B. LA FORMATION D'APPRENTI JUNIOR : UNE AUTRE VOIE DE RÉUSSITE, À ENCADRER DE GARANTIES SOLIDES

1. Les leçons tirées des dispositifs de préapprentissage ou d'alternance existants

La formation d'apprenti junior prend appui sur d'autres expériences de formations alternées dont les atouts et les limites éclairent l'examen du dispositif proposé par le présent projet de loi.


Le bilan mitigé des CLIPA et  CPA

Dans un rapport de 2003 3 ( * ) , l'Inspection générale de l'éducation nationale (IGEN) relève ainsi que « l'alternance a toujours figuré dans l'offre de formation » au sein du collège unique, sous des appellations diverses :

- les classes préprofessionnelles de niveau (CPPN) et classes préparatoires à l'apprentissage (CPA), mises en place en 1972 ;

- les classes de 3 e d'insertion ou 3 e à projet professionnel ;

- les classes d'initiation préprofessionnelle en alternance (CLIPA), instituées dans le cadre de la loi quinquennale de 1993.

Perçues comme des voies de relégation, ces structures ont vu leurs effectifs chuter : alors que près de 167 000 élèves sont inscrits en CPPN ou CPA en 1983, ils sont moins de 55 000 en 1991. Le ministère de l'éducation en tire les conséquences en généralisant la fermeture des CPPN en 1991.

La poursuite de l'érosion des effectifs des CPA et CLIPA, dont les effectifs stagnent, depuis dix ans, à 10 000 élèves environ, souligne la nécessité de rénover ces dispositifs pour les rendre plus attractif et mieux adaptés aux exigences de la scolarité obligatoire .


Les dispositifs d'alternance au collège

M. Luc Ferry, alors ministre de l'éducation nationale, a relancé, à la rentrée 2003, les dispositifs proposant à des élèves de 4 e une alternance entre :

- des enseignements généraux au collège,

- et une découverte des métiers, sous la forme de séquences ou de stages réalisés en lycée professionnel et/ou en entreprise.

La circulaire de préparation de la rentrée 2003 4 ( * ) en définit la finalité : « Pour des raisons diverses, de nombreux élèves du collège perdent pied, voire se signalent par leur absentéisme. Parmi eux, beaucoup présentent une réelle motivation pour des activités plus concrètes. Une approche adaptée de l'enseignement au collège peut alors offrir les conditions d'une formation mieux adaptée à leurs goûts personnels et leur permettre d'élaborer un projet d'orientation ».

L'Inspection générale a établi, dans un récent rapport 5 ( * ) , un bilan globalement positif de ces dispositifs : « il est indéniable que l'alternance constitue un outil efficace pour permettre à des élèves en difficulté de reprendre confiance en eux et de progresser » , dès lors que sont réunis plusieurs facteurs de réussite :

- une forte mobilisation des équipes éducatives ;

- la qualité de l'implication des entreprises qui accueillent les élèves ;

- l'engagement des familles.


Le modèle des Maisons familiales rurales

Enfin, il est intéressant de relever, au moment de l'examen du présent projet de loi, l'expérience des Maisons familiales rurales (MFR) qui proposent, dès l'âge de 14 ans, des formations en alternance (deux semaines en entreprise, deux semaines en classe) relevant du ministère de l'agriculture.

Les résultats des MFR en termes de socialisation, de qualification et d'insertion professionnelle ne sont plus à démontrer. Cela passe notamment par une relation très étroite entre les parents, les maîtres de stage ou d'apprentissage et l'équipe de formateurs. Un « moniteur » assure la liaison entre ces différents partenaires de la formation.

De fait, les MFR connaissent une évolution dynamique de leurs effectifs qui traduit leur attractivité. Elles accueillent, en 2005, près de 50 000 élèves, dont 9 800 apprentis ou préapprentis, notamment dans des formations relevant de l'éducation nationale.

* 3 « Les dispositifs de formation en alternance au collège », René Cahuzac, Jean-Paul Dalahaye, Brigitte Doriath, Janvier 2003.

* 4 Circulaire du 28 mars 2003.

* 5 « La mise en place de la formation en alternance au collège », Inspection générale de l'éducation nationale et Inspection générale de l'administration de l'éducation et de la recherche, Philippe Forstmann, Michel Georget, René Cahuzac, Michèle Metoudi, Juin 2005.

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