Question de M. LEFÈVRE Antoine (Aisne - Les Républicains) publiée le 03/10/2019

M. Antoine Lefèvre attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation sur l'accord économique et commercial global entre l'Union européenne et le Canada, dit CETA. Entré provisoirement en vigueur le 21 septembre 2017, sans être ratifié par les parlements nationaux, il est très redouté des éleveurs européens et surtout français, faisant craindre une mise à mal des élevages porcins et ovins. Les normes sanitaires comme environnementales sont bien plus rigoureuses sur notre territoire qu'en Amérique du nord. Certains produits phytosanitaires y sont toujours utilisés alors que leur usage est strictement interdit en France. Par exemple, les farines animales utilisées dans l'alimentation de son bétail contiennent des poils, du sang ou du gras de bœuf non interdits au Canada. Ce pays autorise l'exportation de viande ayant reçu des antibiotiques comme facteur de croissance alors qu'un règlement européen l'interdit ou encore, le colza canadien est génétiquement modifié. L'agriculture en France contribue à l'équilibre des territoires mais aussi et surtout à nourrir les hommes. Avec l'utilisation des mêmes tests qu'au Canada pour obtenir une certification en Europe, la concurrence est foncièrement déloyale. Il souhaite donc savoir quelles mesures seront prises afin de sauvegarder le modèle agro-alimentaire français et préserver les producteurs nationaux, déjà confrontés à la récession et à la crise, assurer la traçabilité des produits et la conformité avec les normes sanitaires européennes.

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Transmise au Ministère de l'agriculture et de l'alimentation


Réponse du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation publiée le 13/08/2020

Les accords de libre-échange sont porteurs d'opportunités pour certaines filières agricoles pour lesquelles elles représentent un relais de croissance : le CETA (AECG, accord économique commercial et global entre la France et le Canada – comprehensive economic and trade agreement) a ainsi permis un meilleur accès au marché canadien pour les entreprises françaises, notamment pour les fromages avec l'obtention d'un contingent total de 18 500 tonnes dans les six ans. La protection de 145 indications géographiques (IG), a également été obtenue alors même que le Canada n'est pas un pays traditionnellement favorable au système de protection des IG. Au titre des mesures mises en place depuis deux ans, le Gouvernement poursuit ses engagements de suivi de l'accord de son plan d'action relatif au CETA dès 2017, notamment le suivi de toute évolution des flux sur les filières sensibles. Il convient par ailleurs de souligner que les produits importés doivent présenter les mêmes garanties sanitaires vis-à-vis du consommateur, que les produits français. Des contrôles rapprochés ont été mis en place au Canada pour s'assurer du respect des exigences sanitaires. Au-delà, le Gouvernement a bien identifié que les préoccupations exprimées, à la fois par les éleveurs et les consommateurs, ne portent pas seulement sur la qualité sanitaire des importations, mais également sur l'équivalence des modes de production. Sa mise en œuvre, à laquelle travaille le Gouvernement, doit cependant intégrer l'ensemble des dimensions du marché unique et préserver la compétitivité des producteurs au sein même de l'Union européenne (UE). C'est prioritairement au niveau européen que les standards de production applicables aux produits issus de pays tiers doivent être fixés. La France est à l'initiative de l'introduction dans la réglementation sanitaire de l'UE d'éléments de réciprocité envers les produits issus de pays tiers, comme en témoigne le règlement sur les médicaments vétérinaires. Le Gouvernement porte auprès de la Commission européenne l'objectif d'une meilleure cohérence entre la politique commerciale et la politique agricole de l'UE, conformément à ses engagements de l'axe 3 de son plan d'action relatif au CETA. Il le porte également dans la réforme de la politique agricole commune (PAC), en affirmant que la nouvelle PAC, en cohérence avec les autres politiques européennes, doit accompagner le projet européen au service d'une agriculture répondant à des standards exigeants et ne peut se concevoir sans une régulation sociale, environnementale et sanitaire des échanges avec les autres pays. La France porte également, au niveau européen, la création d'un observatoire des risques sanitaires des marchandises importées. Enfin, lutter contre les importations passe par la promotion des productions agricoles. Le ministère chargé de l'agriculture va prochainement avec Mme Agnès PANNIER-RUNACHER, étendre l'obligation d'étiquetage d'origine aux viandes de restauration hors foyer, et au miel.

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