B. LA MESURE DE LA PAUVRETÉ
L'indicateur d' incidence de la pauvreté (le taux de pauvreté monétaire) doit être complété par des données concernant son intensité et sa persistance .
1. La pauvreté monétaire
Le ralentissement du mouvement de baisse des inégalités sur la période récente se traduit par une stagnation de la pauvreté relative. L'évolution est plus favorable si l'on considère l'indicateur semi-absolu de pauvreté « ancré dans le temps » . Cet indicateur est toutefois critiquable .
a) Le seuil de pauvreté
Le seuil de pauvreté à 60 % de la médiane des niveaux de vie a été adopté par souci d'harmonisation avec nos partenaires européens , à la suite du Conseil européen de Laeken (décembre 2001) qui a approuvé une série d'indicateurs de pauvreté et d'exclusion sociale (cf infra ). Ce seuil remplace celui de 50 % auparavant utilisé par l'INSEE.
Le choix de la médiane, de préférence à la moyenne, exprime le fait qu'être pauvre, c'est avant tout être à l'écart du mode de vie courant, puisque le niveau de vie médian est celui au-dessous duquel se situent 50 % des individus. La médiane est préférée à la moyenne pour deux raisons :
- d'une part, elle n'est pas tirée artificiellement vers le haut par les niveaux de vie très élevés d'un très petit nombre d'individus ;
- d'autre part, elle n'est pas affectée par l'incertitude qui entoure la mesure des valeurs extrêmes.
Le seuil de pauvreté à 60 % de la médiane est de 817 euros en France en 2005. Ceci signifie qu'un individu est pauvre si son niveau de vie est inférieur à 817 euros mensuels, ce qui correspond, en termes de revenu disponible par ménage, à :
•
817 euros
par mois
pour
une personne seule
(UC = 1) ;
•
1.226 euros
par mois
pour
un couple
(UC = 1,5) ;
•
1.471 euros
par mois
pour
un couple avec un enfant
de moins de 14 ans (UC = 1,8).
Il faut ajouter ensuite au revenu disponible du ménage 245 euros par enfant de moins de 14 ans et 409 euros par personne de plus de 14 ans, pour déterminer si les individus qui composent le ménage sont ou non en situation de pauvreté.
Le seuil à 50 % de la médiane (égal à 681 euros en 2005), qui était anciennement le seuil de référence au niveau national, est encore utilisé, tant par l'INSEE que par l'Observatoire national de la pauvreté 9 ( * ) (ONPES), ainsi qu'au plan international, notamment dans le cadre de travaux de l'OCDE.
L'évolution du niveau des seuils à 60 % et à 50 % dépend de l'évolution des niveaux de vie médians. L'approche dite « ancrée dans le temps » fait au contraire varier les seuils uniquement en fonction de l'inflation (cf. infra ). Dans le premier cas, la pauvreté est appréciée de façon plus dynamique que dans le second cas, où le seuil est mobile en fonction de l'inflation mais fixe au regard d'éventuelles modifications de la répartition des revenus.
Seuils de pauvreté (en euros)
2002 rétropolée* |
2003 |
2004 |
2005 |
||
En euros constants 2005 |
Seuil à 60 % |
805 |
805 |
803 |
817 |
Seuil à 50 % |
671 |
671 |
669 |
681 |
|
En euros courants |
Seuil à 60 % |
758 |
774 |
788 |
817 |
Seuil à 50 % |
632 |
645 |
657 |
681 |
|
* L'ERF 2002 rétropolée correspond au début d'une nouvelle série de statistiques sur les revenus, s'appuyant sur les résultats annuels du recensement de la population. Cette nouvelle série prend par ailleurs en compte les revenus soumis à prélèvements libératoires. Champ : individus des ménages dont le revenu déclaré au fisc est positif ou nul et dont la personne de référence n'est pas étudiante. Source : enquêtes revenus fiscaux, Insee-DGI |
* 9 L'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale (ONPES) a été créé par la loi d'orientation du 29 juillet 1998 relative à la lutte contre l'exclusion. Il a pour vocation de rassembler, d'analyser et de diffuser les données relatives à la pauvreté, et de faire réaliser des travaux d'étude en lien étroit avec le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale (CNLE).