II- La Macédoine mène un combat difficile pour une pleine reconnaissance internationale

1. La Macédoine mène un combat difficile

La première rédaction de la constitution macédonienne affirmait dans son article 49 que " la Macédoine veille à la situation et aux droits des membres du peuple macédonien dans les États voisins ". La commission d'arbitrage rassemblant les présidents des Cours constitutionnelles, dite "commission Badinter", a vérifié la conformité de l'État macédonien à différents critères permettant de le ranger dans les pays "démocratiques". Cette commission a demandé la modification des articles 3 et 49, ce qui a été fait le 6 janvier 1992 par le Parlement. Le nouvel alinéa 4 de l'article 3 précise expressément que " la République de Macédoine n `a pas de prétentions territoriales à l'égard des pays voisins". Une modification des frontières ne pourrait avoir lieu que sous réserve de modification de la Constitution et " selon le principe de la bonne volonté et conformément aux normes internationales universellement reconnues ".

La Grèce face à la Macédoine

14 février 1992 - 700 000 personnes manifestent à Salonique contre la reconnaissance de la Macédoine.

10 décembre 1992 - manifestations contre l'attitude de la Grèce à Skopje et protestations contre la reconnaissance de la Macédoine à Athènes (un million de personnes)

15 octobre 1993 - rupture par la Grèce de tout dialogue avec la Macédoine

16 février 1994 - fermeture par la Grèce de toute la frontière.

La résistance de la Grèce, qui reproche à son voisin du Nord son nom et son drapeau (le symbole de Verginia, que l'on aurait trouvé près du tombeau du roi Philippe, père d'Alexandre le Grand), a beaucoup gêné la République de Macédoine dans sa quête d' une reconnaissance internationale. En même temps, à chaque fois qu'elle a tenté d'isoler encore plus la jeune République, les puissances occidentales ont fait un effort significatif : reconnaissance par six pays de l'Union européenne, à la suite de la rupture du dialogue; reconnaissance par les États-Unis, malgré la présence d'un très fort lobby grec, à la suite de la fermeture de la frontière et du port de Salonique.

Reconnaissance de la République de Macédoine

28 juin 1992 - le sommet des Douze à Lisbonne se déclare prêt à reconnaître le nouvel État " sous une dénomination qui ne comporte pas le nom de Macédoine ". Á la suite de cet échec, le Gouvernement de M. KLUJSEV est renversé par 97 voix contre 2 et 7 abstentions.

8 avril 1993 - La Macédoine est admise à l'ONU sous le nom d'"ex-république yougoslave de Macédoine" (FYROM former Yougoslav Republic of Macedonia). Le drapeau dont la Grèce demande l'abandon n'est pas hissé devant les Nations Unies, admission comme observateur à la CSCE.

rejet à quelques voix près d'une motion de censure déposée par le VMRO pour protester contre les concessions du Gouvernement relatives au nom de la République.

13 mai 1993 - La FYROM devient invité spécial auprès de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe.

30 octobre 1993 - 45 États ont reconnu la Macédoine sous son nom « onusien » ou sous le nom de « République de Macédoine ».

27 décembre 1993 - Six pays de l'Union européenne, moins la Grèce reconnaissent la FYROM. Le reste des Douze (moins la Grèce) suit quelque temps après.

17 février 1994 - les États-Unis reconnaissent la FYROM, mais sans ouvrir d'ambassade.

Cette brusque fièvre nationaliste a eu de fortes conséquences sur la vie politique grecque. L'admission de la FYROM à l'ONU a coûté le pouvoir au Premier ministre grec, M. Konstantin MITSOTAKIS. Le départ de son successeur potentiel, M. Antonis SAMARAS, a provoqué des élections anticipées, remportées très largement en octobre 1993 par le PASOK de M. PAPANDREOU.

Le déploiement à titre préventif de casques bleus en Macédoine - une première dans l'histoire de l'ONU - décidé en décembre 1992 n'est pas lié au conflit avec la Grèce, mais à la peur que les conflits inter-ethniques n'embrasent la jeune République. Les soldats Scandinaves puis américains dépêchés sur place, se sont déployés au nord de Skopje et surveillent la frontière avec la République fédérale de Yougoslavie.

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