Echanges

De la salle

Comment les sociétés russes et l'État russe s'intéressent-ils à la France, en termes de coopération décentralisée ?

De la salle

Pouvez-vous nous informer sur les réductions d'impôts qui sont accordées aux investisseurs dans les zones économiques spéciales (ZES) ?

De la salle

Nous avons besoin d'installer une plate-forme de pièces détachées pour notre entreprise de fourniture d'équipement pour l'industrie laitière, qui collabore activement avec la région de Kalouga. L'oblast pourrait-il nous aider à installer cette nouvelle infrastructure ?

Anatoli ARTAMONOV

De fait, la Russie est devenue plus attractive et il est désormais facile d'attirer les investisseurs étrangers sur notre sol. Nous n'excluons pas, toutefois, d'investir à notre tour à l'extérieur de nos frontières.

Les avantages fiscaux donnés aux investisseurs de notre région, qui a le statut de ZES, sont nombreux. Nos services peuvent vous en donner le détail, en fonction de vos projets.

S'agissant de la plate-forme pour les pièces détachées que vous souhaitez mettre en place, je signalerai simplement que la société Gefco est d'ores et déjà en train de créer un centre logistique important dans notre région.

Victor NETCHAIEV

Toutes les informations relatives aux facilités fiscales dans l'Oblast d'Irkoutsk sont disponibles sur notre site internet. J'ajoute que nous aimerions que les touristes arrivent en masse dans notre région qui est magnifique. Nous sommes par ailleurs intimement convaincus que la construction d'un centre de données, récemment initiée sur notre sol, sera très vite rentable.

Anatoli ARTAMONOV

Il y a beaucoup de sociétés qui n'ont pas seulement des entrepôts chez nous mais qui ont même organisé leur production sur place. Je vous invite à vous renseigner directement auprès d'elles, si vous souhaitez en faire de même.

Etat des relations entre la France et la Russie

Jean de GLINASTY

Ambassadeur de France en Russie

Un séminaire intergouvernemental s'est tenu à Moscou, le 18 novembre dernier, au cours duquel nous avons tiré le bilan de deux ans et demi de coopération franco-russe. A l'automne 2009 s'était tenu un séminaire du même type à Rambouillet, au cours duquel une impulsion politique avait été donnée pour rendre aux relations franco-russes la place qui devait être la leur. La visite du Président Medvedev à Paris et du Président Sarkozy à Moscou ont ensuite fourni un cadre politique à cette coopération.

Le bilan que nous avons tiré a fait apparaître des résultats impressionnants, dans tous les domaines. Sur un plan économique, il n'y a plus un seul secteur qui échappe à la coopération franco-russe, et qui plus est avec des résultats toujours significatifs.

Alors que Renault détient d'ores et déjà 25 % du capital d'Avtovaz, sa participation devrait croître encore dans les prochains mois, d'autant que la Logan a été la première voiture du marché russe en 2010. La coopération est également de mise dans les domaines ferroviaire ou aéronautique. Auchan est le premier employeur étranger de Russie, avec une cinquantaine de magasins. Leroy-Merlin est également très présent, ainsi que l'industrie pharmaceutique, via Sanofi, ou l'agro-alimentaire, via Danone (et le russe Unimilk, avec lequel Danone a récemment fusionné). La France est parvenue à maintenir en Russie sa place de premier exportateur de vins. L'électronique est également un secteur très dynamique. La multiplication des hôtels Accor démontre enfin le dynamisme du secteur du tourisme.

Le lancement de Soyouz à Kourou, en Guyane, est un programme commercial qui s'étendra sur plusieurs années.

Dans un tel contexte, la France est le 5 ème investisseur en stock en Russie et occupe également une place significative en flux.

S'agissant des perspectives que nous avons abordées le 18 novembre dernier, à l'occasion de notre séminaire intergouvernemental, elles touchent notamment aux domaines spatial et nucléaire (qui représentent d'ores et déjà un milliard de dollars d'échanges entre la France et la Russie). La promotion du Grand Moscou a par ailleurs pu se faire grâce à un dialogue privilégié noué avec notre pays, et nous comptons bien continuer à jouer un rôle important en la matière, tout en contribuant à l'organisation des grands événements sportifs de ces prochaines années.

L'année croisée France-Russie de 2010 a été un grand succès puisqu'elle a renforcé la connaissance mutuelle de nos deux cultures. L'année 2012 sera l'année croisée de la langue et de la littérature russes. Elle sera ouverte solennellement à Moscou en janvier prochain et contribuera à nourrir le flux ininterrompu d'échanges culturels entre nos deux pays.

800 000 Russes apprennent le français à l'heure actuelle et nous souhaitons ouvrir encore de nombreuses antennes de l'Alliance française dans ce grand pays.

Le domaine politique est en revanche plus sensible et les résultats y sont un peu plus mitigés. Nous partageons, avec la Russie, un nombre considérable de points communs qui sont des éléments essentiels du formatage des sociétés contemporaines. J'en veux pour preuve l'action que nous menons, au sein du Conseil conjoint pour les Questions de Sécurité (CCQS), en matière de lutte contre la drogue, le terrorisme ou l'islamisme extrémiste.

L'approche du Printemps arabe par nos deux pays est un peu différente car ils n'analysent pas ces événements de la même manière : la Russie met avant tout l'accent sur la stabilité régionale de cette zone, tandis que la France salue l'éveil des peuples de ces pays à la démocratie. La Russie estime que la France a notamment joué un rôle immodéré en intervenant en Libye par voie aérienne.

Le sommet entre l'Union européenne et la Russie qui se tiendra prochainement traitera de la question des visas et de la modernisation énergétique. Nous espérons conclure un accord sur la question des visas, même si celui-ci devrait être largement en deçà des objectifs que nous nous étions assignés initialement.

En conclusion, je voudrais mettre en exergue un certain nombre de points.

Nos pays sont l'un comme l'autre en période électorale, ce qui implique une moindre disponibilité de nos autorités politiques pour donner des impulsions au développement des affaires, des contrats et des projets. Nous avons ainsi une zone sensible à traverser jusqu'à la tenue des élections présidentielles et les entreprises devront se débrouiller un peu toutes seules, dans les semaines à venir. Néanmoins, compte tenu des bases solides déjà posées, j'ai le sentiment que nous pourrons continuer à développer nos relations jusqu'à la mise en place de nos nouveaux gouvernements.

S'agissant des récentes manifestations en Russie, visant à dénoncer les fraudes électorales qui ont entaché la tenue des élections législatives du début du mois de décembre, je soulignerai simplement qu'elles attestent de l'émergence d'une société civile russe, née des dix années de prospérité qu'a connues ce pays, et que nous nous devons d'accompagner.

Patrice GELARD

Lors de la tenue de l'année croisée en 2010, nous avions appelé de nos voeux la suppression des visas touristiques entre nos deux pays. Il serait temps d'y venir, d'autant que tous les ressortissants des Balkans, notamment, peuvent aujourd'hui se rendre dans notre pays sans visas, parce qu'ils font partie de l'Union européenne. Il semblerait logique que les Russes puissent en faire de même.