II. UNE STRATÉGIE COMMERCIALE À AFFINER

A. QUELLE SPÉCIALISATION SECTORIELLE ET GÉOGRAPHIQUE ?

1. Une spécialisation industrielle et agroalimentaire sur des secteurs qui ne sont pas les plus porteurs

La typologie des échanges mondiaux oppose les produits issus des nouvelles technologies, en phase de décollage, et les industries plus anciennes, d'un poids plus important mais en déclin relatif. Si la France enregistre des réussites dans les télécommunications et l'aéronautique, elle n'est pas toujours bien orientée sur les secteurs les plus dynamiques.

De fait, les secteurs ayant enregistré la plus forte croissance sur la décennie écoulée sont l'informatique, les biens d'équipement électriques mais surtout l'électronique et les télécommunications , avec des taux de progression compris entre 150 % et 320 % sur dix ans 11 ( * ) ! Sur ces différents produits, la France a enregistré des reculs plus ou moins prononcés de sa position concurrentielle.

Quant aux secteurs traditionnels d'exportation de la France, leur croissance a été moindre et leur poids a eu tendance à régresser dans les échanges mondiaux : + 36 % pour l'agroalimentaire , dont la part dans le commerce mondial a décliné de 2,8 points depuis 1991 (à 7,1 %) et qui a été supplanté en 2000 par les biens d'équipement industriels (+ 56 %) ; et + 74 % pour l'automobile , principal produit échangé avec 10,7 % du commerce mondial.

Mais, sur ces secteurs, les positions de la France sont également contestées. Si elle reste le deuxième exportateur mondial de produits agroalimentaires, sa part a décliné de près de trois points en dix ans (à 8,3 % des exportations mondiales). On peut d'ailleurs noter que, sur la période, la part des produits des industries agroalimentaires s'est nettement accrue au détriment des produits agricoles. Ainsi, les matières premières agricoles ne représentent plus aujourd'hui que 28 % de nos exportations agroalimentaires, contre 36 % en 1990.

Par ailleurs, la France est devenue le cinquième fournisseur mondial de machines pour l'industrie (5,2 % en part, soit - 0,9 point) et d'automobiles (7,1 %, soit - 1,5 point). Toutefois, il faut reconnaître que la part française a progressé dans l'aéronautique (la France étant le deuxième fournisseur mondial, occupant 13,9 % du marché, soit un gain de  0,8 point). Mais la très grande concentration de son avantage en produits technologiques sur l'aéronautique et le spatial représente une fragilité pour notre pays.

Votre rapporteur pour avis s'interroge sur l'opportunité de l'actuelle spécialisation sectorielle française. Entamer une réflexion sur ce point lui paraît répondre à une nécessité stratégique.

Il relève que la France reste spécialisée sur des secteurs héritiers de la deuxième révolution industrielle et semble négliger de se positionner sur les secteurs d'avenir que sont les biotechnologies et le numérique, qui sont pourtant des secteurs adaptés à nos avantages comparatifs (employant une main d'oeuvre qualifiée et bien payée) et susceptibles, par ailleurs, d'apporter des gains de productivité. Quels doivent être les secteurs d'excellence français pour l'avenir ?

* 11 Source : le MOCI, n° 1536, 7 mars 2002.

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