Question de M. GREMILLET Daniel (Vosges - Les Républicains) publiée le 24/10/2019

Question posée en séance publique le 23/10/2019

M. Daniel Gremillet. Le 11 octobre 2017, le Président de la République déclarait que les États généraux de l'alimentation avaient deux objectifs : « le premier, de permettre aux agriculteurs de vivre du juste prix payé, de permettre à tous dans la chaîne de valeur de vivre dignement ; et le second, de permettre à chacune et chacun d'avoir accès à une alimentation saine, durable, sûre ».

Il ajoutait qu'il n'était « plus possible aujourd'hui qu'en France, un tiers des agriculteurs gagne moins de 350 euros par an ». Il aurait dû dire « par mois » !

Aujourd'hui, où en sommes-nous ?

Monsieur le ministre, vous avez fait naître beaucoup d'espoir. Vous nous avez parlé de la montée en gamme de l'agriculture française.

Mais la seule chose que les agriculteurs ont vue, ce sont des contraintes supplémentaires, des charges supplémentaires, 80 intrusions dans des élevages pour démontrer la maltraitance des animaux ! En revanche, jamais on n'a diffusé de vidéo montrant un agriculteur pleurer devant un animal qui venait de périr.

On a fait croire aux agriculteurs à une montée en gamme, et ils ont récolté les accords du Mercosur et le CETA.

Vous voyez, monsieur le ministre, il y avait beaucoup d'attentes, beaucoup d'espoir. Vous l'avez vous-même reconnu cette semaine : les agriculteurs n'ont pas récolté les fruits de la loi Égalim. Rien dans la montée en gamme que vous avez promise n'est arrivé jusqu'aux agriculteurs. Qu'allez-vous répondre à ces agriculteurs, chez qui vous avez fait naître tant d'espoir ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe UC.)


Réponse du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation publiée le 24/10/2019

Réponse apportée en séance publique le 23/10/2019

M. Didier Guillaume, ministre de l'agriculture et de l'alimentation. Monsieur le sénateur Daniel Gremillet, je partage votre inquiétude. Je souhaite vous dire que le Gouvernement est tout entier derrière les agriculteurs (Marques d'exaspération sur les travées des groupes Les Républicains, UC et SOCR.) lorsque ceux-ci sont montrés du doigt, insultés et violentés, lorsque des bâtiments d'élevage sont incendiés : c'est inacceptable et cela doit s'arrêter !

Mme Françoise Férat. Cela ne suffit pas !

M. Didier Guillaume, ministre. La garde des sceaux est intervenue en donnant instruction à tous les procureurs de faire cesser tout cela.

Les États généraux de l'alimentation ont soulevé un espoir immense qui s'est concrétisé par la décision unanime du monde agricole, des industries agroalimentaires, des entreprises de transformation, des coopératives et des responsables politiques de changer la façon de faire. Tout le monde était d'accord pour dire que la première chose à changer, c'était le prix payé aux agriculteurs.

Il est absolument inacceptable qu'un agriculteur vende son lait et sa viande au-dessous du prix de revient, de ce que cela lui coûte. (On le confirme véhémentement à droite et à gauche, tout en reprochant au ministre de laisser faire.)

Ce n'est pas en criant que vous ferez monter le prix du lait ou le prix de la viande, mais en rencontrant les filières, comme je le fais depuis lundi, et encore ce matin. Toutes les filières souhaitent aujourd'hui que le coût de production que les agriculteurs ont eux-mêmes fixé soit respecté. Mais, je suis désolé, ce n'est pas le Gouvernement qui le fait respecter, c'est le marché ! (Protestations sur les travées du groupe CRCE, ainsi que sur des travées du groupe SOCR.)

Mme Marie-Noëlle Lienemann. Vous ne faites rien !

M. Didier Guillaume, ministre. Ce sont les coopératives qui achètent le lait, ce n'est pas le Gouvernement ! C'est la grande distribution qui achète les produits, pas le Gouvernement !

M. Fabien Gay. À bas le CETA !

M. Didier Guillaume, ministre. C'est la raison pour laquelle la DGCCRF a déjà conduit plus de 3 000 contrôles.

M. Fabien Gay. C'est faux !

M. Didier Guillaume, ministre. Il en reste 2 000 à mener et, s'il le faut, nous prendrons encore plus de sanctions pour que la grande distribution et les entreprises respectent les agriculteurs et paient le prix qu'il faut. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)

M. le président. La parole est à M. Daniel Gremillet, pour la réplique.

M. Daniel Gremillet. Lors des États généraux de l'alimentation, le Président de la République a conclu son discours en disant : « Ce que j'attends de vous, c'est de recréer la confiance. »

Monsieur le ministre, dans l'agriculture, il pousse toujours quelque chose. Et lorsqu'on sème le vent, on récolte la tempête !

Hier, les agriculteurs l'ont rappelé, 300 d'entre eux n'ont hélas pas pu manifester ! Alors, il ne faut pas leur mentir, il ne faut pas tromper la société. Ce qu'il y aura dans les assiettes de nos enfants demain dépend de ce que l'on fait aujourd'hui ! (Vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe UC.)

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