Question de M. JANSSENS Jean-Marie (Loir-et-Cher - UC) publiée le 24/07/2019

Question posée en séance publique le 23/07/2019

M. Jean-Marie Janssens. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation.

Monsieur le ministre, hier, vous étiez en visite dans une exploitation agricole à Ouchamps dans mon département, le Loir-et-Cher, l'un des départements français les plus touchés par l'épisode de sécheresse qui frappe la France depuis plusieurs semaines et qui touche tous nos compatriotes.

Je tiens à souligner votre engagement auprès de nos agriculteurs. Ainsi, vous avez annoncé le versement anticipé d'une partie des aides européennes dédiées à l'agriculture, ainsi que l'autorisation donnée aux éleveurs de faucher les jachères pour nourrir le bétail.

Ces annonces vont dans le bon sens, mais elles constituent des réponses de court terme pour parer à l'urgence. Le dérèglement climatique fait craindre des épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents et de plus en plus longs. Il nous faut donc mettre en place des outils durables pour protéger les agriculteurs français et préserver notre modèle agricole.

Nous devons revoir en profondeur notre approche et nos méthodes agricoles. Cela commence par un travail sur le stockage de l'eau et le développement de l'irrigation. Nos agriculteurs font des efforts très importants pour utiliser moins d'eau et irriguer toujours plus efficacement.

Cependant, tant que la France n'adoptera pas des méthodes de captation de l'eau beaucoup plus efficaces, nous ne pourrons pas anticiper et lutter contre la sécheresse. Sur ce point, l'État a un rôle majeur à jouer, notamment en simplifiant les procédures administratives pour la création des retenues collinaires.

Monsieur le ministre, je vous sais impliqué sur ce sujet qui a été abordé lors des dernières assises de l'eau. La vague actuelle de sécheresse le montre : il faut aller plus vite et plus loin. Les professionnels du monde agricole sont disposés à avancer avec vous sur ce point majeur. Il faut fixer un calendrier précis, des objectifs concrets et lever les barrières administratives qui empêchent notre agriculture de se transformer aussi vite que le climat.

Monsieur le ministre, pouvez-vous détailler les mesures qui seront prises par le Gouvernement pour répondre rapidement et efficacement à la question majeure du stockage et de l'utilisation de l'eau dans le secteur agricole ? Merci d'avance ! (Applaudissements sur les travées du groupe Union Centriste. – MM. André Gattolin et Franck Menonville applaudissent également.)

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Réponse du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation publiée le 24/07/2019

Réponse apportée en séance publique le 23/07/2019

M. Didier Guillaume, ministre de l'agriculture et de l'alimentation. Monsieur le président, mesdames, messieurs les députés, monsieur le député Jean-Marie Janssens… (Exclamations amusées.) Et c'est moi qui commets cette erreur ! J'ai vraiment besoin de vacances… (Sourires.)

Monsieur le sénateur, j'étais en effet hier dans le Loir-et-Cher avec votre collègue Jean-Paul Prince, Jacqueline Gourault et Marc Fesneau. Permettez-moi aujourd'hui de préciser certains points.

À situation exceptionnelle, réponses exceptionnelles ! Aujourd'hui, la sécheresse est forte en France, je le disais, et elle fait suite à une autre.

Pourtant, il a fallu batailler des heures et des heures, des jours et des jours, avec la Commission européenne pour obtenir la possibilité de faucher des jachères dans 24 départements plus 9, soit 33.

Ce n'est pas assez et je veux continuer la bataille dans les jours qui viennent pour que la Commission européenne ouvre les yeux et se rende compte que la sécheresse est forte dans de très nombreux départements. Nous devons aller plus loin et pouvoir faucher les jachères dans d'autres départements afin de donner à manger au bétail et éviter les difficultés que nous avons connues l'année dernière.

De plus, il faut absolument que nous obtenions de la Commission européenne la même autorisation pour les céréaliers qui sont prêts à montrer de la solidarité avec les éleveurs. Aujourd'hui, ils n'ont pas ce droit !

Je souhaite que nous avancions sur ces deux sujets qui sont des questions structurelles.

Le troisième point, c'est de demander à l'ensemble des agriculteurs qu'ils ne broient plus les pailles pour la méthanisation. L'heure est grave, il faut tout mettre sur la table pour que la solidarité joue à plein. Or les agriculteurs sont des gens qui savent ce qu'est la solidarité.

Vous posez aussi la question de la durabilité. J'ai déjà répondu en ce qui concerne l'eau. L'objectif du Gouvernement est de dépenser 10 % d'eau en moins d'ici à 2025 pour l'ensemble des usages et nous devons y arriver, parce que l'eau est rare. Toutefois, il ne faut pas opposer la baisse de la consommation d'eau et les besoins de l'agriculture. Pour y arriver, il faut…

M. le président. Il faut conclure !

M. Didier Guillaume, ministre. … que les projets de territoires aboutissent. Voilà les éléments de réponse que je voulais vous apporter, monsieur le sénateur. En tout cas, l'été risque d'être chaud ! (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche, ainsi que sur des travées du groupe Les Indépendants – République et Territoires et du groupe Union Centriste.)

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