Question de Mme BOULAY-ESPÉRONNIER Céline (Paris - Les Républicains-R) publiée le 07/11/2019

Question posée en séance publique le 06/11/2019

Mme Céline Boulay-Espéronnier. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.

Monsieur le ministre, à Paris, la sécurité se dégrade de manière forte et rapide. Depuis le début de l'année 2019, les vols ont augmenté de 12 %, les cambriolages de 8 % et les violences sexuelles de 5 %. Pendant que la mairie de Paris et la préfecture de police se renvoient la balle, ce sont les Parisiens qui trinquent.

Aucun territoire parisien n'est désormais épargné : dans le XXe arrondissement, les vols avec violence ont augmenté de 51 % ; dans mon arrondissement, le XVIe (Railleries sur les travées des groupes SOCR et CRCE.), les cambriolages ont augmenté de 18 % et les vols de véhicules de 62 %.

Mme Éliane Assassi. Tout le monde n'a pas la chance d'habiter le XVIe !

M. David Assouline. Venez chez moi, dans le XXe !

M. le président. S'il vous plaît, mes chers collègues !

Mme Céline Boulay-Espéronnier. Cela vous fait rire ? Pas moi ! (Exclamations ironiques sur les travées des groupes SOCR et CRCE.)

Dans le Xe arrondissement, la dégradation du mobilier urbain a explosé de 100 %. Ce sont les Parisiens qui payent la facture.

« Votre métier, ce n'est pas d'interpeller la société, c'est d'interpeller les délinquants. » Et je ne parle pas de la crise des « gilets jaunes » et des désagréments causés aux Parisiens ! (Les exclamations ironiques se poursuivent.)

Notre capitale possède une spécificité historique : les pouvoirs de police y sont confiés non pas au maire, mais au préfet de police. Vous ne devez pas seulement constater, mais aussi agir. Monsieur le ministre, où en est-on de la réforme tant attendue de la préfecture de police ?

La lutte contre la délinquance n'est pas un sujet secondaire. En termes de doctrine sécuritaire, je ne connais que deux mots : la fermeté et le résultat. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. le président. Je vous rappelle, mes chers collègues, que mon préambule n'est pas un vœu pieux. On se respecte et on s'écoute ! (Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains, UC et RDSE. – Mme Patricia Schillinger applaudit également.)


Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'intérieur publiée le 07/11/2019

Réponse apportée en séance publique le 06/11/2019

M. Laurent Nunez, secrétaire d'État auprès du ministre de l'intérieur. Madame la sénatrice, je ne peux que vous le confirmer, au cours des neuf premiers mois de l'année 2019, la délinquance a augmenté à Paris, en matière de cambriolages, de vols et d'atteintes à l'intégrité physique des personnes. Comme vous l'avez souligné, en fonction des arrondissements et des catégories de délinquance, la situation est contrastée.

Avec Christophe Castaner, nous avons demandé au préfet de police de mettre en place un plan efficace de lutte contre la délinquance. Instauré au mois d'avril dernier, il repose sur deux piliers : d'abord, une présence renforcée d'effectifs sur la voie publique, notamment dans les quartiers de reconquête républicaine, où les effectifs ont augmenté, notamment dans le Xe et le XVIIIe. Ensuite, au sein même de la préfecture de police, nous avons demandé à certains effectifs, affectés d'habitude à des tâches d'ordre public, de patrouiller comme des effectifs de sécurité publique, quand ils n'ont pas de missions d'ordre public à accomplir. Il s'agit d'une réforme importante, qui se traduit par des effectifs supplémentaires sur la voie publique.

M. David Assouline. Ce n'est pas vrai !

M. Laurent Nunez, secrétaire d'État. Par ailleurs, nous souhaitons un meilleur équilibre dans la répartition des tâches entre ce qui relève de la préfecture de police en matière d'encadrement de manifestations récréatives, sportives ou culturelles et ce qui doit relever de la Ville de Paris. Ce travail est en cours, mené par le préfet de police.

Le deuxième pilier est constitué par les investigations judiciaires. Nous démantelons de très nombreux réseaux, se livrant notamment à des trafics divers et variés ou à des cambriolages. Ainsi, au mois de septembre, a été démantelé un réseau qui avait commis plus de cent trente-six faits. Le nombre des faits élucidés augmente également à Paris. Il convient de saluer l'activité des fonctionnaires de police.

La réorientation que nous avons souhaitée avec le ministre de l'intérieur commence à porter ses fruits, madame la sénatrice. Il y a davantage d'effectifs sur la voie publique et, surtout, la hausse du nombre des atteintes aux biens est beaucoup moins forte sur les derniers mois de l'année. En matière d'atteintes aux personnes, pour juillet et août, nous enregistrons même pour la première fois une baisse.

Nous allons donc poursuivre cette réorientation. Pour ce qui est de la réforme de la préfecture de police, elle est examinée actuellement dans le cadre de la préparation du Livre blanc. (Applaudissements sur des travées du groupe LaREM. – M. Jean-Marc Gabouty applaudit également.)

M. le président. La parole est à Mme Céline Boulay-Espéronnier, pour la réplique.

Mme Céline Boulay-Espéronnier. En matière de sécurité, deux éléments sont effectivement importants : les moyens et la réponse pénale. Je note que, à l'approche des élections municipales, on assiste à des volte-face assez spectaculaires, dont on ne peut que se réjouir ! Ainsi, la maire de Paris, qui était, pour des raisons idéologiques et historiques, contre le développement de la vidéoprotection, a fini par se résoudre à l'accepter au bout de trois mandatures, et M. Griveaux a indiqué ce matin qu'il était favorable à une police municipale armée. On ne peut que saluer ces volte-face !

M. le président. Il faut conclure !

Mme Céline Boulay-Espéronnier. Cela témoigne en tout cas que les chiffres sont mauvais. Nous attendons de connaître votre plan pour la réforme de la préfecture de police. (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains.)

- page 14881

Page mise à jour le