en mars 1805,
Bibliothèque du Sénat, Gr-061.

La lithographie signée Charles MOTTE (supra), donne un précieux aperçu de la pièce. Le style antique s’y exprime dans toute son envergure, notamment par le grand nombre de colonnes corinthiennes (vingt-six, en marbre) qui encadrent la pièce semi-circulaire. L’hémicycle, bien plus petit que l’actuel, permet à cent vingt sénateurs de prendre place83 . La gravure laisse d’ailleurs à penser que les sénateurs devaient être assez serrés. On note en outre que la déclivité semble moins forte que dans l’hémicycle actuel.

La disposition de la salle des Séances en dit long sur la relation entre NAPOLÉON et l’institution sénatoriale. Les sénateurs, sur leurs simples fauteuils, siègent immédiatement de face ou quelque peu de biais en vis-à-vis de l’imposante impériale qui les surplombe de toute sa hauteur.


De part et d’autre de la « niche » impériale, plusieurs statues d’un registre encore une fois antique figurent des héros militaires, orateurs ou légistes dont la représentation est désormais familière au palais du Luxembourg. À droite : Aristide, par CARTELLIER, Léonidas, par LEMOT, Phocion, par DELAISTRE, Démosthène, par PAJOU, Camille, par BRIDAN ; à gauche : Cincinnatus, par CHAUDET, Périclès, par MASSON, Scipion l’Africain, par RAMEY, Caton d’Utique, par CLODION et Lycurgue (fondateur du Sénat de Sparte), par FOUCOU. À l’opposé de ces illustres personnages, veillent Solon, par ROLAND et Cicéron, par HOUDON à l’arrière de la salle84 . Les statues de Scipion et Caton se trouvent aujourd’hui à l’entrée de la Buvette des Parlementaires, au 1er étage du palais.


Il ne faut pas moins de cinq sculpteurs pour décorer la partie supérieure de la salle des Séances. La voûte magistrale, dessinée par CHALGRIN, est exécutée par le peintre Jérôme Martin LANGLOIS85  (1779-1838), élève de DAVID. Elle reprend les allégories de toutes sortes qui symbolisent les vertus et caractéristiques d’un bon gouvernement. Les 300 rosaces et 300 médaillons ainsi que la corniche sont, eux, signés Jean Antoine TALAMONA tandis que la frise de 75 mètres de pourtour, ornée d’enfants, a pour auteur MOSSMANN86 . Le cul-de-four du petit hémicycle formé de 78 rosaces en plâtre est l’œuvre de Pierre-Joseph BOICHARD (1783-1850), auteur de la voûte de l’escalier d’honneur.

Figure 21 : Jean-François CHALGRIN, Plafond de l’hémicycle de la Salle des Séances du Sénat conservateur, dessin ; exécuté par le peintre Jérôme Martin LANGLOIS (1779-1838), Archives du Sénat, Chalgrin 108. (JPG - 1.60 Mo)

Figure 21 : Jean-François CHALGRIN, Plafond de l’hémicycle de la Salle des Séances du Sénat conservateur, dessin ;
exécuté par le peintre Jérôme Martin LANGLOIS (1779-1838),
Archives du Sénat, Chalgrin 108.

Figure 22 : Détail, Chalgrin 108. (JPG - 85 Ko)

Figure 22 : Détail, Chalgrin 108.

Figure 23 : Jean-François CHALGRIN, Projet pour la salle des Séances, 1803. La réalisation des trois bureaux des Consuls sera abandonnée après la proclamation de l’Empire le 2 décembre 1804, remplacés par le trône et le dais impériaux. Archives du Sénat, Chalgrin 096. (JPG - 97 Ko)

Figure 23 : Jean-François CHALGRIN, Projet pour la salle des Séances,  1803.
La réalisation des trois bureaux des Consuls sera abandonnée après la proclamation de l’Empire le 2 décembre 1804, remplacés par le trône et le dais impériaux.
Archives du Sénat, Chalgrin 096.

Comme l’illustre le dessin de CHALGRIN (supra), le haut du petit hémicycle était flanqué, de part et d’autre, de deux bas-reliefs de dimensions magistrales signés Charles MEYNIER (1768-1832). L’artiste, qui les exécuta en quatre mois et demi, en donne la description suivante :
[À gauche] « Hercule, symbole de la Vertu héroïque, après avoir vaincu les ennemis d’un gouvernement juste, se repose sur sa massue et tourne son regard et son bras protecteur des Vertus vers le tribunal sur lequel siègent la Justice, la Prudence, la Sagesse et le Secret ; à ses pieds est la Vengeance terrassée à son aspect, la Discorde, la Jalousie, l’Hypocrisie, l’Ignorance et le Fanatisme fuient épouvantés ; près du héros est un autel à la Valeur et aux Vertus. »
[À droite] « La France, assise sur les trophées, fruits de ses victoires, accueille la divinité qui préside à la paix ; elle lui présente l’olivier ; près de la France est le génie tutélaire qui veille sur la prospérité ; il tient en ses mains des armes et les drapeaux qu’il est prêt à déployer pour repousser les ennemis. L’Abondance et le Commerce se tiennent par la main et se présentent à elle pour recevoir les bienfaits qu’elle leur procure, tandis que les Sciences, les Lettres et les Arts s’occupent en silence des divers ouvrages qui ont pour but, le bonheur et le Gloire du gouvernement qui les protège87 . »

 Le trône de Napoléon et son dais


Quatre trônes ont été construits pour NAPOLÉON. Ils étaient respectivement placés à Fontainebleau (puis à Saint-Cloud), aux Tuileries, au Corps législatif et au Sénat conservateur.

Dessiné par CHALGRIN dans la même veine antique qui l’a inspiré pour l’intérieur du palais, le siège – et futur trône – est exécuté en 1804 par deux ébénistes de renom, Georges JACOB et son fils François-Honoré-Georges JACOB-DESMALTER. Loin d’être une commande spéciale pour la personne de BONAPARTE, le fauteuil de celui qui n’est encore que le Premier Consul accompagne l’achat de deux sièges pour les deuxième et troisième consuls, d’un autre pour le vice-président et des cent-vingt fauteuils destinés aux sénateurs88 . Pour réduire les coûts, CHALGRIN et BARAGUEY privilégient le bois d’acajou par rapport au bronze doré. Le prix du siège passe ainsi de 9 000 à 4 000 francs, alors que les sièges des deux co-consuls coûtent chacun 2 200 francs. Le trône de NAPOLÉON ne représente donc, financièrement parlant, qu’une portion raisonnable du coût total du mobilier de l’hémicycle.


Presque achevé au moment de la proclamation de l’Empire, le 2 décembre 1804, le fauteuil du Premier Consul est livré en même temps que l’ensemble du mobilier de l’hémicycle, en juillet 180589 . Dorénavant trône impérial, (l’Empire a été proclamé le 18 mai 1804 par sénatus-consulte) il se compose « de deux chimères à tête de femmes aux ailes développées jusqu’à la hauteur du dossier. Sa partie supérieure est décorée d’une branche d’olivier, en bronze ciselé et doré. Il est recouvert d’un velours de soie cramoisi dont l’éclat est rehaussé » par des broderies d’or sur lesquelles figure l’abeille, emblème personnel de NAPOLÉON90 .


Trône oblige, le siège est accompagné d’un dais de forme circulaire, élevé dans le plus petit des deux hémicycles, rehaussé de quelques marches par rapport au grand. Le dais est soutenu par six cariatides de plus de deux mètres de hauteur en plâtre doré, drapées à l’antique, tenant des couronnes de chêne, de laurier et d’olivier91 . Exécutées par les sculpteurs Claude RAMEY, François-Joseph DURET et MOSSMANN, elles sont posées sur des piédestaux en marbre bleu turquin92 . Il n’est désormais plus question de faire des économies puisque le projet de soumission des marbres des piédestaux comporte l’annotation suivante de CHALGRIN, pourtant précédemment fort économe : « [Ce marbre] sera de la plus belle qualité et du plus beau choix93  ». Les cariatides – colonnades présentant la forme de femmes antiques – dorées par STURLER, supportent un entablement en bois très richement décoré94 . « Sur le devant de l’impériale et pour son couronnement se trouvent les armes de l’Empire accompagnées à droite et à gauche d’une corne d’abondance95  [ces dernières sont finalement remplacées par des allégories de femmes ailées]. »

Figure 24 : Jean-François CHALGRIN, l'Impériale abritant le trône de Napoléon, servant à RAMEY, DURET et MOSSMANN pour son exécution, Archives du Sénat, Chalgrin 112. (JPG - 168 Ko)

Figure 24 : Jean-François CHALGRIN, l'Impériale abritant le trône de Napoléon,
servant à RAMEY, DURET et MOSSMANN pour son exécution,
Archives du Sénat, Chalgrin 112.

Les sénateurs et la tribune


Dans le grand hémicycle, le mobilier de chaque sénateur est plus simple que celui du petit, quoique de très bonne facture96 . Chacun des cent-vingt fauteuils de sénateur, en acajou massif, de forme carrée au dossier rond et débillardé97 , est doté entre les pieds d’un panneau découpé pour glisser le chapeau98 . Les bureaux des sénateurs sont constitués de tables également en acajou massif dotées d’un tiroir devant chaque emplacement.


Après la Restauration, « le dais fut déposé, le trône transporté dans l’ancien salon de l’Empereur rebaptisé salon du Roi (actuelle salle des Conférences) et présenté dans une niche carrée composée de deux colonnes de marbre vert antique. Le velours semé d’abeilles fit place à un velours brodé de fleurs de lys99 . »


Selon la configuration des premières salles de l’Assemblée nationale sous la Révolution, la tribune de l’orateur, en bois d’acajou, signée des JACOB père et fils, se situe à l’arrière de l’hémicycle. Ainsi, l’orateur s’exprime dans le dos des sénateurs mais face au président de séance qui peut être, quand il assiste aux délibérations, l’Empereur lui-même. À partir de 1806, derrière la tribune est exposée la plaque d’Elchingen, aujourd’hui dans les salons de Boffrand (voir illustrations ci-dessous).

Figure 25 : Jean-François CHALGRIN, Vue plus large de l'arrière de l'hémicycle et de la tribune ; Identification des voussures allégoriques. À gauche (à l'ouest), Valeur et Force. Au centre (au nord) Sagesse, Tolérance, Modération. À droite (à l'est) Prudence et Vérité, Archives du Sénat, Chalgrin 093. (JPG - 102 Ko)

Figure 25 : Jean-François CHALGRIN, Vue plus large de l'arrière de l'hémicycle et de la tribune ;
Identification des voussures allégoriques. À gauche (à l'ouest), Valeur et Force.
Au centre (au nord) Sagesse, Tolérance, Modération. À droite (à l'est) Prudence et Vérité,
Archives du Sénat, Chalgrin 093.

 Figure 26 : Jean-François CHALGRIN, de l'arrière de la salle des Séances, détail ; Y figure la plaque d'Elchingen accompagnant les quarante drapeaux pris par Napoléon durant la campagne d’Allemagne. Devant, la tribune de l’orateur ; Archives du Sénat, Chalgrin 100. (JPG - 38 Ko)

Figure 26 : Jean-François CHALGRIN, de l'arrière de la salle des Séances, détail ;
Y figure la plaque d'Elchingen accompagnant les quarante drapeaux pris par Napoléon durant la campagne d’Allemagne. Devant, la tribune de l’orateur ;
Archives  du Sénat, Chalgrin 100.

Figure 27 : Jean-François CHALGRIN, vue en coupe de la salle des Séances du Sénat conservateur montrant la déclivité de l’hémicycle, Archives du Sénat, Chalgrin 107. (JPG - 86 Ko)

Figure 27 : Jean-François CHALGRIN, vue en coupe de la salle des Séances du Sénat conservateur montrant la déclivité de l’hémicycle,
Archives du Sénat, Chalgrin 107.

L’hémicycle de CHALGRIN est inversé par rapport à celui de GISORS. Les sénateurs tournent désormais le dos au jardin alors que sous Napoléon Ier, ils lui faisaient face.

La remise des drapeaux pris à l’ennemi : plaque et commémoration

La peinture de Nicolas-François REGNAULT100  (infra) présentant la remise des drapeaux d’Elchingen pris par NAPOLÉON durant la campagne d’Allemagne de l’automne 1805 est importante à plus d’un titre. Elle figure la lecture de l’adresse solennelle de NAPOLÉON, immédiatement gravée sur la fameuse table de marbre, exposée aujourd’hui dans le salon Napoléon, au premier étage de l’hôtel Boffrand.

 Figure 28 : Jean-Baptiste REGNAULT (1754-1829), Le Sénat français reçoit les drapeaux pris dans la campagne d'Autriche, 1er janvier 1806, huile sur toile, 390 x 559 cm, 1811, Photo © RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Daniel Arnaudet. (JPG - 164 Ko)


Figure 28 : Jean-Baptiste REGNAULT (1754-1829), Le Sénat français reçoit les drapeaux pris dans la campagne d'Autriche, 1er janvier 1806, huile sur toile, 390 x 559 cm, 1811,
Photo © RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Daniel Arnaudet.

Vainqueur des Autrichiens en octobre 1805 (bataille d’Elchingen et reddition d’Ulm), NAPOLÉON fait expédier au Sénat quarante drapeaux ennemis accompagnés d’une adresse solennelle101 . En l’absence de l’Empereur, qui pourchasse l’armée autrichienne, le Tribunat est chargé de remettre aux sénateurs les trophées et de lire les paroles de NAPOLÉON. La cérémonie a lieu le 1er janvier 1806, quelques semaines après une nouvelle victoire de l’Empereur qui écrase à Austerlitz les armées austro-russes réunies102 .

La remise des drapeaux est accompagnée d’une adresse solennelle de NAPOLÉON, immédiatement gravée sur une vaste table de marbre exposée dans l’hémicycle de CHALGRIN, (voir supra), derrière la tribune de l’orateur. Elle se trouve aujourd’hui dans le salon Napoléon, au 1er étage du restaurant du Sénat.

La peinture de REGNAULT illustre l’apparat du Sénat lors des événements d’importance. Les sénateurs sont reconnaissables à leur cape à revers doré tandis que les membres du Tribunat ont une étole blanche. Peinte en 1811, la toile représente le décor mais aussi les dimensions finalement assez restreintes de l’hémicycle de CHALGRIN.

Sur le côté droit du tableau, on reconnaît les deux statues qui se trouvent de nos jours dans l’antichambre  de la buvette des parlementaires. À droite, Caton d’Utique, par CLODION, commandée en 1804 pour 3500 francs103 . Il tient d’une main un livre qui peut être une loi, en référence à son amour de la République et du Mos Majorum104 , et de l’autre un glaive qui peut tout autant symboliser sa lutte acharnée contre César que l’arme avec laquelle il se donne la mort après la défaite de Thapsus face aux Césariens. À gauche Scipion l’Africain par Claude RAMEY, vers 1803105 . SCIPION, vainqueur d’HANNIBAL à Zama, tient d’une main un plan de bataille tout en méditant sur la ruine de Carthage que figure la pierre à son pied.

Cette peinture constitue une énigme. Le peintre a représenté en hauteur une tribune d’où des spectateurs assistent à la scène. Un doute subsiste néanmoins quant à son existence bien qu’Arthur HUSTIN affirme l’existence de plusieurs tribunes, qui sont du reste signalées par l’abbé CANCELLIERI dans sa description de la salle des Séances en 1804 (voir infra). D’une part, aucun plan de CHALGRIN ne mentionne ou ne figure ces tribunes, et pour cause, la Constitution de l’an VIII portait que les délibérations des sénateurs se feraient à huis clos. La gravure de Charles MOTTE, qui a certes un point de vue inverse, ne représente pas davantage de tribune. Enfin, selon GISORS, c’est sous la Restauration que « la publicité des séances nécessita l’établissement de tribunes provisoires106  ».

Les drapeaux de la salle des Séances de 1806 sont enlevés en 1840. Transférés à Saint-Louis des Invalides pour le retour des cendres, ils y sont restés depuis lors.

La plaque d’Elchingen

SENATEURS
JE VOUS ENVOIE QUARANTE DRAPEAUX CONQUIS PAR MON ARMÉE  DANS LES DIFFÉRENTS COMBATS QUI ONT EU LIEU DEPUIS CELUI DE WERTINGEN. C’EST UN HOMMAGE QUE MOI ET MON ARMÉE FAISONS AUX SAGES DE L’EMPIRE. C’EST UN PRÉSENT QUE DES ENFANTS FONT À LEURS PÈRES SÉNATEURS. VOYEZ-Y UNE PREUVE DE MA SATISFACTION POUR LA MANIÈRE DONT VOUS M’AVEZ CONSTAMMENT SECONDÉ DANS LES AFFAIRES LES PLUS IMPORTANTES DE L’EMPIRE, ET VOUS, FRANÇAIS, FAITES MARCHER VOS FRÈRES, FAITES QU’ILS ACCOURENT COMBATTRE À NOS CÔTÉS, AFIN QUE, SANS EFFUSION DE SANG, SANS EFFORTS, NOUS PUISSIONS REPOUSSER LOIN DE NOUS TOUTES LES ARMÉES QUE FORME L’OR DE L’ANGLETERRE, ET CONFONDRE LES AUXILIAIRES DE L’OPPRESSEUR DES MERS. SÉNATEURS, IL N’Y A PAS ENCORE UN MOIS QUE JE VOUS AI DIT QUE VOTRE EMPEREUR ET SON ARMÉE FEROIENT LEUR DEVOIR ; IL ME TARDE DE POUVOIR DIRE QUE MON PEUPLE A FAIT LE SIEN. DEPUIS MON ENTRÉE EN CAMPAGNE J’AI DISPERSÉ UNE ARMÉE DE CENT MILLE HOMMES ; J’EN AI FAIT PRÈS DE LA MOITIÉ PRISONNIÈRE, LE RESTE EST TUÉ, BLESSÉ, OU DÉSERTÉ, ET DANS LA PLUS GRANDE CONSTERNATION. CES SUCCÈS ÉCLATANTS, JE LES DOIS À L’AMOUR DE MES SOLDATS, À LEUR CONSTANCE À SUPPORTER LES FATIGUES. JE N’AI PAS PERDU QUINZE CENTS HOMMES TUÉS OU BLESSÉS. SÉNATEURS, LE PREMIER OBJET DE LA GUERRE EST DÉJÀ REMPLI : L’ÉLECTEUR DE BAVIÈRE EST RÉTABLI SUR SON TRÔNE, LES INJUSTES AGRESSEURS ONT ÉTÉ FRAPPÉS COMME DE LA FOUDRE, ET AVEC L’AIDE DE DIEU, J’ESPÈRE, DANS UN COURT ESPACE DE TEMPS, TRIOMPHER DE MES AUTRES ENNEMIS


DE MON CAMP IMPÉRIAL D’ELCHINGEN. LE XXVI VENDEMIAIRE AN XIV.
NAPOLÉON

LES QUARANTE DRAPEAUX DONNÉS PAR L’EMPEREUR ET ROI ET QUATORZE AUTRES QUE S[A] M[AJESTÉ] I[MPÉRIALE] ET R[OYALE] A BIEN VOULU Y AJOUTER ONT ÉTÉ APPORTÉS AU SÉNAT PAR LE TRIBUNAT EN CORPS ET DÉPOSÉS DANS CETTE SALLE LE MERCREDI 1 JANVIER MDCCCVI.

Chalgrin, restaurer et adapter

Gisors, moderniser et agrandir