Question de M. LE GLEUT Ronan (Français établis hors de France - Les Républicains) publiée le 19/07/2019

Question posée en séance publique le 18/07/2019

M. Ronan Le Gleut. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

Je vous donne un chiffre, monsieur le Premier ministre : 2 359 milliards d'euros, voilà le montant de la dette publique française au premier trimestre ! Ce n'est plus une petite montagne de dettes, c'est un Everest de dettes !

Pour bien se rendre compte de ce que chiffre vertigineux représente, il faut le ramener aux 67 millions d'habitants de notre pays. Notre dette s'élève, par habitant, à 35 210 euros. Ainsi, une épée de Damoclès plane au-dessus de la tête de chaque Français.

Face à cet Everest de dette, quel choix faites-vous ? Vous augmentez encore les dépenses publiques ! C'est une hausse de 4,6 milliards d'euros, pour un budget de 267,5 milliards d'euros, alors qu'il existe des économies à faire en revoyant le train de vie de l'État, en réduisant le périmètre de la fonction publique, en réformant l'AME, ou encore en réévaluant l'efficacité des politiques publiques. (Exclamations sur les travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.)

J'en viens à ma question : pourquoi abandonnez-vous la promesse électorale, faite par le candidat Emmanuel Macron, de faire montre de plus de sérieux budgétaire et de « ne pas léguer une dette insoutenable à nos enfants » ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère de l'action et des comptes publics publiée le 19/07/2019

Réponse apportée en séance publique le 18/07/2019

M. Gérald Darmanin, ministre de l'action et des comptes publics. Monsieur le sénateur Le Gleut, lorsque nous sommes arrivés aux responsabilités (Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.), nous avons trouvé 3,4 % de déficit.

Le projet de loi de finances que je présenterai à l'automne avec Bruno Le Maire ne présentera plus qu'un déficit de 2,1 %, soit une différence de 28 milliards d'euros en deux ans ; tant la Cour des comptes que les commissions des finances l'auront constaté. D'ailleurs, M. le rapporteur général de la commission des finances du Sénat, qui appartient à votre groupe, monsieur le sénateur, s'en est félicité lors du débat d'orientation budgétaire, la semaine dernière.

On peut toujours se dire qu'il faut baisser les dépenses publiques. Dans ces cas-là, attendons d'avoir une relation normale et constructive entre les chambres. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Roger Karoutchi. Ce n'est pas au niveau !

M. Gérald Darmanin, ministre. Vous avez, monsieur le sénateur, voté contre toutes les baisses de dépenses publiques que nous avons présentées à l'approbation de cette chambre. (MM. Julien Bargeton et Martin Lévrier applaudissent.)

Celle-ci a voté, et vous-même, monsieur le sénateur, avec sa majorité, contre la mission Travail lors de l'examen de la dernière loi de finances, mais aussi de la loi de finances pour 2018, prévoyant la suppression d'une grande partie des contrats aidés. Vous avez voté contre les économies en matière de logement. Les deux thèmes que je viens d'évoquer ne représentent, certes, que 3 milliards d'euros de baisse de la dépense publique. Il est vrai que c'est compliqué de faire baisser la dépense publique !

Quant à la mission Agriculture, qui a été portée par M. Guillaume et son prédécesseur, je vous renverrai à la question que vient de poser M. Raison, que je vois assis juste à côté de vous, monsieur le sénateur : vous parvenez, dans une même séance, à nous reprocher de ne pas assez dépenser pour l'agriculture, puis, quelques secondes après, de continuer à dépenser trop ! (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche. – Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Vous avez, monsieur le sénateur, voté contre la mission Écologie. Or j'ai déjà eu à répondre, au Sénat, à sept questions relatives à la réforme des trésoreries. En effet, nombre de sénatrices et de sénateurs, sur ces travées, tous très sincères dans leur démarche – j'en suis tout à fait convaincu –, souhaitent que nous ne fassions pas d'économies au sein de la fonction publique, notamment à la direction générale des finances publiques.

M. Julien Bargeton. Eh oui !

Mme Sophie Primas. Baissez la fiscalité !

M. François Grosdidier. Vous faites faire les économies par d'autres !

M. Gérald Darmanin, ministre. Vous avez voté, monsieur le sénateur, contre toutes les baisses de dépenses. (C'est faux ! sur plusieurs travées du groupe Les Républicains.)

C'est vrai qu'il y a pire. Vos collègues de l'Assemblée nationale, il y a quinze jours, ont présenté une proposition de loi qui contenait 17 milliards d'euros de dépenses supplémentaires.

Mme Sophie Primas. Deux mensonges ne font pas une vérité !

M. Gérald Darmanin, ministre. En cette matière, monsieur le sénateur, vous êtes manifestement croyant, mais pas pratiquant ! (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)

M. le président. La parole est à M. Ronan Le Gleut, pour la réplique.

M. Bernard Cazeau. Il aurait mieux fait de se taire !

M. Ronan Le Gleut. Notre dette publique représente 99,6 % de notre PIB ; voilà son montant réel ! Près de 100 % du PIB ! Si les taux d'intérêt augmentent, vous faites courir une véritable catastrophe financière à la France ! L'épée de Damoclès s'abattra alors sur les Français. En ne faisant pas d'économies, vous faites courir un risque réel au pays. (Exclamations ironiques sur les travées du groupe La République En Marche.)

Il reste deux mois pour revoir votre copie. Le Sénat vous proposera des économies. Écoutez le Sénat ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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