Question de M. OUZOULIAS Pierre (Hauts-de-Seine - CRCE) publiée le 24/07/2019

Question posée en séance publique le 23/07/2019

M. Pierre Ouzoulias. Monsieur le président, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, la direction de Conforama veut licencier 1 900 salariés et fermer 32 magasins. Elle les liquide, au cœur de l'été, comme d'autres abandonnent leurs chiens sur le bord de la route des vacances (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.).

Conforama, c'est l'histoire trop banale du capitalisme mondialisé : un groupe qui n'investit plus et se contente de gérer une rente ; un investisseur étranger, déguisé en chevalier blanc, qui falsifie ses comptes pour fondre sur une proie juteuse ; l'État français qui lui accorde, en guise d'absolution, des avantages fiscaux à hauteur de 63 millions d'euros ; enfin, une reprise qui tourne au fiasco et menace 9 000 salariés.

Comme toujours, les actionnaires du groupe prédateur, Steinhoff, en l'occurrence, ont déjà sauvé leur mise en vendant tout ce qui pouvait l'être.

La semaine dernière, dans ce même hémicycle, vous aviez pris, madame la secrétaire d'État, l'engagement d'une action ferme pour obtenir de la direction de Conforama des garanties sur la pérennité du groupe et sur la sauvegarde de l'emploi. Où en êtes-vous ?

Sur le fond, alors que votre gouvernement ne cesse de dénoncer l'addiction à l'argent public, quand allez-vous soumettre l'octroi d'aides de l'État au respect d'engagements en faveur de l'emploi, de l'investissement et des droits sociaux ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, ainsi que sur des travées du groupe socialiste et républicain.)

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Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'économie et des finances publiée le 24/07/2019

Réponse apportée en séance publique le 23/07/2019

Mme Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances. Monsieur le sénateur Ouzoulias, le groupe Conforama a été confronté depuis décembre 2017, à la suite des difficultés qu'a traversées son actionnaire, à de graves problèmes financiers.

Le Comité interministériel de restructuration industrielle, le CIRI, a d'abord mené un travail important, je veux le souligner, pour que l'entreprise conserve la confiance de ses partenaires, qui menaçaient de la laisser tomber, risquant de mettre 9 000 emplois sur le carreau. Sans ce travail, elle n'aurait pas trouvé de financiers. Ces derniers ont effectivement imposé des conditions dures, tant à l'actionnaire qu'à l'ensemble de l'entreprise.

Ces efforts se poursuivent aujourd'hui. Au-delà des difficultés de son actionnaire, le groupe Conforama doit faire face, comme beaucoup d'acteurs de la distribution, à une transformation majeure des modes de consommation et à la concurrence croissante des acteurs de l'économie numérique. Vous le savez, Conforama perd beaucoup d'argent, mais aussi des clients. Pour faire face à ces défis, le groupe doit maintenant se transformer afin de répondre aux besoins de ses consommateurs et de faire en sorte d'avoir plus de clients.

Il a donc lancé un plan pour redresser son chiffre d'affaires, que nous accompagnons. C'est dans ce contexte que la direction de Conforama a annoncé la fermeture de 32 magasins et de 10 magasins Maison Dépôt.

Après l'émotion importante et légitime qui s'est manifestée lors de l'annonce de la restructuration, les négociations autour du plan social se sont engagées. Notre souhait est que la direction et les organisations syndicales poursuivent ce dialogue de manière transparente et loyale.

Le Gouvernement a pour objectif d'assurer la pérennité de ce groupe, qui compte près de 9 000 emplois en France. Nous serons donc particulièrement attentifs quant aux conditions de mise en œuvre de la restructuration, laquelle doit donner à l'entreprise toutes ses chances de poursuivre son activité.

Mes services et moi-même serons également particulièrement vigilants quant aux efforts de reclassement et aux mesures d'accompagnement qui seront mises en place par le groupe. C'est maintenant que la négociation commence. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)

M. le président. La parole est à M. Pierre Ouzoulias, pour la réplique.

M. Pierre Ouzoulias. Vos déclarations rappellent trop celles que vous aviez tenues à propos des salariés de Ford ou de General Electric pour qu'elles rassurent ceux de Conforama.

Par ailleurs, les ménages, qui contribuent à 60 % aux prélèvements obligatoires, auront une nouvelle fois le sentiment que leurs impôts récompensent des entreprises qui se servent et qui privilégient leurs intérêts financiers à court terme.

Bonnes vacances, madame la secrétaire d'État, les actionnaires de Conforama vous remercient ! (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, ainsi que sur des travées du groupe socialiste et républicain.)

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