"J'ai toujours ri joyeusement des noms de tyrans dont on m'affublait, comme aussi des bouts de corne dont on ornait mon front et de la queue robuste qu'on vissait à mon derrière"

Émile Combes, Mémoires. Mon ministère, 1902-1905, Paris, Plon, 1956.

La figure d’Émile Combes fait l’objet d’une médiatisation qui constitue une nouveauté en ce début du 20e siècle. Le progrès des techniques photographiques permet désormais de saisir les scènes d’extérieur et les personnages mobiles, et donc les apparitions publiques du président du Conseil ou du sénateur-maire de Pons. Les clichés connaissent par la suite une large diffusion, notamment par le biais des cartes postales, parfois colorisées. La presse elle-même commence à reproduire des photographies, ou à s’en servir comme source pour des illustrations associant souvent de manière indissociable dessin et photographie par le biais de techniques comme la simili-gravure.

L’évolution des techniques de reproduction photographique et la durée remarquable du ministère font d’Émile Combes une figure connue et reconnue par la population, plus qu’aucun autre dirigeant politique avant lui. Favorable ou souvent hostile, la caricature a aussi eu un rôle dans la diffusion de son image.

Mémoires

Figure clivante jusqu'à la Première Guerre mondiale, Émile Combes devient alors un temps l'un des symboles du dépassement des dissensions internes et de l'Union sacrée. Son décès peu de temps après la fin du conflit marque cependant le retour à une forte polarisation.

D'après" Monument au Président Émile Combes», 1926, Archives départementales de la Charente-Maritime 200 J 41 (JPG - 3.99 Mo)

D'après "Monument au Président  Émile Combes", 1926,
  Archives départementales  de la Charente-Maritime  200 J 41.

À gauche, au sein du camp laïque, son image  est positive et  son intransigeance est citée en exemple. Parmi les radicaux, son nom rappelle un temps d'union, d'omnipotence, une sorte d'âge d'or. Ce sont les mêmes éléments qui nourrissent sa mémoire au sein du camp adverse, où son souvenir est très négatif. Ces clivages transparaissent notamment dans l'odonymie : une centaine  de communes  de  gauche, souvent  rurales,  baptisent  l'une  de leurs artères du nom de l'ancien président du Conseil. La revanche de la droite (extrême) intervient sous le régime de Vichy. Il revient sur nombre de ces désignations, généralement reprises après la Libération.

Les rues Émile Combes en France à l’heure actuelle. (JPG - 4.21 Mo)

Les rues Émile Combes en France à l’heure actuelle.

Messages de condoléances,
Archives municipales de Pons.

«Pons-Inauguration du monument Émile Combes - Vue générale", carte postale, 1928, fonds Philippe Hélis. (JPG - 3.19 Mo)

"Pons-Inauguration du monument Émile Combes -
Vue générale"
carte postale, 1928, fonds  Philippe Hélis.

Pons (Ch.- lnf.)- Rue Émile Combes, carte postale, [ 1925-1933 ]. fonds Lefébure (JPG - 25 Mo)

Pons (Ch.- lnf.)- Rue Émile Combes, carte postale,  
1925-1933, fonds Lefébure.

Jusqu'à nos jours, Émile Combes reste ainsi une figure controversée au plan national même s'il est souvent présenté à tort comme le père de la loi de 1905. Dans sa Charente-Inférieure puis Maritime et dans sa commune de Pons, c'est une image plus consensuelle de grand républicain défenseur de la France des terroirs qui domine.

Exposition Émile Combes cent ans après.

Ressources complémentaires