Question de M. LONGEOT Jean-François (Doubs - UC) publiée le 02/05/2019

M. Jean-François Longeot attire l'attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé concernant la situation des jeunes majeurs (18- 25 ans) sortant de l'aide sociale à l'enfance (ASE). En effet, que deviennent les jeunes bénéficiant de l'aide sociale à l'enfance une fois majeurs ? Selon le CESE (Conseil économique, social et environnemental) 30 % des sans abri nés en France sont des anciens enfants placés. Force est de constater le caractère alarmiste de la situation et le scandale éducatif et sociétal auquel nous assistons. Le parcours de ces jeunes allant de foyers en famille d'accueils est chaotique, ils se retrouvent livrés à eux-mêmes et sont souvent prolongés dans la précarité. Bien que l'adoption de la proposition de loi (AN n° 1081 (XVe leg) visant à renforcer l'accompagnement des jeunes majeurs vulnérables vers l'autonomie marque une prise de conscience réelle en visant un meilleur accompagnement de ces jeunes majeurs vulnérables afin de sécuriser leur transition vers l'âge adulte tout en en renforçant l'obligation des conseils départementaux d'évaluer leur situation et rendant obligatoire les contrats jeunes majeurs, il lui demande d'exprimer la volonté du Gouvernement face à la mise en œuvre concrète de mesures d'aide et d'accompagnement des jeunes issus de l'ASE (critères identiques pour lutter contre les inégalités territoriales ; faciliter l'accès au logement ; meilleure coordination et implication des professionnels, etc.).

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Transmise au Secrétariat d'État auprès du ministre des solidarités et de la santé, chargé de l'enfance et des familles


Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre des solidarités et de la santé, chargé de l'enfance et des familles publiée le 15/10/2020

La protection de l'enfance est une compétence confiée aux conseils départementaux depuis les lois de décentralisation. En application du principe constitutionnel de libre administration des collectivités locales, il revient aux conseils départementaux d'organiser librement la réponse territoriale la plus optimale pour assurer les missions qui leur sont confiées. L'État conserve, pour sa part, des responsabilités essentielles en matière, notamment, d'édiction des normes, de contrôle, d'évaluation et de régulation, ainsi que d'accompagnement des conseils départementaux. Ainsi, dans la continuité de la loi du 14 mars 2016 relative à la protection de l'enfant et de ses décrets d'application, le Gouvernement est tout particulièrement mobilisé sur la question de l'effectivité des droits pour tous les enfants protégés et de l'égalité de traitement sur tout le territoire. Dans cette optique, la Stratégie nationale de prévention et de protection de l'enfance présentée le 14 octobre 2019 identifie quatre engagements au bénéfice des enfants et de leurs familles : agir le plus précocement possible pour répondre aux besoins des enfants et de leurs familles ; sécuriser les parcours des enfants protégés et prévenir les ruptures ; donner aux enfants les moyens d'agir et garantir leurs droits ; préparer leur avenir et sécuriser leur vie d'adulte. Une partie des mesures annoncées reposent, pour leur mise en œuvre, sur une contractualisation ambitieuse entre l'État et les conseils départementaux. Cette démarche concerne trente départements dès cette année,  avec des moyens supplémentaires mobilisés sur le budget de l'État et de la Sécurité sociale à hauteur de 80 M€. Elle sera étendue dès 2021 à de nouveaux départements. S'agissant plus spécifiquement des jeunes majeurs, dans le cadre de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté, le Gouvernement propose de soutenir financièrement les conseils départementaux pour mettre fin aux sorties sans solution de l'aide sociale à l'enfance,  mais également de renforcer la mobilisation des acteurs du droit commun pour mieux accompagner les jeunes dans leurs projets. Ainsi, l'État consacre 12 M€ par an sur la période 2019-2022 pour accompagner les conseils départementaux dans la mise en œuvre de cette mesure qui concerne l'ensemble des jeunes qui leur sont confiés. Les modalités de mise en œuvre de cette mesure, c'est-à-dire le socle de garanties qui doivent être apportées aux jeunes,  inclut la mobilisation des dispositifs dits « de droit commun », tel l'accès aux droits, notamment, en matière de santé, de bourses et de logements étudiants. De plus, pour tenir compte de l'impact de la crise sanitaire et de ses conséquences durables pour les personnes les plus vulnérables, l'article 18 de la loi n° 2020-290 du 23 mars 2020 a interdit aux conseils départementaux de mettre fin aux prises en charges au titre de l'aide sociale à l'enfance pendant toute la durée de l'état d'urgence sanitaire. Dans la continuité de ces dispositions, la loi n° 2020-935 du 30 juillet 2020 de finances rectificative pour 2020 mobilise 50 M€ sur le budget de l'Etat pour soutenir l'effort des conseils départementaux en faveur de l'accompagnement des jeunes majeurs sortant de l'aide sociale à l'enfance, dont les anciens mineurs non accompagnés. Ces moyens viennent en complément de ceux déjà mobilisés au titre de la Stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté précédemment mentionnée.

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