B. SOUTENIR UN RÉSEAU CULTUREL FRANÇAIS DENSE

Le réseau culturel et de coopération linguistique français au Nigeria est particulièrement dense : on y recense douze alliances françaises , un centre culturel à Abuja, un service de coopération et d'action culturelle à l'ambassade à Abuja et disposant d'une antenne au consulat général de Lagos, des centres d'apprentissage du français et de documentation sur la France à Jos, Enugu, Ibadan et Lagos, et un Village français à Badagry.

La culture nigériane, particulièrement riche et dynamique, exerce une influence bien au-delà de ses frontières nationales, en irriguant de ses arts et de son cinéma prolifiques non seulement les pays africains anglophones de la région, mais également ses voisins francophones. La délégation a ainsi pu constater la créativité exceptionnelle déployée par les artistes nigérians exposés dans des galeries d'art aussi bien à Lagos qu'à Abuja : les sénateurs ont relevé la volonté manifestée par ces artistes d'exporter leurs oeuvres , en tâchant de participer à des festivals internationaux sur tous les continents. Le réseau culturel français a donc tout intérêt à promouvoir l'apprentissage du français et aider au sous-titrage voire au doublage des films nigérians en français afin de favoriser les contacts culturels du Nigeria avec le reste de l'Afrique de l'Ouest , à majorité francophone.

Toutefois, les crédits consacrés à l'action culturelle de la France à l'étranger font l'objet d'une baisse continue, qui s'est accentuée en 2009 et devrait se poursuivre en 2010 et 2011, aux termes de la loi de programmation triennale pour la période 2009-2011. La coopération culturelle et linguistique avec le Nigeria, inclus dans la zone de solidarité prioritaire, relève du programme 209 « Solidarité à l'égard des pays en développement » , au sein de la mission « Aide publique au développement ». Or, la baisse des crédits consacrés aux projets de coopération culturelle relevant du programme 209 serait de l'ordre de - 19 % en 2009 (hors aide multilatérale). Compte tenu de l'importance des coûts fixes du réseau, en particulier des dépenses de personnels ou de loyers, cette diminution devrait être principalement répercutée sur les crédits d'intervention et de programmation culturelle .

Le réseau d'enseignement français à l'étranger comprend un lycée français à Lagos, une école française à Abuja ainsi qu'une école au Village Total à Port Harcourt. La mission laïque française est aussi présente avec une école d'entreprise Prodeco Orleaninvest à Port Harcourt, couvrant le niveau primaire.

Le développement du réseau scolaire français au Nigeria est indispensable pour accompagner le renforcement de la coopération franco-nigériane dans le domaine économique, en permettant l'accueil des enfants de personnels expatriés, mais aussi dans le domaine culturel, en diffusant la langue et la culture françaises auprès d'élèves d'une trentaine de nationalités différentes. Aussi, la délégation souhaite-t-elle souligner la nécessité d'encourager et d'accompagner le développement et l' expansion des établissements d'enseignement français à Abuja, Port Harcourt et Lagos :

- l' école Marcel Pagnol d'Abuja, construite il y a onze ans, connaît un développement considérable qui a conduit à construire un nouvel établissement sur une parcelle de deux hectares attribuée à l'ambassade de France par les autorités nigérianes dans le cadre d'un bail emphytéotique de 99 ans, sous réserve qu'y soit construite une école et que l'ambassade s'acquitte des taxes foncières annuelles, d'un montant d'environ 2 000 euros. Néanmoins, quand bien même le terrain a été cédé gratuitement à l'État français, le devenir de l'école est, à l'heure actuelle, menacé par l'éventualité d'une perception par le ministère français des affaires étrangères d'une « redevance » au titre de l'occupation d'un terrain considéré comme étant propriété de l'État au regard des exigences budgétaires posées par la loi organique relative aux lois de finances du 1 er août 2001. La délégation souhaite donc rappeler que l'assujettissement de cette école au paiement du redevance menacerait non seulement l'existence même de l'établissement scolaire, dès lors que son financement, extrêmement lourd, a impliqué le recours à des prêts remboursables sur quinze ans, mais serait aussi de nature à susciter une polémique au Nigeria dans la mesure où la presse et la classe politique locales ne comprendraient pas que l'État français puisse tirer un bénéfice de l'occupation d'un terrain qui lui a été cédé à titre gratuit aux dépens de l'association à but non lucratif gérant l'école d'Abuja ;

- l'entreprise Total, dont les activités d'exploration et de production sont concentrées à Port Harcourt, a construit une école pouvant accueillir des élèves jusqu'au niveau du brevet des collèges, afin de permettre la scolarisation des enfants de ses personnels au sein du Village Total. Or, cette école n'a toujours pu être ouverte en raison des problèmes de sécurité dans la région du delta du Niger. Le niveau de sécurité ayant toutefois été renforcé, selon les déclarations du gouverneur de l'État de Rivers, M. Rotimi Amaechi, les familles françaises, qui se voient obligées de s'installer à Lagos, réclament désormais l'ouverture de cet établissement neuf. Cette ouverture irait dans le sens d'une présence renforcée des entreprises françaises et de leur capacité d'ingénierie à Port Harcourt, que le gouverneur appelait précisément de ses voeux ;

- le lycée français de Lagos connaît également un développement exceptionnel, mais l'expansion de ses capacités d'accueil est compromise. Le lycée compte 395 élèves en primaire (dont 40 % de non francophones) et 189 dans le secondaire, pour un taux de réussite de 100 % au brevet des collèges et de 95 % au baccalauréat (un seul échec). Toutefois, l'établissement est aujourd'hui confronté à une érosion forte à l'entrée dans le secondaire . En effet, les perspectives des familles nigérianes en matière d'éducation sont sensiblement influencées par la tradition scolaire anglo-saxonne qui accorde une place significative à la qualité de l'environnement scolaire et aux activités extra-scolaires. Or, le manque d'installations, notamment sportives, du lycée de Lagos dissuadent un certain nombre de familles nigérianes d'inscrire leurs enfants dans le secondaire. Le lycée français de Lagos disposait d'un budget de quatre millions d'euros en 2009 et n'est pas en mesure, pour l'heure, de financer les projets d'extension qui s'imposent pour maintenir son attractivité, le prix de l'hectare à Lagos étant compris entre 10 et 20 millions de dollars américains.

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