Colloque Sénat-Ubifrance sur la Tunisie - 24 juin 2004


IV. Questions - Réponses

Monsieur TAMARZIST

La justice tunisienne repose sur le plus total arbitraire.

Jacques LANXADE

Je souhaite que vous posiez des questions concrètes et qui portent sur le domaine de l'économie et des investissements.

Monsieur TAMARZIST

Je vous demande ce que vous pensez de la justice en Tunisie. C'est une question très concrète.

Jean-François LIMANTOUR, Texas Consulting

J'ai cru comprendre que le gouvernement tunisien avait pris des mesures relatives à l'annualisation du temps de travail. Qu'en est-il exactement ?

Jean-Nagib LEBRUN

A ma connaissance, cette annualisation n'est pas encore entrée dans les faits. Tous les trois ans, des augmentations de salaires sont décidées afin d'assurer la paix sociale et de satisfaire les salariés. Je ne saurai toutefois vous en dire plus.

Norbert de GUILLEBON

Des discussions ont été engagées afin de faire converger les différents statuts existants (salariés occasionnels et permanents), sans pour autant qu'ils se substituent l'un à l'autre. Nous ne pouvons pas employer un occasionnel plus de quatre ans sans en faire, ensuite, un travailleur permanent.

Habib GAIDA

D'ici quelque temps, vous pourrez envoyer votre dossier d'investissement sur Internet, depuis la France.

Jean-Nagib LEBRUN

Pour ma part, je n'inciterai pas les entreprises à procéder ainsi ! Elles peuvent le faire en parallèle, mais discuter de vive voix avec des personnes qui connaissent le pays est indispensable. C'est ce qui permet de sécuriser son implantation.

Habib GAIDA

Je ne parlais bien entendu que de l'envoi des documents administratifs.

V. Témoignages d'entreprises
1. Illustrations d'une délocalisation partielle

Jean-Yves BEUGIN, Président, IMTEC Tunisia

IMTEC est une entreprise du secteur de la plasturgie. La Tunisie est aujourd'hui le pays de la plasturgie. Notre Groupe est déjà implanté dans d'autres pays, mais c'est notre récente usine en Tunisie qui devrait croître le plus rapidement. Dans l'année et demie qui arrive, nous devrions y recruter 300 personnes.

Il est extrêmement facile de s'implanter en Tunisie. Vous l'avez dit, il faut rencontrer un certain nombre de partenaires. Pour notre part, nous avons pleinement profité de la procédure du guichet unique. Nous sommes arrivés le matin même avec notre avocat et, à 16 heures, nous avions notre numéro de création - puis notre numéro de compte bancaire. Notre avocat a pu repartir le soir même, avec le K Bis en poche. Nous avons passé une annonce de recrutement dans la presse et reçu de très nombreuses candidatures dès les jours suivants. Nous n'avons pas eu cette facilité ailleurs, pas même en France.

Nous n'avons pas procédé à de longues études préalables. De fait, nous sommes dans un secteur particulier. Pour l'heure, c'est en Tunisie qu'il faut aller lorsque l'on travaille dans la plasturgie. Nous nous sommes toutefois rendus sur place, ce qui est indispensable. Nous y avons rencontré des interlocuteurs dont le langage est véritablement opérationnel et pas du tout administratif. Vos questions trouvent, qui plus est, une réponse immédiate ou presque. J'insiste, s'installer en Tunisie est extrêmement simple.

Concernant le fonctionnement, nous sommes dans une industrie très dynamique avec de forts besoins de communication. Des efforts restent à faire dans ce domaine, puisque la Tunisie interdit notamment les communications par IP, c'est-à-dire les visioconférences. En conclusion, travailler en Tunisie est très agréable et très simple.

Henri GAUTHIER, Président-Directeur général, Saliens

Le groupe Saliens est basé dans la région toulousaine. Nous comptons quatre filiales. Deux d'entre elles sont basées en France et les deux autres, en Tunisie. La Tunisie a été l'axe principal de réorganisation de notre groupe dès la fin des années 80.

Saliens compte 450 personnes, dont 370 en Tunisie. Notre chiffre d'affaires est de l'ordre de 3 millions d'euros. Il est réalisé pour un bon tiers en Tunisie. Nous sommes plasturgistes et caoutchoutiers. Depuis peu, nous avons fortement développé nos techniques d'assemblage en Tunisie.

Nos débouchés se trouvent, à 52 %, dans le domaine de l'équipement automobile et à 48 % dans d'autres secteurs industriels (notamment le matériel électrique et la cosmétique). Tous nos sites sont certifiés. Nous mettons l'accent sur le service et l'anticipation des besoins des clients.

Notre implantation en Tunisie trouve son origine dans notre besoin d'accroître notre compétitivité, mais aussi dans la nécessité de proposer une offre complète à nos clients. Nous avons orienté notre stratégie vers la délocalisation d'une partie de notre activité et une spécialisation par site et par technologie. Aujourd'hui, la Tunisie est notre centre de gravité.

Nous avons étudié plusieurs critères : l'infrastructure, la capacité de formation, les transports et les coûts. Nous avons retenu les sites tunisiens sur lesquels nous sommes installés au regard de ces critères. A cet égard, Sousse nous a paru constituer un très bon compromis. Le fait que la Tunisie soit à la fois un pays francophone et francophile constituait en outre un important avantage. Au début de l'année 2000, nous comptions 100 collaborateurs en Tunisie. Aujourd'hui, je l'ai dit, nous sommes plus de 370 dans ce pays.

Nous avons veillé à ce que notre culture d'entreprise soit bien intégrée dans nos sites tunisiens. Nous avons en outre largement fait appel aux VIE. Nous en sommes à la deuxième génération : ce sont d'anciens VIE qui dirigent nos sites aujourd'hui. La majorité de nos cadres sur place sont tunisiens.

Nous avons aidé d'autres industriels à s'installer à proximité de nos sites, notamment une société d'aéronautique implantée à Toulouse. Cela nous a permis de créer une espèce de pôle industriel d'origine toulousaine, qui compte près de 600 personnes et continue à se développer.

Je ne reviens pas sur les atouts significatifs de la Tunisie. Je mettrai toutefois en avant la qualité de la main-d'oeuvre féminine. Le personnel tunisien est très motivé et fait preuve d'une vraie capacité en matière d'intégration des nouvelles technologies.

Quelques éléments doivent encore être améliorés, en dépit des nombreux efforts qui ont déjà été consentis. Sur place, le réseau bancaire accuse un certain retard. Le système douanier, lui, est encore un peu lourd et les coûts de transport sont élevés - parfois supérieurs au coût de revient de nos pièces. Les loyers sont, eux aussi, très élevés.

Nous rencontrons souvent des entrepreneurs français qui veulent, d'une façon un peu dogmatique, délocaliser une partie de leur activité dans un pays à bas coût, et ce sans avoir réfléchi à la pertinence d'une telle délocalisation. Il convient de se méfier de ces localisations réalisées suite à une impulsion. Pour notre part, nous jouons pleinement la carte de la complémentaire. Aujourd'hui, la Tunisie nous permet de gagner des affaires en France. Cela méritait d'être souligné !

Des photos de locaux implantés en Tunisie sont présentées à la salle.

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