Comment améliorer l'environnement des affaires

Patrick de VALLOIS
Ex-délégué du groupe Rhône-Poulenc Roumanie
et ex-Directeur général de Rhodia Roumanie

Je suis très honoré de prendre la parole devant vous, après huit années passées en Roumanie. Nous nous sommes installés dans ce pays en adoptant une stratégie claire. Après 1989, nous voulions nous implanter très rapidement, d'où la création d'une structure en 1991. A moyen terme, nous avons créé une société commerciale. A long terme, le Groupe, correspondant au pôle chimie de l'ancien Rhône-Poulenc, entend sans doute pérenniser son investissement, notamment dans le domaine de la chimie de spécialité et les additifs pour l'agroalimentaire. Le moment venu, nous serons donc les partenaires idéaux.

Une volonté ferme

A défaut de répondre à la question posée, je vous ferai part de mon expérience. En 1989, nous faisions figure de pionniers, tant les entreprises françaises et étrangères implantées en Roumanie étaient rares. Mais nous n'avons jamais regretté notre pari. A aucun moment, nous n'avons eu à déplorer des pertes financières et nous avons très sensiblement augmenté notre part de marché. Tout indique donc que l'investissement industriel du Groupe portera ses fruits, comme dans les autres pays. Cela étant, en 1990, le pays était en pleine transition, les lois étaient inadaptées, les textes des plus confus, et les fonctionnaires nous faisaient part d'interprétations variables, si bien qu'il était nécessaire de recourir à de bons conseils fiscaux... En tout état de cause, si vous êtes sûrs de votre bon droit, ne cédez pas aux diktats.

L'organisation en groupements ou associations

Force est de constater que les progrès sont réels depuis cette période. Mais les textes subissent encore une grande instabilité. Les règles du jeu changeantes empêchent de finaliser des business plans adaptés. Dans ces conditions, cependant, tous les investisseurs, roumains ou non se sont trouvés dans la même situation. Des associations ont donc vu le jour, dont le Foreign Investor Council , ou FIC, présidé par Monsieur Taillardat. Un livre blanc avait été, à l'époque, rédigé. Actuellement, le dialogue avec les autorités roumaines est plus erratique. Pour autant, il n'est pas inexistant et le FIC vient de réactualiser son livre blanc.

Mon conseil aux investisseurs, présents et futurs, est de participer activement à la vie de ces associations pour leur donner un poids croissant vis-à-vis des autorités roumaines et de peser de façon diplomatique mais ferme sur l'environnement. Renforçons donc ces groupements d'investisseurs, pour faciliter le développement des affaires en Roumanie. Par ailleurs, les investisseurs doivent largement dialoguer avec les postes d'expansion économique, qui peuvent faire remonter, à qui de droit, les informations du terrain. Les pouvoirs publics, comme les organisations internationales d'ailleurs, apprécient les informations microéconomiques. Enfin, n'oublions pas les Chambres de Commerce, qui peuvent faciliter la vie de leurs adhérents.

Les sociétés, en outre, doivent faire preuve de solidarité entre elle. Rhône-Poulenc a, par exemple, développé une politique de portage pour aider certaines entreprises intéressées par le marché roumain. Nous avons ainsi réalisé un portage pour 25 sociétés, françaises ou étrangères. Nous avons toujours souhaité aider des entreprises plus petites et complémentaires à notre activité.

L'importance de la formation

Nous investissons considérablement dans la formation de notre personnel et nous engageons en priorité des personnels roumains issus de formations franco-roumaines, notamment des troisièmes cycles universitaires. Nous devons cet effort de formation à nos fournisseurs et à nos clients roumains. Plus nous formerons nos salariés, plus nous contribuons à créer de véritables partenariats, avec des clients de plus en plus francophiles.

Jamais la Roumanie n'a eu autant de chance ! Je suis donc très confiant dans l'évolution de ce pays et dans l'amélioration de l'atmosphère de travail. Les pouvoirs publics roumains devront écouter tandis que les sociétés devront faire les efforts nécessaires pour se faire entendre.