Question de M. LEROY Philippe (Moselle - UMP) publiée le 16/11/2011

Question posée en séance publique le 15/11/2011

Concerne le thème : La désindustrialisation

M. Philippe Leroy. Je tiens à dire, en préambule, que la question de Jean-Pierre Chevènement ne doit pas être jetée aux oubliettes. Comme je l'avais indiqué lors du débat sur la réindustrialisation, l'euro fort représente une réelle difficulté pour les entreprises européennes, et nous devons y prêter attention.

S'agissant de la Lorraine, région fortement touchée par les restructurations, je ne partage pas l'avis de notre camarade Évelyne Didier sur l'action menée par le Gouvernement au cours des dernières années.

Je vous remercie, monsieur le ministre, pour votre engagement profond en faveur de la sidérurgie en Lorraine, qui s'est traduit par les mesures que vous avez énumérées précédemment. Je tiens à témoigner de l'efficacité de l'action gouvernementale, engagée lors des trois ou quatre dernières années afin de protéger l'industrie lorraine, et j'en parle en connaissance de cause !

Nous sommes encore vivants, notamment en Moselle, grâce à l'action forte du Gouvernement. Le matraquage systématique n'est pas une bonne politique !

Monsieur le ministre, je vous demande de vous engager auprès du groupe Total aussi fortement que vous l'avez fait auprès d'ArcelorMittal.

Nous devons trouver, avec les grands groupes chimiques européens, une solution aux problèmes des industries chimiques continentales, qui fabriquent nombre de produits nouveaux à partir de dérivés du pétrole.

On peut en effet craindre, à terme, une délocalisation massive de la chimie européenne si son approvisionnement, notamment en éthylène, n'est pas assuré. Ce problème se pose en Moselle, à l'usine Total de Carling. Si cette entreprise devait fermer, tout un pan de l'industrie lourde mosellane disparaîtrait.

Qu'en est-il, monsieur le ministre, des projets d'alimentation par gazoducs des entreprises chimiques continentales éloignées des côtes ?

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Réponse du Ministère chargé de l'industrie, de l'énergie et de l'économie numérique publiée le 16/11/2011

Réponse apportée en séance publique le 15/11/2011

M. Éric Besson, ministre. Monsieur le sénateur, vous confirmez que je n'ai pas cherché à écarter d'un revers de main les questions de fond posées par Jean-Pierre Chevènement. J'ai précisé que tous nos problèmes de compétitivité ne pouvaient être attribués à l'euro. Par ailleurs, j'ai rappelé que, dans un certain nombre de secteurs et dans certaines circonstances, l'euro nous avait protégés : n'oublions pas les attaques contre le franc et les dévaluations successives qu'il nous a fallu opérer par le passé !

Je ne conteste pas qu'il faille procéder à un certain nombre d'ajustements. J'ai simplement souligné que le Président de la République s'y attelait en essayant de modifier les règles du jeu du système monétaire international.

Je vous remercie, monsieur le sénateur, de vos propos concernant la politique industrielle du Gouvernement. Je ne reviendrai pas sur les précisions que j'ai apportées à votre collègue et que vous avez bien voulu rappeler, au sujet de l'action que nous essayons de mener sur le site de Florange : nous nous mobilisons.

Vous me posez une question précise sur le projet de pipeline chimique entre la France et l'Allemagne. Vous savez mieux que quiconque qu'il vise à relier les réseaux français et allemands d'oléfine, afin de sécuriser l'approvisionnement de plusieurs sites chimiques en Lorraine et dans le Jura.

En juillet 2008, le Premier ministre a confié à François Loos, député du Bas-Rhin, la mission d'examiner les conditions d'un raccordement. Son rapport, remis le 10 décembre 2008, a conclu à l'intérêt d'une telle infrastructure. Une étude de faisabilité a ensuite été financée par les industriels. Elle a confirmé que le projet était réalisable, le coût d'investissement des deux canalisations d'éthylène et de propylène étant estimé à 156 millions d'euros.

Préalablement à la recherche d'un financement public, j'ai récemment écrit aux principaux chimistes concernés, afin qu'ils puissent me confirmer leur souhait de prendre part au projet. En effet, il est essentiel que les intéressés se prononcent sur la pertinence industrielle d'un tel raccordement et s'engagent à le soutenir. Il est également capital de s'assurer que le pipeline, qui est susceptible de concurrencer le dernier vapocraqueur de Carling, est bien compatible avec son maintien en activité.

Monsieur le sénateur, voilà l'exact état de la situation. Je suis très désireux d'avancer et je vous tiendrai bien évidemment informé des développements de ce projet.

M. le président. La parole est à M. Philippe Leroy, pour la réplique.

M. Philippe Leroy. Monsieur le ministre, je ne mets pas en doute votre engagement sur ce dossier. Toutefois, si cela est possible, j'invite le Gouvernement à exercer de fortes pressions sur le groupe Total, qui, à l'heure actuelle, ne semble pas très pressé de participer à ce projet européen de pipeline.

Par ailleurs, je vous demande - si vous le pouvez mais, à mes yeux, vous le devez ! - de prendre l'initiative de réunir à la fois les industriels européens et les gouvernements concernés, afin de renverser la vapeur ! Il en va de l'intérêt de nos industries plastiques dans l'Europe tout entière.

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