Question de Mme GHALI Samia (Bouches-du-Rhône - SOCR) publiée le 27/03/2019

Question posée en séance publique le 26/03/2019

Mme Samia Ghali. Dimanche dernier, à quatorze heures, les habitants du quartier de la Bricarde ont été pris en otage sous les feux croisés de kalachnikov d'un commando d'une dizaine d'hommes encagoulés et portant des brassards de police, sortis de trois véhicules, dont certains étaient dotés de gyrophare.

Alertée par des mères hurlant de peur face à ces scènes de guerre, j'ai été saisie d'un mélange de colère et d'indignation. Trois quarts d'heure, c'est le temps qu'il a fallu aux forces de l'ordre pour arriver sur place. Pendant ce temps, les habitants, dont des enfants, essayaient d'échapper aux balles de ces armes de guerre.

C'est la parole des habitants que je porte ici, au Sénat. Que sont devenues les promesses de la reconquête des zones de non-droit, ou le « Plus jamais ça ! » que le ministre Gérard Collomb avait déclaré aux habitants de la Busserine, à la suite de l'attaque qui s'est déroulée dans ce quartier, voilà un an ?

L'approche globale, mise en place en 2012 et conduite par vous-même, monsieur Nunez, a porté ses fruits, mais elle a été abandonnée, laissant place à la recrudescence des trafics et à la violence qui les accompagnent. Parce que la République doit assurer aux citoyens le même droit à la sécurité, des Champs-Élysées à la Bricarde, je vous demande de mettre en place un comité interministériel pour la sécurité à Marseille, de réinstaurer l'approche globale et de doter la ville de deux cents policiers supplémentaires et de compagnies de CRS. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)


M. François Bonhomme. Et d'appeler l'armée ? (Sourires sur les travées du groupe Les Républicains.)

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Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'intérieur publiée le 27/03/2019

Réponse apportée en séance publique le 26/03/2019

M. Laurent Nunez, secrétaire d'État auprès du ministre de l'intérieur. Madame Ghali, le Gouvernement partage bien évidemment l'émoi ressenti par la population des quartiers marseillais à la suite du grave incident de la cité de la Bricarde que vous avez rappelé. Quinze jours plus tôt, un autre règlement de comptes s'était déroulé à la Busserine.

Ensuite, vous avez raison de le souligner, une action résolue avait été engagée sous le quinquennat précédent. Toutefois, cette action, intitulée « approche globale » entre 2012 et 2017, nous l'avons poursuivie. Elle repose, je le rappelle, sur deux piliers.

Il s'agit, en premier lieu, du renforcement de la présence de policiers sur la voie publique. Nous l'avons fait dans le cadre de la politique de reconquête républicaine, en augmentant les effectifs des brigades anti-criminalité, les BAC, des groupes de sécurité de proximité, et des brigades spécialisées de terrain, qui rayonnent sur les quartiers marseillais et qui nouent des partenariats. Ces groupements sont présents, de même que les unités de forces mobiles, chaque fois que c'est possible. La Bricarde représente la quatrième cité marseillaise du point de vue du temps de présence de ces forces mobiles.

En second lieu, comme vous le savez également, nous menons une action en profondeur, moins visible pour les habitants des quartiers, mais qui est importante : il s'agit du démantèlement du trafic de stupéfiants. Cette action n'a jamais cessé ; elle se déroule dans le cadre d'une coordination renforcée entre tous les services de police. Cela a permis de démanteler trente-deux réseaux en profondeur, en 2018. Depuis peu, nous y avons associé le service des douanes ; cette année, les gendarmes y seront également associés, parce que les réseaux de Marseille se ramifient dans l'ensemble des Bouches-du-Rhône. Nous serons aussi présents dans cette action.

Croyez-le bien, nous poursuivrons avec beaucoup de détermination cette politique de présence renforcée, de démantèlement des trafics et de prévention des règlements de compte – sept règlements de comptes ont été déjoués en 2018. Vous connaissez mon attachement personnel pour la ville de Marseille. Tout sera fait pour que cessent les scènes telles que celle que nous avons vécue – votre émotion était perceptible lorsque vous l'avez décrite, et nous la partageons.

Je profite de l'occasion qui m'est donnée pour saluer le courage et la détermination des policiers marseillais, qui luttent résolument, chaque jour, contre les trafics. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)

M. le président. La parole est à Mme Samia Ghali, pour la réplique.

Mme Samia Ghali. Monsieur le secrétaire d'État, les enfants qui ont vécu cette scène sont allés, le lendemain, à l'école. Ce qu'ils ont vécu, c'était non pas un jeu vidéo très violent, mais la réalité de leur vie quotidienne.

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