Question de M. DECOOL Jean-Pierre (Nord - Les Indépendants-A) publiée le 05/07/2019

Question posée en séance publique le 04/07/2019

M. Jean-Pierre Decool. Ma question s'adresse à Mme la ministre des solidarités et de la santé.

Madame la ministre, je n'envisageais pas de vous interroger sur un sujet aussi inattendu que celui du lait infantile pour bébés allergiques aux protéines de lait…

Toutefois, la presse se fait l'écho d'une situation assez inédite, et des parents sont plongés dans une véritable angoisse. Il faut savoir que certains nourrissons ne digèrent pas le lait de vache. Cette allergie peut entraîner des symptômes très graves. En revanche, ces mêmes nourrissons acceptent les protéines de riz.

Je vous interpelle donc pour évoquer la pénurie de ce lait particulier dont les fabricants connaissent des difficultés d'approvisionnement. L'origine en est identifiée : en janvier dernier, ces produits à base de protéines de riz auraient été infectés par la salmonelle. La production étant ralentie, les usines sont dans l'incapacité de répondre à la demande, qui augmente mécaniquement.

Cette pénurie, vous vous en doutez, crée une surenchère des prix. On parle même de l'instauration d'un marché proche de la contrebande. À la lecture de certains témoignages, ces boîtes de lait se vendent sur internet jusqu'à 30 euros, voire 50 euros. Cette situation est extrêmement gênante, pour ne pas dire scandaleuse, alors qu'il s'agit d'une question de santé.

Selon l'Association française de pédiatrie ambulatoire, l'allergie aux protéines de lait de vache concernerait de 2 % à 7 % des enfants en bas âge, soit de 16 000 à 56 000 nourrissons – je relève le caractère assez approximatif de ces chiffres…

Cette situation est doublement problématique : d'une part, en raison des prix anormalement élevés pour les parents ; d'autre part, du fait que certains produits de substitution au lait de riz sont déconseillés par la communauté médicale.

Face à l'angoisse, les parents achètent sur internet des produits non validés. La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, ou DGCCRF, et la Direction générale de la santé semblent se renvoyer la balle. Nous cherchons à les contacter depuis plusieurs jours pour connaître le point de vue des acteurs compétents.


M. le président. Veuillez conclure, mon cher collègue.


M. Jean-Pierre Decool. Nos demandes restant sans réponse, je me tourne vers vous, madame la ministre, pour connaître vos intentions face à cette situation très inquiétante. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Indépendants – République et Territoires. – Mme Michelle Vullien applaudit également.)

- page 10878


Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 05/07/2019

Réponse apportée en séance publique le 04/07/2019

Mme Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé. Monsieur Decool, je vous remercie de votre question. J'espère qu'elle me donnera l'occasion de rassurer les parents inquiets face aux ruptures de stock des laits infantiles destinés aux enfants allergiques aux protéines de lait de vache.

Environ 1,5 % des enfants de deux mois seraient allergiques aux protéines de lait de vache. Or, comme vous l'avez souligné, en raison de la survenue d'une infection aux salmonelles dans les préparations infantiles du groupe Lactalis et du groupe Modilac, ces laits ont été retirés du marché par mesure de précaution.

Cette situation a entraîné une rupture de stock pour l'ensemble des laits infantiles destinés aux enfants allergiques.

La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes a alerté les professionnels du secteur des aliments de l'enfant, afin de leur faire part de ce problème. La Société française de pédiatrie a établi des recommandations et fourni une liste de produits susceptibles d'offrir des solutions de substitution au lait infantile manquant. Cette liste est disponible sur le site du ministère des solidarités et de la santé.

Les parents doivent être vigilants, car certains aliments ne couvrent pas les besoins nutritionnels des enfants, notamment tous les laits végétaux à base de soja, de riz ou encore d'amande, dont on parle parfois et qui sont abusivement présentés comme du lait. Ces boissons peuvent entraîner des carences nutritionnelles et des manifestations pathologiques. Nous ne les conseillons pas.

Afin de trouver le produit adéquat, je demande aux parents de prendre conseil auprès de leur médecin, de leur pédiatre ou de leur pharmacien, qui leur indiquera ce qui convient le mieux à leur bébé.

Soyez assuré, monsieur le sénateur, que cette situation est suivie avec beaucoup de vigilance par la Direction générale de la santé et que tout est mis en œuvre pour régler ces difficultés. (M. Alain Richard applaudit.)

- page 10878

Page mise à jour le