C. LES ARMEMENTS

A l'époque de la guerre froide, l'accent était avant tout mis sur la nécessité d'intercepter d'importantes vagues de bombardiers adverses. Les principaux efforts en matière de munitions se portaient donc sur l'acquisition de missiles air-air, très coûteux et à la maintenance souvent complexe.

Les leçons tirées de la guerre du Golfe, puis du conflit au Kosovo ainsi que la prise en compte d'un environnement géostratégique nouveau ont déplacé la priorité vers les armements air-sol, et en particulier vers les armements de précision tirés à distance de sécurité. Il a aussi fallu procéder à la reconstitution des stocks de munitions pour remplacer celles consommées au Kosovo.

L'Armée de l'air est aussi équipée de missiles sol-air, destinés à la défense des bases aériennes et des points sensibles.

1. Armement air-sol

L'Armée de l'air a entrepris l'acquisition de munitions guidées laser 1 ( * ) selon l'échéancier suivant jusqu'en 2001 :

1999

2000

2001

Commandes

Livraisons

Commandes

Livraisons

Commandes

Livraisons

GBU 12

900

100

100

200

0

600

GBU 16

250

0

100

0

100

250

GBU 22

550

0

0

0

100

100

GBU 24

300

100

100

200

0

100

AS 30 Laser

0

0

0

0

0

0 2 ( * )

Le conflit du Kosovo a aussi largement validé les choix faits par l'Armée de l'air concernant les armements air-sol futurs. La mise en service de munitions adaptées aux mauvaises conditions météorologiques (armement air sol modulaire, AASM, en 2004) et de missiles de croisière aéroportés (APACHE en 2001 et SCALP EG en 2003) va permettre de disposer d'une panoplie complète permettant de traiter une vaste gamme d'objectifs.

Les vingt-neuf premiers missiles APACHE antipiste seront livrés en 2001. Sa mission est la neutralisation à distance de sécurité (150 km) et par tous les temps des pistes et aires bétonnées au moyen de charges classiques. Produit sous maîtrise d'oeuvre EADS, ce missile de 1.230 kilogrammes possède un système de navigation par inertie recalé par différents systèmes, dont un dispositif Global Positionning System (GPS). Capable de réaliser une approche autonome à très basse altitude en suivi de terrain, son radar assure la détection et l'identification de l'objectif sur lequel il délivre 500 kilogrammes de sous-munitions. Le coût total du programme est de 4,250 milliards de francs (développement 2, 5 milliards de francs, production 1,75 milliards de francs) pour 100 missiles. Le budget 2001 y consacre uniquement des crédits de paiement, à hauteur de 60 millions de francs pour le développement et de 434 millions de francs pour la fabrication.

Le SCALP EG, dérivé de l'Apache, est destiné à la destruction à longue distance (portée 400 kilomètres) d'objectifs d'infrastructure, au moyen d'une charge unique de 400 kilogrammes. Il s'agit d'un programme commun à la Marine et l'Armée de l'Air ; cette dernière toutefois finançant seule son développement. 333 millions de francs de crédits de paiement seront consacrés au SCALP EG en 2001, en fonction d'une commande globale pluriannuelle de 450 missiles passée en 1997 pour 3.780 millions de francs. Ce missile de croisière à longue portée sera livré à partir de 2003.

Le programme AASM recouvre une famille d'armements modulaires de portée intermédiaire. Construites autour de corps de bombes, les armes comprennent un kit de guidage (GPS ou imagerie infrarouge) et un kit d'accroissement de portée. Ce programme est commun à la Marine et l'Armée de l'Air et a fait l'objet d'une première commande globale en 2000 (496 air et 248 marine) sur des objectifs de 2000 exemplaires air et 1000 exemplaires marine. Le coût total du programme est de 3,019 milliards de francs (développement 1,168 milliards de francs, production 1,851 milliards de francs), strictement réparti 2/3-1/3 entre les deux clients. Dans le budget 2001, 231 millions de francs de crédits de paiement et 11 millions de francs d'autorisations de paiement sont destinés à ce programme.

2. Armement Air-Air

Le missile MICA, dont les livraisons à l'Armée de l'Air ont commencé en décembre 1999 à la suite d'une commande de cent vingt-cinq exemplaires en 1997, remplacera à terme à la fois les missiles S 530D (électromagnétique) et MAGIC 2 (infrarouge) actuellement en service mais dont tous les exemplaires commandés ont été livrés. Il doit sa double capacité à un autodirecteur interchangeable et offre la capacité "tiré oublié". Il constituera l'armement principal du Mirage 2000-5 et du Rafale dans leur mission de défense aérienne ainsi que l'armement d'autodéfense du Rafale dans les missions air-sol. Le nombre total d'exemplaires prévus est de 1070 (600 électromagnétiques et 470 infrarouges), dont 125, en version électromagnétique, auront été livrés à la fin de 2001. Ce missile a aussi été commandé par Taiwan (960), le Qatar (96) et les Emirats Arabes Unis (500). L'ensemble du programme coûtera 9,479 milliards de francs à l'Armée de l'Air, dont 66 millions de francs d'autorisations de paiement et 313 millions de francs de crédits de paiement.

Le Royaume Uni et la France coopéreront à la mise au point du Meteor (MIDE missile d'interception à domaine élargi), qui devrait équiper à l'horizon 2010 les armées de l'air des deux pays.

3. Missiles sol-air

Pour la défense des bases aériennes et des points sensibles, l'Armée de l'Air est actuellement équipée de missiles Sol-Air courte portée (SACP) Crotale, et Sol-Air à très courte portée (SATCP) Mistral. Ces armements peuvent être déployés pour la protection des moyens déployés, tout particulièrement le Mistral. Ce dernier missile dans son tube est transportable par un homme et le poste de tir est soit un trépied, également portable par un homme, soit un véhicule Aspic équipé d'un affût à quatre tubes.

En fin de programme, l'Armée de l'Air aura reçu 1090 missiles Mistral. Les 240 derniers d'entre eux seront livrés en 2001. 750 des missiles sont conformes au standard M2, en production depuis 1997. Une étude sur la modernisation à mi-vie des Mistral est en cours. L'Armée de l'Air, avec 32% de part du programme, aura ainsi dépensé 1,5 milliard de francs, dont 59 millions de francs de crédits de paiement pour l'année 2001.

A partir de 2010, la défense des points sensibles de l'Armée de l'air sera assurée par le Sol-Air moyenne portée terrestre (SAMP/T). Ce système, dont l'arme est le missile Aster 30, prendra en compte une menace saturante et omnidirectionnelle provenant d'avions et de missiles furtifs fortement manoeuvrants dans un contexte de guerre électronique totale.

Le SAMP/T est un programme franco-italien en intégration dans l'Organisme Conjoint de Coopération en matière d'Armement (OCCAR), développé en commun avec l'armée de terre. Il fait partie de la Famille sol air futur (FSAF) qui équipe aussi le Porte-avions Charles de Gaulle. La portée de l'Aster 30 est de quarante-cinq kilomètres contre un avion de combat et de quatre-vingt contre un gros porteur, Le système possède une bonne capacité de traitement multicibles et un faible temps de réaction (huit secondes en moyenne). La mise en service opérationnel aura lieu en 2006 dans l'armée de terre et en 2008 dans l'Armée de l'Air. A terme, cette dernière sera équipée de sept conduites de tir, 28 lanceurs et 450 missiles. Une commande globale devra avoir lieu en 2002 (280 missiles et sept systèmes pour l'Armée de l'air).

Son coût total est estimé à près de vingt-huit milliards de francs, la part Air se montant à 2,243 milliards pour le développement et 8,983 milliards pour la production. En 2001, 301 millions de francs d'autorisations de programmes sont prévus, ainsi que pour les crédits de paiement, 66 millions consacrés à la production et 287 millions pour la fabrication.

* 1 Les GBU sont des bombes américaines, standard de fait de l'OTAN, GBU 12 =250 kg, GBU 16 = 500 kg, GBU 22 et GBU 24 = 1000kg. L'AS 30 Laser est un missile produit par EADS

* 2 Une commande de 40 AS 30 L équipés d'une charge et d'un propulseur sécurisés (muratisée) avait été effectuée en 1997. La livraison initialement prévue en 2001 est repoussée à septembre 2001.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page