b) La pauvreté subjective
La pauvreté subjective se définit comme la difficulté à équilibrer son budget quelles que soient les causes de cette situation.
Cette approche est qualifiée de subjective pour deux raisons :
- d'une part parce qu'elle repose sur la perception par les individus eux-mêmes de leurs difficultés à « boucler les fins de mois » ;
- d'autre part parce que ces difficultés peuvent résulter du choix implicite de dépenser plus qu'on ne gagne, sans que les niveaux de revenu ou de consommation de l'individu soient ici considérés.
Cette dimension de la pauvreté n'est toutefois bien évidemment que partiellement subjective .
Une étude parue en 2005 28 ( * ) étudie le recoupement entre pauvreté monétaire, pauvreté en conditions de vie et pauvreté subjective. Dans cette étude, un ménage est jugé pauvre dans l'acception subjective du concept s'il cumule trois difficultés budgétaires parmi six difficultés prédéfinies concernant :
- l'insuffisance de revenu (un revenu ne permettant de vivre que « difficilement ») ;
- la nécessité de s'endetter ;
- et des retards de paiement (loyer, factures, impôts...)
Le taux de pauvreté subjective des ménages, ainsi calculé, est de 12,4 % en 2001.
La même étude montre, ici encore, que les différentes formes de pauvreté ne se cumulent pas systématiquement : près du quart des ménages présente au moins un symptôme de pauvreté (monétaire, de conditions de vie ou subjective), un sur soixante-dix cumule les trois dimensions 29 ( * ) .
Ce recoupement entre plusieurs approches de la pauvreté souligne l'intérêt de plusieurs éclairages , puisque ceux-ci ne se recouvrent que partiellement.
Étant donné les lacunes des dispositifs de mesure, ce tableau n'est toutefois pas complet . Il est nécessaire d'y joindre les informations fournies par des enquêtes spécifiques menées auprès des populations les plus démunies, s'agissant notamment de la situation des sans-domicile, demeurée longtemps mal connue.
* 28 « Pauvreté relative et conditions de vie en France », Madior Fall et Daniel Verger in Economie et Statistiques n°383, 384, 385 (2005).
* 29 Dans cette étude, fondée sur les données du panel européen des ménages (supprimé depuis la création du dispositif SILC cf. supra), la pauvreté monétaire est définie par rapport au seuil de 50 % de la médiane des niveaux de vie. La pauvreté en conditions de vie est définie comme le cumul se sept indices de mauvaises conditions de vie. Les seuils sont définis pour que les populations des trois sous-ensembles de ménages pauvres soit à peu près égales.