3. Des interprétations renouvelées
Une mesure plus précise, ou du moins plus lucide, des échanges extérieurs doit en permettre une interprétation plus pertinente.
a) L'exemple de la mondialisation des services
Dans un document de travail, précité, du CEPII intitulé « mondialisation des services : de la mesure à l'analyse» , Isabelle Bensidoun et Deniz Ünal-Kesenci se sont efforcées de dégager, malgré l'imperfection des instruments de mesure disponibles, les grandes tendances de l'évolution récente des échanges internationaux de services.
Elles ont utilisé pour cela les statistiques de balance de paiements, les FATS et la base de données CHELEM du CEPII et se sont focalisées sur quatre grands pays de l'OCDE : les Etats-Unis, la France, l'Allemagne et le Japon.
Ceux-ci utilisent l'implantation de filiales (mode 3 des échanges de services), plutôt que les exportations, comme principal moyen de pénétration des marchés étrangers .
Aussi les ventes de leurs filiales à l'étranger (ventes de services proprement dits ou, majoritairement, distribution de biens industriels dans le cas de l'Allemagne et du Japon) représentent-elles la majeure partie de leurs échanges de services , ce qui témoigne de la très forte « déterritorialisation » des entreprises de ces pays.
S'agissant, par ailleurs, de la nature des échanges de services stricto sensu (mesurés par les balances des paiements) de ces pays, on note une progression très rapide en leur sein de la part des « autres services » , au détriment de celle des transports et des voyages, particulièrement en ce qui concerne les redevances , les services financiers et l' informatique . (cf. graphiques).
LE COMMERCE INTERNATIONAL STRICTO SENSU DE SERVICES* Structure des échanges de services (%)
* Moyenne des exportations et des importations mondiales. Source : CEPII, base CHELEM-BAL
** Moyenne des exportations et des importations mondiales. Source : CEPII, base CHELEM-BAL. |
« Ces nouveaux domaines , concluent les auteurs de l'étude, restent encore l'apanage (à l'exception de l'Inde) des pays du Nord, pour lesquels ils compensent en partie l'érosion de leur compétitivité sur les marchés de produits manufacturés »
L'Union Européenne et les Etats-Unis réalisent, en effet, respectivement 47 % et 15 % des exportations mondiales de services.
Les différents pays concernés présentent les points forts suivants :
• « redevances et droits de
licence » pour les Etats-Unis
101
(
*
)
;
• tourisme (voyages) pour la France ;
• assurances et services financiers pour la
Grande-Bretagne ;
• informatique pour l'Irlande.
Aller plus loin dans l'analyse (notamment de ceux qui résultent de l'implantation de filiales à l'étranger) des échanges de services nécessiterait, selon l'étude, de remédier aux insuffisances statistiques actuelles.
« Les modes d'enregistrement, différents selon les pays, limitent en effet considérablement - est-il souligné - les enseignements que l'on peut tirer » 102 ( * ) . Il faudrait que « les données soient plus comparables » et qu'il soit possible de réaliser une extension de leurs champs géographiques.
* 101 Les échanges intragroupe américains sont particulièrement développés dans ce secteur et dans celui de la recherche et développement.
* 102 La nomenclature américaine, par exemple, ne correspond pas à celle des FATS européennes.
Les activités immobilières des filiales étrangères ne sont pas couvertes au Japon, ni l'intermédiation monétaire aux Etats-Unis et en Allemagne.
La répartition par secteur des ventes des filiales de holdings français n'est pas connue et, pour les autres sociétés, il n'est tenu compte que de l'activité de la société mère.