Question de Mme LIENEMANN Marie-Noëlle (Paris - CRCE-R) publiée le 07/03/2019

Mme Marie-Noëlle Lienemann attire l'attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur la pénurie des gynécologues médicaux.

La France compte actuellement trois gynécologues médicaux pour 100 000 femmes. Leur nombre a chuté de 42 % en dix ans. Certains départements sont même totalement dépourvus. L'impact démographique sur la profession est inquiétant puisque 50 % des gynécologues médicaux ont 60 ans et plus (sur les 1 054 en exercice en 2018). L'augmentation actuelle des places en internat ne suffira pas à absorber le manque de praticiens dans les prochaines années.

Le nombre de places d'internat ouvert était de 130 en 1987, année de la suppression de la discipline, pour revenir à 20 entre 2003 et 2011. Le comité de défense de la gynécologie médicale, que le cabinet de la ministre des solidarités et de la santé a reçu le 6 juin 2018, porte à 120 le nombre de places nécessaires par an. Si des mesures ne sont pas prises, la situation va s'aggraver pendant les dix à quinze prochaines années.

Les conséquences de l'absence d'un suivi de gynécologie médicale sont catastrophiques pour les femmes et les jeunes filles en âge de consulter. Il s'agit bien d'une régression pour la santé des femmes avec des dépistages tardifs, des examens anormaux, une augmentation des cancers du col de l'utérus, des infections sexuellement transmissibles (IST) difficilement repérées, des développements de cancer du sein et des suivis de ménopause insuffisants. La France, seul pays à enseigner la gynécologie médicale, a un taux d'hystérectomie bien en deçà des autres pays européens (7 % à 50 ans, 20 à 30 % dans le reste de l'Europe contre 40 % aux États Unis où il n'y a pas de gynécologie médicale). Ces résultats prouvent bien, encore une fois, l'intérêt de la médecine de proximité dans le coût des dépenses de santé.

Le recours aux médecins généralistes ou aux sages femmes ne peut apparaître comme solution. Tout d'abord parce que leur formation ne permet pas l'accompagnement des femmes en âge de consulter. Ensuite, parce qu'il n'est pas aisé de consulter son médecin traitant sur des questions aussi intimes. La plupart des femmes interrogées sont gênées à l'idée d'aborder ces questions avec leur médecin de famille. A fortiori, c'est encore plus compliqué lorsque l'on a 16 ans ! Le comité de défense de la gynécologie médicale est particulièrement inquiet pour ces jeunes filles. L'accès à l'information sur la sexualité et un suivi gynécologique de qualité sont rendus impossibles, les gynécologues médicaux ne prenant plus de nouvelles patientes. L'augmentation des IST et des grossesses non désirées sont autant de facteurs alarmants pour la santé des jeunes !

Il est urgent que le Gouvernement intervienne sur le nombre de poste ouvert à l'internat en gynécologie médicale et en supprime le numerus clausus.

Elle lui demande donc quelles sont les intention du Gouvernement pour y parvenir.

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Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 27/06/2019

Le nombre de postes offerts en gynécologie médicale à l'issue des épreuves classantes nationales (ECN) a quasiment triplé depuis 2012 (contre + 14 % toutes spécialités confondues). Au titre de la seule année 2018, ce sont dix-huit postes de plus qui ont été proposés pour atteindre 82 postes offerts contre 64 en 2017 (+ 28 %). Ce volume a été déterminé en lien avec l'Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONDPS), qui a émis ses propositions du nombre d'internes à former sur la base de concertations locales menées par ses comités régionaux, afin de prendre en compte les besoins locaux tout en préservant la qualité de la formation. Par ailleurs, le Gouvernement se mobilise pour améliorer l'accessibilité aux soins et l'installation des professionnels dans les zones rurales, notamment au travers du dispositif du contrat d'engagement de service public (CESP), bourse versée aux étudiants en médecine en contrepartie d'une installation dans un territoire manquant de professionnels. Ce dispositif peut bénéficier notamment aux étudiants et internes en médecine souhaitant s'orienter vers l'exercice de la gynécologie médicale. Enfin, l'ONDPS a lancé début février 2019 un groupe de travail portant sur la prise en charge de la santé des femmes. En effet, pleinement consciente des problématiques liées à cette thématique, la ministre des solidarités et de la santé a missionné l'ONDPS pour effectuer une étude spécifique sur cette question et notamment sur l'articulation entre différents professionnels de santé, notamment les gynécologues médicaux.

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