II. L'IMPACT DE L'ALENA

A. QUELQUES DONNÉES CHIFFRÉES

Entre 1993 et la fin de l'année 1995, le commerce entre le Canada et les États-Unis a augmenté de près de 100 milliards de dollars. Nos exportations vers les États-Unis ont progressé de 22 % la première année et de 14 % la deuxième. Aujourd'hui, un milliard de dollars canadiens de biens et de services franchissent chaque jour la frontière de 6 500 kilomètres séparant les États-Unis et le Canada. Je rappelle que le Canada et les États-Unis sont l'un pour l'autre le premier partenaire commercial et le premier investisseur.

L'impact de l'ALENA a également été important sur notre commerce avec le Mexique, malgré les difficultés qu'a connues le Mexique lors de la seconde année d'application des accords. Nos exportations vers le Mexique ont augmenté de 5 % et celles du Mexique vers le Canada de 18 %. Aujourd'hui, ce commerce atteint 6,5 milliards de dollars.

Depuis l'entrée en vigueur de l'ALENA, les investissements étrangers au Canada ont augmenté (de 10 % en 1995). Les mêmes proportions se retrouvent entre le Canada et les États-Unis. En 1994, première année d'application de l'ALENA, les investissements du Canada au Mexique ont doublé.

B. VERS UN ÉLARGISSEMENT DE L'ALENA

L'accord de l'ALENA n'est pas une fin en soi. II est appelé à évoluer dans le temps et dans l'espace. Nous n'avons pas voulu créer un instrument statique de politique commerciale. Au contraire, nous avons établi, par les dispositions mêmes de l'accord, plus d'une trentaine de groupes de travail dans des secteurs aussi différents que les douanes, les normes techniques, les subventions dans le domaine agricole ou les marchés publics.

Tous ces groupes de travail ont un rôle à jouer dans la mise en oeuvre de l'accord et son évolution. Ainsi, dans le domaine des obstacles non tarifaires au commerce, que je connais bien pour l'avoir moi même négocié durant deux ans, nous avons créé un comité sur les mesures normatives encourageant non seulement les gouvernements des trois pays mais également les organismes privés à évoluer pour éliminer toute barrière que ces normes pourraient créer au commerce. Ce groupe est également appelé à résoudre les difficultés pouvant survenir entre les pays ou entre les sociétés dans la mise en oeuvre de l'accord. Il ne s'agit que d'une partie du travail de ce groupe. Il existe une trentaine de groupes de ce type. Le travail se poursuivra donc durant plusieurs années.

L'accord évolue également dans l'espace. Son élargissement à d'autres pays est prévu. Le Canada a été extrêmement favorable à l'inclusion de ces dispositions. Nous avons d'ailleurs été prompts à négocier un accord de libre-échange avec le Chili. Cette négociation est pratiquement achevée. Il suffira de l'étendre aux autres partenaires de l'ALENA pour faire du Chili le quatrième membre de l'accord de libre-échange nord-américain.

La motivation du Canada pour l'élargissement de l'ALENA est la même que celle qui nous a incité à libéraliser le commerce international depuis des années. L'ALENA ne vise pas à construire un mur de protection autour de nos trois pays. Nos politiques commerciales extérieures respectives ne sont pas concernées. Nous continuons à gérer indépendamment nos relations commerciales avec les pays tiers. Au contraire, l'ALENA souhaite servir d'exemple. Il a d'ailleurs déjà tenu ce rôle durant sa négociation. En effet, à l'époque, les tractations en vue de conclure l'Uruguay round s'enlisaient. L'ALENA a alors montré qu'il était possible, avec une certaine dose de bonne volonté, de négocier des ententes dans ce domaine.

Nous espérons que l'ALENA continuera de soutenir le processus multilatéral de libéralisation du commerce et des échanges, que ce soit sur une base totalement multilatérale ou dans le cadre d'autres arrangements au sein de l'Amérique latine, dans celui des pays de l'APEC, également très actifs, ou encore entre les deux grands continents que sont l'Amérique et l'Europe. Le dialogue transatlantique doit se poursuivre et s'étendre bien au-delà de missions d'hommes d'affaires et s'attaquer au démantèlement des dernières barrières commerciales existant encore entre l'Europe et les Amériques.

Notre participation à l'ALENA n'a pas augmenté notre dépendance vis-à-vis des États-Unis. Nous avons maintenu notre proportion de commerce avec l'Europe, à hauteur d'environ 10 %. Nous ne négligeons pas nos partenaires européens, dont la France. Au cours de la dernière année, nos échanges commerciaux avec la France ont atteint 20 milliards de francs, un sommet inégalé. En 1995, la France est devenue le quatrième investisseur au Canada. L'ALENA n'est pas étranger à ce phénomène.

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