LUXEMBOURG



Le Luxembourg a introduit en 1913 l'impôt annuel sur la fortune. Un tel impôt était déjà en vigueur en Allemagne et aux Pays-Bas.

L'impôt sur la fortune est actuellement régi par une loi de 1934, modifiée à plusieurs reprises depuis lors. Il touche les personnes physiques et les personnes morales . La part dans les recettes fiscales a été estimée à 2,78 % au moment de l'adoption du budget pour 1998.

Sur le modèle allemand, l'impôt luxembourgeois sur la fortune vise à imposer le revenu en nature que constitue la possession d'un patrimoine et à surtaxer cette dernière. En effet, les droits de mutation sont beaucoup plus faibles qu'en France.

1) Les personnes imposables

L'impôt sur la fortune est dû par les personnes physiques ainsi que par certaines personnes morales.

a) Les personnes physiques

L'impôt sur la fortune n'est pas un impôt individuel. Il est réglé par chaque foyer fiscal , car il est assis sur l'ensemble des biens du ménage, y compris ceux des enfants mineurs.

b) Les personnes morales

La loi sur l'impôt sur la fortune prévoit l'assujettissement des sociétés de capitaux, des sociétés de personnes et des patrimoines affectés : cependant, les sociétés holding luxembourgeoises régies par la loi de 1929 (3( * )) , les caisses d'épargne, les établissements industriels ou commerciaux de collectivités de droit public, les sociétés dont les parts sont détenues par l'Etat, par une commune ou par un syndicat de communes, et les organismes charitables, confessionnels ou d'utilité publique ne sont pas assujettis à l'impôt sur la fortune.

2) Le patrimoine imposable

a) La définition



Les personnes physiques

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Les personnes morales

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Comme le droit allemand, le droit fiscal luxembourgeois distingue quatre catégories de patrimoine :

- le patrimoine agricole et forestier ;

- le patrimoine immobilier ;

- le patrimoine professionnel ;

- les autres éléments, principalement composés des biens personnels et des avoirs financiers .

Les assurances liées à un travail salarié antérieur et les droits à jouissance de rentes de vieillesse ou d'invalidité ne font pas partie du patrimoine imposable.

L'impôt sur la fortune est assis sur le " capital d'exploitation " , défini comme l'ensemble des éléments appartenant à l'exploitant et utilisé à titre principal pour l'activité de l'entreprise : éléments, corporels ou non, de l'actif, et fonds de roulement.

Un immeuble n'entre donc dans l'assiette de l'impôt que s'il sert à exercer l'activité de l'entreprise.

b) l'évaluation du patrimoine imposable

L'impôt est acquitté chaque année, mais le patrimoine imposable n'est évalué que tous les six ans, à l'exception du capital d'exploitation, évalué tous les trois ans.

Le patrimoine brut

Les personnes physiques

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Les personnes morales

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La loi d'évaluation prévoit la méthode de détermination de la valeur des biens imposables. De façon générale, c'est la valeur estimée de réalisation qui est retenue.

Les éléments du capital d'exploitation sont en principe évalués en fonction de leur valeur d'exploitation, c'est-à-dire du prix qu'un acquéreur éventuel de l'entreprise serait prêt à payer s'il souhaitait poursuivre l'exploitation.

Le patrimoine net


Les personnes physiques

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Les personnes morales

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Le contribuable déduit de son patrimoine brut :

- les dettes relatives aux éléments imposables du patrimoine ;

- les charges d'usufruit ou de rente viagère qu'il supporte ;

- ses emprunts personnels.

L'impôt étant assis sur les valeurs nettes, il convient de déduire les dettes et provisions qui se rapportent à l'exploitation.

c) Les exonérations



Les personnes physiques

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Les personnes morales

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Sont exonérés :

- les objets d'art créés par des artistes nationaux contemporains, les droits d'auteur qui sont encore la propriété de l'auteur ou de ses descendants, et les oeuvres d'art dont la valeur totale n'excède pas un million de francs luxembourgeois, c'est-à-dire environ 160.000 francs français ;

- les meubles et les voitures ;

- les droits à participation et les assurances-vie dont la valeur ne dépasse pas 200.000 francs luxembourgeois ;

- les bijoux et objets en métal précieux dont la valeur globale ne dépasse pas 500.000 francs luxembourgeois ;

- les avoirs en compte ainsi que les titres cotés de sociétés anonymes luxembourgeoises, dans la limite de 1,4 million de francs luxembourgeois, cette limite étant doublée en cas d'imposition conjointe.

Les exonérations concernent :

- les droits de licence artistique ou littéraire ;

- le capital d'exploitation des établissements situés à l'étranger dans la mesure où une convention fiscale le prévoit ;

- les participations dans des sociétés de capitaux résidentes au Luxembourg ou dans des établissements stables luxembourgeois de sociétés d'un Etat membre de l'Union européenne ou d'un Etat avec lequel une convention a été conclue, à condition que la participation corresponde à au moins 10 % du capital ou représente un prix d'acquisition d'au moins 50 millions de francs luxembourgeois.

3) Le calcul de l'impôt sur la fortune

a) L'assiette de l'impôt



Les personnes physiques

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Les personnes morales

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Le chef de famille a droit à un abattement de 100.000 francs luxembourgeois, auquel il peut ajouter 100.000 francs en cas d'imposition conjointe et 100.000 francs par enfant à charge.

Les personnes âgées de plus de 60 ans qui sont en incapacité de travailler pour au moins trois ans disposent d'un abattement supplémentaire de 100.000 francs si leur fortune et leur revenu annuel ne dépassent pas respectivement un millions de francs luxembourgeois et 150.000 francs luxembourgeois.

Les personnes morales autres que les sociétés anonymes, les sociétés en commandite par actions et les SARL bénéficient d'un abattement de 100.000 francs luxembourgeois.

b) Le calcul de l'impôt

Le taux est de 0,5 % .


Les personnes physiques

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Les personnes morales

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Les sociétés anonymes et les sociétés en commandite sont redevables d'une cotisation minimale de 500.000 francs luxembourgeois. Pour les SARL, ce montant s'élève à 200.000 francs luxembourgeois.

Les autres collectivités ne sont redevables de l'impôt sur la fortune qu'à partir d'un montant de 100.000 francs luxembourgeois.

L'impôt sur la fortune n'est pas déductible de l'assiette de l'impôt sur le revenu ou de celle de l'impôt sur les sociétés.

Toutefois, depuis 1998, les sociétés résidentes ainsi que les établissements stables de sociétés étrangères peuvent demander à imputer l'impôt sur la fortune sur l'impôt sur les sociétés dû au titre d'une même année d'imposition.

Pour cela, elles doivent, avant la clôture de l'exercice suivant, s'engager à inscrire au bilan une réserve équivalant au quintuple de l'impôt sur la fortune qui fait l'objet de l'imputation et à maintenir cette réserve pendant les cinq années d'imposition suivant l'imputation. Si la société utilise la réserve avant l'expiration de ladite période à des fins autres que l'incorporation au capital, le montant de l'impôt sur les sociétés dû au titre de l'exercice en question sera relevé d'1/5 du montant de la réserve prématurément distribuée. En revanche, après la période quinquennale, la société est libre de disposer de la réserve, soit pour la distribuer, soit pour l'affecter pour une nouvelle période quinquennale à un poste de réserve pour l'imputation d'un impôt sur la fortune à échoir ultérieurement.

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