Colloque Moyen-Orient



Actes ( * ) du colloque

Sénat-Ubifrance

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Jeudi 28 juin 2007

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MOYEN-ORIENT
Crise, enjeux et opportunités

Ouverture

Eric ELGHOZI
Directeur Général Délégué Ubifrance

Je vous remercie de votre présence parmi nous pour analyser les évolutions des marchés au Moyen-Orient, zone hétérogène, très dynamique et parmi les plus solvables du monde.

Avec 160 millions d'habitants, cette région dispose d'un PIB équivalent à celui de l'ensemble du continent africain et deux fois supérieur à celui du MERCOSUR. Elle réalise également 300 milliards de dollars d'importations.

L'hétérogénéité de cette zone se traduit économiquement par une variation de PIB allant de 13 milliards de dollars pour Bahreïn à 310 milliards de dollars pour l'Arabie Saoudite. De même, les productions de pétrole varient, selon les pays, de rien du tout à 11,5 millions de barils par jour.

Avec une dizaine de milliards d'exportations, la France tente de trouver sa place au sein de ces marchés. Elle doit néanmoins faire face à la concurrence très rude des Américains, des Japonais, des Allemands, des Chinois, etc.

Je tiens à remercier :

· les représentants des missions d'avoir accepté de venir nous expliquer la situation de la France dans ces pays ;

· Agnès Levallois, qui animera les débats ;

· Jean-Jacques Van Der Slikke, Co-président de la Commission Proche et Moyen-Orient du CNCCEF ;

· les sénatrices et les sénateurs.

Moyen-Orient : pivot géopolitique

Jean-Christophe VICTOR
Directeur du LEPAC, concepteur et auteur de l'émission « Le dessous des cartes »

Je vous présenterai le cadre géographique et humain de la région du Moyen-Orient autour de quelques grands thèmes :

· la spatialisation des hydrocarbures ;

· les populations ;

· les religions ;

· l'Irak implosé ;

· la carte des islams.

Mon propos sera donc plus politique qu'économique.

I. Cadre général

Le Moyen-Orient est une zone de climat semi-désertique, avec un niveau de stress hydrique assez fort, ce qui explique la concentration des populations autour du Nil, du Tigre et de l'Euphrate. Ce n'est pas un hasard en effet si de grandes civilisations ont été fondées près de ces fleuves.

Le Moyen-Orient se caractérise également par sa force d'attraction. La première raison en est la présence de plus de 60 % des réserves pétrolières mondiales.

Il s'agit par ailleurs d'une zone de conflictualité quasi-permanente, dont j'écarte néanmoins les pays du Golfe. Ce potentiel de conflictualité est dû tout d'abord à des facteurs historiques. Ainsi, la thèse de Mackinder, selon laquelle il s'agirait d'un « pivot géopolitique », s'est-elle réalisée. Les pays du Moyen-Orient ont également souffert d'une mauvaise assimilation du concept d'Etat-nation. Les évènements actuels en Irak sont à ce titre révélateurs. Si l'Irak est un Etat en effet, il n'a jamais été une nation, contrairement à l'Iran. D'autres chocs historiques sont à prendre en compte, comme la fin du califat en 1924 et la création de l'Etat hébreu en 1948. Enfin, l'immobilisme politique d'un certain nombre de régimes de la région a contribué à aggraver cette conflictualité.

De nombreux plans diplomatiques ont été élaborés pour tenter de résoudre les conflits au Moyen-Orient, du plan Mac-Mahon à l'absence totale de plan de la part de l'actuelle présidence américaine.

Les accords Sykes-Picot ont également pesé sur le découpage actuel de l'Irak, l'existence de pétrole à Kirkouk ayant déterminé le choix de la zone d'influence britannique, au détriment des Français, qui l'ignoraient.

Pour des raisons politiques, il m'a paru impossible de tenir la Turquie à l'écart de ce cadre géographique. Celle-ci joue en effet un rôle extrêmement important dans la zone comme passerelle vers l'Europe. Les Turcs font aussi l'objet d'une certaine animosité de la part des Arabes, non seulement pour des raisons historiques mais également à cause des accords qu'ils ont passés en 1996 avec Israël.

De même, nous devons prendre en compte Israël, qui constitue, selon le Centre d'analyse et de prévision, une « zone de billard ». Il est en effet impossible de dissocier les conséquences du conflit israélo-palestinien du reste des problèmes du monde arabe.


* Quelques interventions n'ont pas fait l'objet de compte rendu.