b) Une nouvelle lecture de la contribution du commerce extérieur à la croissance ?

Dans un document paru en décembre 2006 103 ( * ) , la DGTPE (Direction générale du trésor et de la politique économique) a proposé de calculer les contributions à la croissance de l'extérieur et de la demande intérieure en défalquant leur contenu en importations respectif.

Une telle méthode aurait, par exemple, donné des résultats nettement différents de ceux obtenus avec le calcul usuel pour l'année 2004 (où la croissance de commerce mondial a été forte).

Ainsi, les contributions à la croissance de 1,9 % du PIB auraient été :


• de + 0,8 % seulement, au lieu de + 1,3 % en ce qui concerne la consommation des ménages ;


• de + 0,3 % au lieu de - 0,6 %, pour le commerce extérieur ;


• de + 0,4 % au lieu de + 0,6 % pour l'investissement.

Cette méthode permet, selon la DGPTE, de calculer à partir des données de la comptabilité nationale, des contributions à la croissance plus fidèles à la réalité économique.

Il semble intéressant de répartir ainsi l'impact des importations sur la croissance entre les différentes composantes de la demande finale plutôt que de ne l'imputer, globalement, qu'au commerce extérieur.

En effet, pour évaluer la contribution réelle à la croissance des exportations et des deux composantes les plus importantes de la demande intérieure (consommation des ménages et investissement), il faut prendre en compte leur contenu en importations.

La contribution de la demande intérieure se trouvant réduite dans cette approche, celle de l'extérieur (exportations nettes) est augmentée en conséquence.

Toutefois, le calcul du contenu en importations des postes de la demande (d'abord par produit puis par emploi final et contributions) n'est pas simple et nécessite des hypothèses qui doivent être validées 104 ( * ) .

c) Une mesure du commerce international basée sur les flux de valeur ajoutée.

Les statistiques actuelles du commerce extérieur ne rendent pas compte, de façon satisfaisante, des conséquences de l'éclatement géographique, lié à la mondialisation, du processus de production des biens.

Aussi l'OFCE a-t-il tenté récemment de définir une méthode susceptible de mesurer le commerce international en valeur ajoutée de façon à ce que les caractéristiques de la division internationale du travail soient prises en considération 105 ( * ) .

Actuellement, une poêlée de légumes surgelés vendue hors de nos frontières est considérée comme une exportation française même si les ingrédients utilisés sont tous d'origine étrangère (haricots verts du Sénégal, choux fleurs de Pologne...) ; le rôle de la firme française s'étant limité à la conception, au marketing et à l'emballage du produit...

Il s'agit, pour l'OFCE, de mesurer le contenu en consommations intermédiaires importées des exportations d'un pays pour apprécier la valeur ajoutée produite localement dans la valeur finale des biens échangés.

Il devient ainsi possible d'affecter à chaque pays et à chaque branche concernée, la part de valeur ajoutée qui a été réellement la leur dans l'élaboration d'un produit.

Dans le cas de la France, une telle approche, sans que le solde global de notre commerce extérieur s'en trouve modifié , permettrait d' analyser de manière plus pertinente :


• nos relations bilatérales avec nos différents partenaires ;


• la contribution de chaque branche à nos résultats ;


• et, finalement, la compétitivité de nos entreprises et l'efficience de leur participation à la mondialisation de l'économie.

Les travaux réalisés par l'OFCE, à partir de données de 2001, montrent qu'une analyse des échanges de la France à partir des flux de valeur ajoutée aurait donné, à l'époque, des résultats différents de ceux obtenus par l'approche traditionnelle, avec notamment :


• un excédent réduit pour l'industrie mais augmenté pour les services aux entreprises et la branche « commerce, transport et communications » ;


• des liens plus étroits que ceux que laissent présager les chiffres en mesure apparente avec les Etats-Unis et l'Asie (dont les produits sont souvent largement incorporés dans nos importations en provenance de pays tiers) ;


• un moindre déficit avec l'Allemagne.

Ces écarts sont dus à la prise en compte, dans la mesure en valeur ajoutée 106 ( * ) , à chaque stade de la production des biens et services échangés, des consommations intermédiaires qui représentent environ un quart du commerce mondial 107 ( * ) .

Mais les promoteurs de cette nouvelle approche reconnaissent n'avoir, pour l'instant, que « simplement posé les bases d'une nouvelle méthode d'analyse du commerce extérieur » qui reste à développer 108 ( * ) .

* 103 Op.cit. lettre Trésor Eco. N°6, décembre 2006.

* 104 Notamment sur la part importée de chaque emploi d'un produit donné et sur l'origine des consommations intermédiaires utilisées qui ne sont pas indiquées par le TES (tableau entrées-sorties).

* 105 Le commerce extérieur en valeur ajoutée (op cit), revue de l'OFCE 98- juillet 2006.

* 106 Le calcul du commerce international en valeur ajoutée requiert l'utilisation de tableaux entrées et sorties et plus particulièrement de matrices de consommations intermédiaires.

* 107 Le commerce de consommation intermédiaire (23 % du commerce international en 2001 et 24 % des échanges de la France) correspond à ce qu'on appelle le commerce « vertical ».

* 108 Ils ont utilisé les bases de données du projet GTAP (Global trade analysis project), auquel participe, depuis 1993, l'université de Purdue, aux Etats-Unis, ainsi que de nombreux organismes internationaux et centres de recherches (OCDE, CEPII...).

Ils souhaitent un affinement sectoriel et géographique des informations recueillies, une amélioration des estimations existantes des balances en emplois du commerce international ainsi qu'un suivi de l'évaluation du commerce vertical que l'absence de séries chronologiques, concernant les tableaux entrées-sorties rend actuellement délicat.

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