E. L'INITIATIVE INTÉRESSANTE DE LA DIFFUSION DE FILMS FRANÇAIS PAR INTERNET

Afin de renforcer la diffusion culturelle du cinéma français dans le monde, le ministère des Affaires étrangères a mis en place, à titre expérimental, un nouvel outil de diffusion de films via Internet, qui va considérablement faciliter et réduire le coût de l'organisation de projections publiques par le réseau et leurs partenaires locaux (cinémathèques, universités, musées, etc) et compléter l'offre classique de films en 35 mm proposée par le bureau du film.

« Universcine.com »est un site développé par la société « Le meilleur du cinéma français », qui regroupe 34 producteurs indépendants français parmi les plus reconnus. L'objectif est le développement d'un site Internet nommé www.universcine.fr qui proposera un service de VOD (Video On Demand) pour les films français en France. La fenêtre de diffusion « VOD » se développe très fortement dans notre pays grâce à l'extension du haut débit, et ces producteurs ont donc souhaité contrôler directement ce nouveau mode de distribution.

A l'international, le ministère des Affaires étrangères a proposé un partenariat aux responsables de ce projet (les producteurs François Marquis et Jean-Luc Ormières) pour mettre à la disposition du réseau un certain nombre de films français récents pour des projections publiques non commerciales. Ceci afin de compléter l'action de diffusion classique en 35 mm, qui est limitée par ses coûts et reste inabordable pour certains postes très enclavés.

A terme, cette opération est susceptible de déboucher sur le développement à l'étranger d'un réseau de diffusion commerciale de films français par VOD, « point à point », soit directement auprès des consommateurs, à savoir les cinéphiles internautes francophones dans le monde entier.

Les films proposés :

Pour le lancement de cette expérience, le département a acquis les droits de projection non commerciale de 80 films dans le cadre d'une convention avec « Le meilleur du cinéma français ». La liste s'efforce de proposer une palette de films indépendants français les plus remarqués de ces dernières années, dont, par exemple, « Vénus Beauté », « Marius et Jeannette », « L'emploi du temps », « Ressources humaines », « Betty Fischer et autres histoires », « La vie rêvée des anges », « La répétition », « Petites coupures », « Reines d'un jour », « Quand on sera grand », ou encore des films de réalisateurs étrangers coproduits par la France comme « Le fils », « Satin rouge », « Intervention divine » ou « L'autre ».

Les droits de projection publique non commerciale via téléchargement de ces 80 films (« VOD institutionnelle ») ont été acquis par le département pour un an (jusqu'en février 2005). Ils pourront bien sûr être renouvelés.

Il est important de souligner qu'à chaque film correspond une liste de territoires disponibles particulière, en fonction des ventes à des distributeurs locaux. La liste des films est jointe en annexe, ainsi que les territoires disponibles pour chacun d'entre eux. Au moment de l'utilisation du site, un logiciel permettra la détection territoriale de l'utilisateur et gèrera la restriction.

Pour cette première année, le coût des droits et du téléchargement est entièrement pris en charge par le département. L'utilisation de ces films est donc totalement gratuite pour le réseau : il faut toutefois savoir que chaque téléchargement de film coûtera 4 € de frais de « transport » au département. En fonction de la demande effective, les coûts du téléchargement et des droits seront progressivement partagés avec les postes à la suite de cette première année.

Cependant, cette initiative intéressante se heurte à des problèmes techniques, notamment en ce qui concerne la ligne Internet. Afin de disposer d'un support d'une qualité quasiment équivalente au DVD, le taux de numérisation choisi pour les films est lourd : 1,5 Mega Bits/seconde. Il exige donc une connexion d'un débit minimal de 512 kilos bits/seconde. Avec une telle ligne, non partagée (en utilisation nocturne par exemple), il faut compter une durée de téléchargement de 5 à 6 heures pour un film de 90 minutes.

Actuellement, l'autorisation de diffusion concerne un ordinateur en particulier (déterminé lors de la première connexion) qui est identifié automatiquement par le site à chaque connexion.

Ultérieurement, selon une procédure analogue, l'intérêt sera la possibilité de faire inscrire certains des partenaires culturels locaux (universités, musées, cinémathèques, etc) qui s'engageraient à organiser régulièrement des projections non commerciales de films français.

En ce qui concerne le téléchargement du film, compte tenu des craintes légitimes de piratage des films par Internet, un dispositif de protection des contenus a été mis en place : il est important de souligner qu'il n'aurait pas été possible, sans ces garanties, de convaincre les ayants droit de participer à cette expérience.

Ainsi afin de pouvoir exploiter un film, deux fichiers doivent donc être téléchargés :

- le fichier du film, qui mobilisera en moyenne 1,54 giga octets de mémoire sur le disque dur de l'ordinateur. En l'état, ce fichier est crypté et donc inutilisable. Il peut être conservé indéfiniment pour d'éventuelles autres projections du film. Il peut être gravé sur un DVD Rom ;

- la clé d'autorisation : seule cette clé permettra à l'usager de décrypter le film. Elle est attribuée exclusivement à l'ordinateur qui la sollicite et reste valide pendant sept jours.

Plusieurs problèmes techniques peuvent donc être envisagés :

- si la ligne Internet haut débit accède à la cabine de projection, le film peut être projeté directement depuis l'ordinateur connecté au vidéo projecteur ;

- dans le cas contraire, il faut envisager l'utilisation d'un ordinateur portable, qui serait utilisé pour le téléchargement du film et de la clé puis transporté et connecté au vidéo projecteur au moment de la projection ;

- en ce qui concerne les partenaires locaux, plusieurs procédés peuvent être envisagés : soit, ils possèdent une ligne haut débit qui leur permet de télécharger directement le film et la clé. Si ça n'est pas le cas, le poste peut mettre à leur disposition le fichier du film gravé sur un DVD : il ne leur resterait plus qu'à télécharger la clé d'autorisation, ce qui peut se faire avec une ligne Internet bas débit.

A noter : le ministère des Affaires étrangères, en tant qu'administrateur du site, aura accès à toutes les informations sur les téléchargements de films effectués par les utilisateurs. Des statistiques d'utilisation précises pourront ainsi être faites par pays, par film, par utilisateur, par ayant droit, etc. Cette visibilité offre aussi des garanties : en cas de téléchargements intempestifs qui feraient apparaître des irrégularités dans l'exploitation effective de ces films localement, un utilisateur peut se voir bloquer à tout moment l'accès au site.

En ce qui concerne les sous-titres , dans une premier temps, le site proposera deux fichiers distincts pour chaque film : la version originale et la version originale sous-titrée en anglais.

A terme, un logiciel permettra de synchroniser automatiquement des sous-titres avec un film. Il permettra de télécharger uniquement le fichier des sous-titres en plus d'un film. L'intégration d'autres versions, notamment des sous-titres français et espagnols, est donc prévue dans ce cadre à moyen terme.

Les services annexes proposés par le site , Universcine.fr a vocation à devenir une vitrine du cinéma indépendant français sur Internet, avec un contenu éditorial fort sur les films en cours de réalisation. Les usagers à l'étranger pourront donc y trouver toute une série d'informations annexes sur les films (synopsis, fiches techniques, photos, interviews, etc) qui leur permettront de mieux préparer leurs projections et communiquer avec la presse.

A terme, toute une série de services « premium » pourraient être envisagés à partir de ce site : avant-premières de films récents, programmations thématiques, cartes blanches, etc.

Bien utilisée et surtout en installant localement des outils informatiques bien adaptés (notamment à haut débit), cette innovation peut être un élément intéressant de diffusion de la culture française à l'étranger.

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