D. LES LIMITES RENCONTRÉES PAR LA PROMOTION DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR FRANÇAIS

1. La promotion à l'étranger par Edufrance devrait être prolongée

C'est la seule mission vraiment réussie de ce GIP fondé en 1998 : 84 bureaux ont été ouverts dans 36 pays, appuyés par les postes diplomatiques. Edufrance a activement participé à de nombreux salons de l'éducation dans le monde : Argentine, Mexique, Chili, Pérou, Brésil, Inde, Hong Kong, Taïwan, Etats-Unis, Canada, Portugal en 2002, à titre d'exemple. Mais Edufrance n'a jamais bénéficié du personnel stable et compétent nécessaire à la réussite d'une action qui doit être menée, comme toute campagne de publicité, avec des moyens adaptés et sur une durée suffisante.

2. Les bourses

Les efforts consentis en matière de bourses sont inférieurs aux besoins et aux attributions effectuées il y a seulement 10 ans. Les mesures nouvelles de 500 000 euros demandées pour les deux programmes Major et Eiffel sont primordiales ; à défaut, de nombreux candidats de grande valeur seront rejetés par la France et rejoindront les universités étrangères concurrentes. En 2003, 200 candidats bacheliers des écoles du réseau de l'AEFE auraient pu prétendre, du fait de la qualité de leur dossier, à une des cent bourses d'excellence qui couronnent les études françaises entamées dès l'enfance et dont le financement partiel a représenté un investissement lourd pour la France. Pour le valoriser il aurait fallu assurer la poursuite des études supérieures en France dont on sait qu'elles sont le vivier des francophones et des francophiles partenaires de la France dans le monde.

En l'absence de mesure nouvelle, aucune montée en puissance n'est possible dans ce secteur crucial des bourses de longue durée où les engagements pris en faveur de chaque promotion s'ajoutent à ceux pris les années précédentes . Si des crédits nouveaux ne sont pas programmés, le programme s'essouffle et les promotions nouvelles sont sacrifiées.

3. Les modalités d'attribution des visas et d'accueil en France doivent être améliorées

* Les services de visas , surtout dans les pays émergents, sont dans une situation difficile. La France voudrait attirer des étudiants de ces pays alors que les agents ont pour mission première de faire barrage aux flux migratoires. Les deux missions sont contradictoires et, pour un agent de guichet débordé de travail, rien ne ressemble plus à un immigrant clandestin potentiel qu'un jeune demandeur de visa d'études. Tant que les consulats seront les parents pauvres des postes diplomatiques, et les services de visas, les parents pauvres des consulats, il n'y a guère d'espoir à nourrir. Le premier contact du futur étudiant avec la France sera la file d'attente, et le dossier jugé incomplet, car un agent excédé y trouvera toujours une lacune.

* L'accueil en France pêche dans les établissements où l'accueil et l'aide à l'adaptation du nouvel étudiant, qu'il soit Français de France, Français de l'étranger ou jeune étranger, est encore rarement conçu par les universitaires comme une tâche noble et prioritaire. L'une des difficultés majeures, qui touche tous les étudiants, est le logement. Les cités universitaires affichent « complet » et la location dans le secteur privé relève de l'exploit, surtout à Paris et dans les grandes métropoles de province, où les garanties et cautions demandées par les propriétaires relèvent de l'impossible aussi bien pour les jeunes Français de l'étranger que pour les étudiants étrangers. Le Cnous doit mettre en oeuvre des procédures qui facilitent le logement de ces étudiants car l'éloignement de leur famille les pénalise terriblement.

Dans de telles conditions, le fait que l'enseignement supérieur public français soit quasiment gratuit n'est pas un atout . Aux yeux de l'étudiant asiatique et de sa famille, un produit gratuit ne peut guère être perçu comme un produit de qualité. Si, de plus, les conditions d'accès au territoire français, d'accueil dans l'établissement et d'accès au logement sont trop difficiles, les familles des étudiants « solvables », cibles quelque peu fantasmatique d'Edufrance dans sa version originelle, continueront de préférer à payer cher une université australienne ou nord-américaine, avec la garantie de l'accueil et d'un diplôme, plutôt que de tenter l'aventure française.

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