Question de M. LAURENT Pierre (Paris - CRCE) publiée le 17/10/2019

Question posée en séance publique le 16/10/2019

M. Pierre Laurent. L'offensive de la Turquie contre les forces kurdes et démocratiques syriennes soulève l'indignation. Cette agression est un crime contre la paix, contre les combattants kurdes qui se sont battus contre Daech et contre l'expérience d'un Rojava démocratique. Elle offre une opportunité inespérée à Daech de reconstruire ses forces.

Nous avions alerté à de nombreuses reprises sur les risques de voir la Turquie franchir le pas, sur les ambiguïtés de la coalition et sur le rôle trouble joué par la Turquie en son sein. Aujourd'hui, les masques tombent. La Turquie fait la guerre aux Kurdes, et à personne d'autre, au mépris de la sécurité du monde. Et cette guerre a été autorisée par le Président des États-Unis !

La France doit parler d'une voix claire, forte, indépendante, qui ne s'étouffe pas aussitôt dans les coulisses du renoncement. La France doit agir.

Premièrement, au-delà de l'embargo annoncé sur les armes, à quelles sanctions économiques, financières et politiques fortes la France est-elle prête ? La Turquie est un important partenaire commercial, nous avons donc les moyens d'agir.

Deuxièmement, la France continue-t-elle d'agir pour aboutir à la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne ? Et comment ?

Troisièmement, que répond la France à l'appel lancé par quinze organisations humanitaires ? Quelle est notre stratégie pour obtenir un cessez-le-feu qui protège le travail humanitaire, qui garantisse son accès en tout lieu, qui protège les populations civiles par l'interdiction de l'utilisation des armes explosives en zones peuplées, qui permette de rapatrier les enfants français détenus dans les camps de prisonniers ?

Enfin, puisque les États-Unis et la Turquie sont au cœur de cette affaire et qu'ils sont membres de l'OTAN, n'est-il pas temps de convoquer un débat parlementaire d'urgence interrogeant le rôle de l'OTAN, notre rôle dans cette alliance et notre place au sein de son commandement intégré ? Le Gouvernement est-il prêt à convoquer d'urgence ce débat parlementaire ? (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE, ainsi que sur des travées du groupe SOCR.)


Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 17/10/2019

Réponse apportée en séance publique le 16/10/2019

M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères. La semaine dernière, la Haute Assemblée appelait déjà l'attention du Gouvernement sur ce qui se préparait. J'avais alors eu l'occasion de répondre à Christine Prunaud.

Depuis lors, non seulement la pression militaire n'a pas faibli, mais elle s'est considérablement accrue. L'émotion n'a pas faibli non plus : elle s'est aussi considérablement accrue, avec la mobilisation de toutes et de tous et les initiatives prises par un certain nombre d'entre vous – je pense notamment à votre proposition de résolution.

Comme le Premier ministre vient de le souligner, la France s'est mobilisée fortement, dans toutes les enceintes. Elle a demandé urgemment, la semaine dernière, la réunion du Conseil de sécurité, lequel reste saisi de cette question et se réunit très régulièrement sur la situation en Syrie.

La France est intervenue activement au sein du Conseil des ministres des affaires étrangères, lundi dernier. C'est parce qu'une voix forte s'y est exprimée, celle de Jean-Yves Le Drian, qu'une condamnation unanime, je crois, a été prononcée ; condamnation que le prochain Conseil européen, nous l'espérons, viendra consacrer.

Vous évoquez les outils économiques, monsieur le sénateur Pierre Laurent. Sachez qu'une commission mixte économique avec la Turquie devait se réunir début décembre. Nous avons fait savoir que sa tenue était impossible dans le contexte actuel.

Soyez sûr que la France a condamné cette intervention dans les termes les plus fermes. Le Président de la République l'a d'ailleurs dit au Président Erdogan.

La France continuera à être mobilisée pour obtenir la cessation de l'offensive turque contre les Kurdes le plus rapidement possible. Ce sujet nous engage chaque heure, chaque jour, chaque semaine, tant que cette situation perdurera. (M. François Patriat applaudit.)

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