L'attrait des ressources humaines en Roumanie

Raphaël GARCIA
Président Directeur général, Eurocedres

Je travaille en Roumanie depuis neuf ans. Je me permets donc de confirmer ce qui a déjà été dit sur les couches intermédiaires -et la reproduction de solidarités traditionnelles- et sur l'économie parallèle. Les enquêtes de climat social, notamment dans les gros combinats métallurgiques, montrent que cette solidarité et cette économie parallèle sont actuellement prégnantes en Roumanie.

Pour ma part, je définirais trois types de salariés apparaissant sur le marché du travail :

· ceux des grandes entreprises d'Etat, souvent qualifiés mais peu modernes en termes de mentalité ;

· les salariés qui ont déjà travaillé dans les sociétés privées, et qui sont davantage soumis aux contraintes de l'intensité du travail et, par conséquent, plus rapidement adaptables ;

· les jeunes, qui recherchent un emploi.

Je parlerai également d'une quatrième catégorie, celle des chômeurs, qui pèse d'un poids de plus en plus important dans les régions roumaines, notamment les régions mono-industrie. L'investissement dans ces régions de reconversion peut donc être opportun. Notre expérience dans ce domaine, suite par exemple aux restructurations survenues en Lorraine, pourrait être utile.

Une main d'oeuvre peu chère

La moyenne des salaires évolue autour de 760 francs nets, soit un montant brut de 1 000 francs. Toutefois, les disparités sont nettes selon les branches. En tout état de cause, notamment lors des entretiens d'embauche, il importe d'adapter sa politique salariale, afin d'éviter toute inflation. Sachez également que pour un salaire net de 200 euros, le coût global pour l'employeur s'élève à 427 euros.

Une main d'oeuvre qualifiée

En Roumanie, le niveau de formation est important. Le pays compte ainsi une population importante d'ingénieurs. La formation secondaire concerne 49 % de la population, dont 16,7 % dans des domaines techniques. La formation supérieure, quant à elle, touche 7,8 % des Roumains. En dépit de ce niveau de formation, il est difficile de définir le management et l'encadrement au sein des entreprises. Le taux moyen de chômage avoisine les 11,6 %. Cependant, certaines zones atteignent un taux de chômage de 18 % ou 20 %. C'est notamment le cas dans la région d'Hunedoara, qui est une ancienne zone mono-industrie. On avance le chiffre officiel de 20 %, mais je pense que 40 % de chômeurs est une donnée sans doute plus proche de la réalité.

Une population jeune

Suite aux départs intervenus, après la révolution de 1989, les pyramides des âges sont souvent favorables dans les entreprises. Le personnel y est jeune et techniquement qualifié. Pourtant, la responsabilisation des équipes pose parfois problème. Il est notamment difficile d'expliciter l'idée d'initiative ou d'animation. La qualité doit dépasser le stade de la théorie et de la formation pour devenir une réalité concrète. Enfin, il convient de mieux lier rémunération et compétences, condition de l'implication de chacun dans sa tâche.

En définitive, les Ressources Humaines en Roumanie présentent un coût social attractif, une main d'oeuvre qualifiée, jeune et souhaitant évoluer vite. Ainsi, au sein de mon équipe de dix personnes, la moyenne d'âge est de 29 ans. Cela dit, les mentalités doivent encore se moderniser. Sinon, le risque est grand de « s'engluer » dans les entreprises.