Question de M. WATTEBLED Dany (Nord - Les Indépendants) publiée le 31/10/2019

Question posée en séance publique le 30/10/2019

M. Dany Wattebled. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, avec un vocabulaire simpliste et le portrait d'un chien, le président Trump a annoncé la mort du calife autoproclamé d'une organisation terroriste.

Le problème, c'est qu'il y a toujours quelqu'un pour devenir calife à la place du calife ! (Sourires.)

M. Roger Karoutchi. En effet, cela arrive souvent !

M. Dany Wattebled. Le caractère nébuleux de ces organisations n'est plus à démontrer, et le chemin sera encore long avant que nous ne venions à bout de l'hydre terroriste. Les djihadistes ont certes beaucoup reculé et subi, ces derniers temps, des revers. Le groupe terroriste qui contrôlait la zone entre l'Irak et la Syrie a perdu beaucoup de terrain. Nombre de ses membres sont morts ou emprisonnés.

Beaucoup de djihadistes occidentaux, notamment français, sont détenus dans des zones de troubles. Ne parvenant pas à trouver une solution qui soit satisfaisante, le Gouvernement a fait le choix de les laisser à leurs geôliers étrangers.

M. Roger Karoutchi. Eh bien oui !

M. Dany Wattebled. Beaucoup d'entre eux risquent de parvenir à s'échapper, et ceux qui sont entrés dans la clandestinité pourraient revenir en France dans les mois qui viennent.

À l'heure où l'Afghanistan est susceptible de redevenir une base arrière du djihadisme, à l'heure où le contrôle du Kurdistan syrien et des terroristes qui y sont détenus est fragilisé par une offensive unilatérale de la Turquie, il est à craindre que le risque terroriste n'ait pas pour autant disparu, notamment pour nos concitoyens, dans notre pays.

Nous avons tous besoin de savoir à quelles menaces la France est aujourd'hui exposée du fait de cette situation. Pouvez-vous nous dire, monsieur le ministre, quel est l'état du risque terroriste en France et si de nouvelles mesures sont prévues pour les prévenir ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Indépendants.)

M. Emmanuel Capus. Excellent !


Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 31/10/2019

Réponse apportée en séance publique le 30/10/2019

M. Christophe Castaner, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur Wattebled, nous vivons, chaque jour, à chaque instant, sur le territoire national, avec un risque terroriste élevé. Nous l'avons vu, hélas, ces dernières années, depuis 2015, avec les attentats terroristes, et même depuis 2013, lorsque les premiers ressortissants français se sont rendus sur les théâtres de guerre que vous évoquiez à l'instant, j'y reviendrai.

Nous l'avons vécu récemment à Trèbes, à Strasbourg ou, plus récemment encore, à la préfecture de police de Paris, avec la mort de nombre de nos compatriotes. Oui, l'on voit combien nous devons vivre avec ce risque.

Ce que nous constatons, monsieur le sénateur, est différent de ce qui prévalait en 2015 et dans les années suivantes, car le risque est aujourd'hui essentiellement endogène. Il n'est plus ce risque exogène ou projeté que nous avons connu. Il n'empêche qu'il existe encore.

Vous avez évoqué l'intervention américaine, qui a permis de neutraliser le chef terroriste dont je ne souhaite même pas prononcer le nom. J'ai immédiatement donné des instructions précises à l'ensemble de nos forces de sécurité intérieure pour prévenir, au cas où, tous les risques de rebond ou de vengeance auxquels nous pourrions être confrontés.

Je vous signale d'ailleurs que Daech n'a toujours pas reconnu, au moment où je vous parle, la neutralisation de celui qui fut son chef. Je n'exclus pas que le risque puisse être lié à ce moment d'expression.

C'est la raison pour laquelle l'ensemble de nos services de sécurité intérieure sont mobilisés en vue de parer les coups qui pourraient venir.

Vous m'interrogez également sur la situation de ces Français actuellement détenus dans différentes prisons localisées en Syrie. Des femmes françaises, pas forcément identifiées comme terroristes ou porteuses d'un risque terroriste du degré le plus élevé, ont été libérées. Nous veillerons à les faire interpeller si elles veulent revenir sur le territoire national.

C'est le cas, monsieur le sénateur, pour la totalité des « retournistes ». À ce jour, près de trois cents « retournistes » sont revenus sur le territoire national, et nous les connaissons. Ils sont systématiquement interpellés, judiciarisés et sanctionnés. C'est ainsi que nous continuerons de procéder pour tous ceux qui pourraient revenir du théâtre de guerre. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)

M. le président. La parole est à M. Dany Wattebled, pour la réplique.

M. Dany Wattebled. Je vous remercie de vos explications, monsieur le ministre. Il faudra redoubler de vigilance dans les temps qui viennent.

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