II. LE COMMERCE : UNE CROISSANCE SOUTENUE

En 2000, la croissance du chiffre d'affaires du commerce a été de nouveau notable. Mais, à la différence des deux années précédentes, cette croissance se répartit diversement sur les trois composantes du commerce. En effet, en 2000, la forte hausse de certains prix, en particulier du pétrole, a modifié les comportements. Le commerce de détail progresse (+ 2,8 % en volume), grâce notamment aux ventes de carburant des grandes surfaces. La progression de l'emploi salarié a été exceptionnelle dans ce secteur (+ 6,5 %). A l'inverse, le commerce automobile, qui inclut les stations-service, maintient juste son activité de l'année précédente (+ 0,7% en volume). Les ventes du commerce de gros sont en forte progression (+ 7,4 % en valeur), en partie en raison de la hausse des prix des matières premières. Mais une fois neutralisé cet effet, sa croissance prolonge celle des années précédentes, dans le sillage du dynamisme de l'investissement : + 5,5 % en volume.

Le dynamisme des créations d'emplois dans le commerce s'est renforcé l'an dernier : au cours de l'année 2000, les effectifs salariés se sont accrue de 96.000 personnes -dont 88.000 dans le commerce de détail-. Cette augmentation de 4% entre fin 1999 et fin 2000 est égale à celle de l'ensemble de l'économie. Fin 2000, le commerce employait 2.765.000 salariés et 455.000 non salariés. En outre, 220.000 personnes travaillaient dans l'artisanat commercial (boulangeries, pâtisserie et charcuteries). Plus d'un emploi sur huit se situe donc dans le commerce.

A. LE RALENTISSEMENT DU SECTEUR AUTOMOBILE

Le commerce de véhicules automobiles a peu progressé en 2000 (+ 0,6 % en volume après + 5,1 % en 1999). Avec 2,13 millions d'immatriculations, le marché des voitures particulières neuves est en léger retrait par rapport au record de l'année précédente. La suppression du millésime a modifié le profil saisonnier des achats mais n'a pas eu d'effet sur les ventes annuelles. Les acheteurs de voitures neuves ont bénéficié de la stabilisation des prix et de la suppression de la vignette automobile. Ils se sont davantage portés sur les voitures françaises, les ventes des importateurs marquant le pas.

Le commerce spécialisé dans l'entretien et la réparation automobile croît modérément (+ 1,6 % de même qu'en 1999), comme ses concurrents, les ateliers des concessionnaires et les centres de poses de pièces détachées. Après quatre années de croissance exceptionnelle, le commerce et réparation de motocycles subit un coup d'arrêt, avec des immatriculations de motocycles en baisse.

Le commerce de détail de carburants est en recul (- 0,8 % en volume). Il a souffert de l'envolée du prix des carburants ; celle-ci n'a été enrayée qu'en fin d'année par la baisse du prix du baril, la remontée du cours de l'euro, et une baisse de la fiscalité. La concurrence que lui opposent les grandes surfaces s'est nettement renforcée.

B. LE COMMERCE DE DÉTAIL EN EXPANSION

Bonne performance des supermarchés

Les grandes surfaces d'alimentation générale ont poursuivi leur croissance à une rythme plus modéré (+ 1,9 % en volume ). Le parc de grandes surfaces s'est peu modifié, les ouvertures et extensions de magasins restant soumises à autorisation. Les hypermarchés ont accru leur surface de vente de 1,8 %, surtout par extension, et avec l'ouverture de quatre nouveaux magasins ; le parc de supermarchés ne compte que 67 magasins supplémentaires, pour la plupart des maxidiscomptes. De nombreuses grandes surfaces ont changé d'enseigne, en raison des mouvements de restructuration de l'année 2000. Cependant, ces mouvements n'ont pas beaucoup modifié la répartition entre succursalistes et réseaux de magasins indépendants.

Bien que la consommation alimentaire ait ralenti, les supermarchés ont bien progressé dans ce domaine (+6,6 % en valeur), davantage que les hypermarchés (+2,2 % en valeur). Les supermarchés ont bénéficié d'un regain des achats de proximité, comme les petites surfaces d'alimentation générale, qui ont confirmé leur résistance en amorçant une légère progression. Les supermarchés ont, par ailleurs, attiré des clients en ouvrant des pompes à essence et en alignant leurs prix sur ceux des hypermarchés. Leur progression sur le marché du carburant est très vive.

Le commerce spécialisé toujours en forte croissance

L'ensemble des magasins spécialisées a réalisé de nouveau une belle performance (+ 3,9 % en volume, comme en 1999). Leurs concurrents, les hypermarchés, ont accru leurs parts de marché, mais leur croissance sur les produits non alimentaires est due pour l'essentiel au carburant. Alors que le commerce de l'habillement-chaussures n'a pas enregistré de nouvelle croissance, toutes les composantes des autres équipements de la personne (la maroquinerie, l'horlogerie-bijouterie, l'optique-photographie et la parfumerie) sont en forte hausse. L'activité des commerces d' équipement du foyer est restée très dynamique. Celle du meuble (+ 3,8 %) est sensiblement meilleure qu'en 1999. Les commerces de l'électroménager et radio-télévision, après deux excellentes années, affichent toujours une belle progression (+ 10,8 %). Aux achats de renouvellement s'ajoutent les ventes de matériel électronique de loisir incorporant les nouvelles techniques numérisées de réception et de diffusion (satellites, DVD, etc.).

L'ensemble constitué des commerces de culture, loisirs et sports reste soutenu après deux années de croissance élevée, malgré un certain tassement en 2000 de la progression du commerce de sport et loisirs (+ 3,9 %). les commerces spécialisées dans les produits divers poursuivent leur progression (+ 9,3 %). Ils sont portés depuis trois ans par la consommation de jeux vidéos, et le succès de la téléphonie et de la micro-informatique, conjugués à une baisse de prix pour tous ces produits. A l'opposé, l'activité du commerce des livres-journaux-papeterie progresse faiblement pour la deuxième année consécutive (+ 0,6 %).

Les ventes dans l'aménagement de l'habitat continuent à augmenter, toutefois moins vite que les années précédentes. Les grandes surfaces de bricolage ont été très actives (+ 4,2 %), comme les quincailleries (petites surfaces) (+ 3,5 %).

L'activité des autres magasins spécialisées dans les produits non alimentaires reste soutenue grâce au dynamisme du commerce des biens d'occasion (+ 9,9 %), tandis que l'activité du commerce des combustibles accuse une chute de 12 % en volume, en raison de la forte hausse des prix des produits pétroliers et de la concurrence des grandes surfaces.

Les grands magasins confirment leur croissance, grâce notamment à la progression de leurs ventes de vêtements. L'année 2000 est une année morose pour la vente par correspondance (- 0,4 % en volume) après une année déjà décevante. Cette perte de vitesse est à rapprocher de la plus grande concurrence dans la distribution des articles textiles, tandis que le démarrage du commerce électronique, sur laquelle elle s'est engagée, reste lent.

La croissance de la pharmacie est en accélération (+ 8,1%) : la consommation des ménages est en forte hausse, malgré les mesures prises pour ralentir les dépenses de médicaments qui constituent 93 % des ventes des pharmacies. Le recours progressif aux médicaments génériques a permis une légère baisse des prix.

C. LE COMMERCE DE GROS TOUJOURS DYNAMIQUE

Les ventes de marchandises du commerce de gros ont encore été dynamiques : +5,5 % en volume après + 6,2 % en 1999 et + 9,5 % en 1998. Comme les années précédentes, la vigueur de la demande intérieure est favorable à ce commerce, qui intervient dans la réalisation des importations. Un fait constant est la contribution prépondérante des biens d'équipement à ce dynamisme. Par contre, cette année, celle des produits alimentaires est devenue très faible.

L'activité du commerce de gros de biens d'équipement professionnel , établie à un rythme très élevé depuis 1997, maintient sa croissance au-dessus de 15 %. Cette progression exceptionnelle depuis quatre ans est sous-tendue par la poursuite de l'investissement des entreprises, très dynamique tout au long de l'année 2000 et par la demande des particuliers en micro-ordinateurs et appareils de téléphonie. Accompagnées d'une nouvelle forte baisse de prix, les ventes des grossistes en matériel de bureau et informatique ont fortement augmenté (+ 27,9 %) sans pourtant rééditer les scores des deux années précédentes. La demande intérieure en équipement informatique s'est accrue de 22 %, en se tournant plus volontiers vers les produits importés.

Les ventes des grossistes en biens de consommation non alimentaires ont augmenté fortement pour la quatrième année consécutive (+8,4% en volume) ; le ralentissement de la consommation des ménages a épargné ces produits. Tous les secteurs concourent à ce dynamisme, particulièrement vif dans le commerce de gros d'électroménager. Le volume des ventes des grossistes en produits pharmaceutiques continue de croître fortement (+8,8 %). Les échanges extérieurs intra-communautaires, qui sont pour une bonne part le fait des filiales commerciales des groupes, sont en vive progression.

L'activité du commerce de gros de biens intermédiaires non agricoles , qui avait retrouvé depuis 1997 une bonne vigueur, ralentit un peu en 2000 (+2,4% en volume). Le dynamisme de la construction et de la production manufacturière n'a pas fait défaut. Mais la hausse des prix de certaines matières premières et la faiblesse de l'euro ont pesé sur les prix. Ceci a ralenti l'activité des domaines liés aux matières plastiques, aux produits chimiques et au papier carton. L'activité du commerce de gros de combustibles a ralenti (+2,6% en volume), subissant la hausse du cours mondial du pétrole brut. Les ventes des grossistes en produits pour l'installation de l'habitat et la construction confirment leur franche reprise (+6,2% en volume). Celle-ci va de pair avec la croissance de la construction de locaux non résidentiels et celle de l'entretien-amélioration de l'habitat : la tempête de fin 1999 a rendu nécessaires un grand nombre de travaux.

Les ventes du commerce de gros de produits alimentaires , après deux années un peu plus favorables, renouent avec une relative atonie (+0,4 % en volume), qui reflète celle de la consommation des ménages en produits alimentaires. Les fluctuations de cette activité sont liées aux crises sanitaires. Ainsi, la diminution du volume des ventes des grossistes en viandes s'est accrue (-6 %) ; elle s'est accompagnée d'une forte augmentation des prix.

Les ventes du commerce de gros de produits agricoles bruts ont baissé en volume (-2,3 %). Cette baisse prolonge le fort ralentissement de 1999, après deux années de croissance vigoureuse. Les ventes ont légèrement augmenté en valeur (+2 %) du fait de la hausse des prix des produits agricoles, intervenue après trois années de baisse.

Le volume des ventes des centrales d'achats est en forte augmentation (+8,6 %) pour la cinquième année consécutive. En 2000, les bonnes performances de ce secteur sont surtout le fait des centrales d'achats non alimentaires. Parmi celles-ci, les centrales d'achats spécialisées dans l'approvisionnement des stations-service des grandes surfaces ont assuré 15 % de la distribution intérieure de carburant : la hausse du prix des carburants a provoqué sur une partie de l'année des reports d'achats vers les grandes surfaces au détriment des réseaux de raffineurs.

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