Colloque Sénat-UbiFrance sur les Balkans- 25 novembre 2004


Échanges avec la salle

Agnès GABORIT

Nous avons pris un important retard, mais je souhaite que vous puissiez vous exprimer.

Guy LECLERC, PriceWaterhouseCoopers

Pouvez-vous revenir sur les problèmes monétaires, notamment celui du risque de change ? Très souvent, les transactions financières sont faites par rapport au dollar. Y a-t-il un risque pour les investisseurs eu égard à l'euro ?

Par ailleurs, j'ai constaté qu'au Monténégro, la monnaie de référence est l'euro. Quelle en est la raison ? Pourquoi l'Union européenne accepte-t-elle cette situation ?

Philippe CRISTELLI

La Serbie et le Monténégro sont ensemble, pour des raisons politiques. Mais il n'existe pas de marché unique ou d'accord d'échanges entre les deux Etats. Chaque pays a une banque centrale et une monnaie propre.

Concernant les transactions financières, le commerce se fait très largement avec les pays de l'Union européenne ou avec les autres pays des Balkans. Il est donc largement libellé en euro. En revanche, une partie importante de la dette de ces pays est libellée en dollar. La dichotomie est donc importante, depuis quelque temps, compte tenu de l'affaiblissement du dollar par rapport à l'euro. Mais n'oublions pas un autre aspect important : les flux qui proviennent des émigrants sont souvent libellés en euro, de même que ceux des institutions financières internationales.

Jean-Louis COLLIGNON, Université Paris II

L'Europe est en train de régler ses problèmes internes. Que pourra-t-elle faire, demain, si elle continue à se diluer comme elle le fait - donc à disparaître, à terme, de la scène internationale ?

Agnès GABORIT

Votre question est très intéressante, mais j'ai le sentiment qu'elle déborde du cadre de nos rencontres d'aujourd'hui.

L'approche des marchés

Deuxième séquence

Financements internationaux dans les pays des Balkans occidentaux : enjeux et opportunités

Patrick MAGHIN,
Adjoint au Chef de bureau Pays émergents,

Direction générale du Trésor et de la Politique économique, Minefi

Pour nous, les financements internationaux et européens représentent surtout des enjeux et des opportunités, grâce aux appels d'offres qui sont émis et même si les pratiques locales posent encore parfois problème dans la région.

1. Rôle des financements internationaux dans les Balkans occidentaux

Initialement, les financements internationaux visaient à permettre la reconstruction des infrastructures de base. Progressivement, ils ont également visé à lutter contre la pauvreté. Depuis quelque temps, l'accent est mis sur l'aide institutionnelle et le développement du secteur privé.

2. Acteurs et modalités d'intervention

Il existe des structures de coordination des institutions financières, qui s'avèrent très efficaces, notamment dans le secteur des infrastructures.

L'encours FMI ressort à 1,2 milliard de dollars pour tous les pays de la zone. Celui de la Banque mondiale se chiffre à 6 milliards de dollars. Le recours au FMI répond à plusieurs objectifs : faire face aux besoins de financement de la balance des paiements, faciliter la croissance et la réduction de la pauvreté (en Albanie notamment), apporter une facilité élargie de crédit (en Serbie-et-Monténégro) et passer des accords de confirmation, à titre de précaution pour la Croatie.

La Banque Mondiale, elle, intervient par le biais de plusieurs canaux : les prêts de la BIRD, les prêts concessionnels AID (pour financer des infrastructures et permettre l'amélioration du climat d'investissement) ou encore l'intervention de la Société financière internationale (SFI) dans le secteur privé. Il est à noter qu'elle retient désormais les projets qui répondent aux objectifs du millénaire : réduire la pauvreté et favoriser le développement économique notamment.

L'encours de la BERD s'établit, à fin 2003, à 1,8 milliard de dollars - ce qui représente 12,6 % de ses encours totaux. La BERD finance le secteur privé et apporte un appui aux restructurations du secteur public. Elle participe aussi à des co-financements avec l'Union européenne. Ses actions sont plus particulièrement centrées sur la région sud-est de l'Europe.

La BEI a été et est toujours un acteur majeur de l'intervention financière dans le domaine des infrastructures. Mais ce rôle évolue progressivement. La Banque finance désormais également le secteur privé, la protection de l'environnement ou encore les infrastructures municipales. Elle sera notamment très active dans le secteur de la gestion de l'eau dans les Balkans. Enfin, elle participe au groupe de coordination des IFIS.

Les aides financières de l'Union européennes se font via trois canaux de distribution : EuropeAid, l'Agence européenne de reconstruction et les délégations de la Commission européenne dans les différents pays. Il existe en outre plusieurs types d'aides : les aides CARDS (4,6 milliards d'euros entre 2000 et 2006), les aides PHARE, les aides ISPA et, pour la Croatie, les aides SAPARD - sans oublier les aides macro financières. Ces dernières concourent à la stabilisation des pays. En 2004, l'aide CARDS a été revue à la hausse pour le Kosovo, grâce aux sommes macro financières qui restaient disponibles.

3. Quelques exemples d'actions concrètes

Permettez-moi de citer quelques exemples particulièrement révélateurs. Je pense notamment au programme de la Banque mondiale pour les infrastructures routières en Serbie, avec l'introduction d'appels d'offre concurrentiels pour l'entretien de routine. Je souhaite également citer la coordination entre la Commission européenne et la Banque mondiale.

4. Conclusion

En conclusion, j'insiste, les financements internationaux et européens représentent de véritables opportunités pour les opérateurs français - même s'il convient de ne pas négliger les difficultés. Le renforcement de la présence et de l'influence française dans les pays des Balkans occidentaux passe par une attention plus grande à ces opportunités. En règle générale, je vous invite à vous placer le plus en amont possible des processus de sélection des intervenants, dans le cadre des appels d'offres destinés aux entités privées ou publiques. Enfin, n'hésitez pas à traiter directement avec les interlocuteurs officiels.

Je tiens à votre disposition la liste de tous les contacts utiles.

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