II. DES POLITIQUES SCOLAIRES PROFONDÉMENT RÉFORMÉES, QUI RENDENT NÉCESSAIRES LA CONCERTATION ET L'ÉVALUATION

Dans un contexte où se succèdent des réformes particulièrement ambitieuses, votre rapporteur estime que la concertation et l'évaluation doivent faire partie des priorités du ministère de l'éducation nationale.

Au cours des auditions auxquelles il a procédé afin de préparer le présent rapport, un consensus s'est en effet formé sur ces deux exigences :

- la concertation, que le ministère de l'éducation nationale a su engager, sur chaque sujet, avec un nombre substantiel d'interlocuteurs syndicaux doit être poursuivie et s'étendre aux collectivités territoriales, qui n'ont pas toujours le sentiment d'être associées aux décisions qui les concernent. La communauté éducative pourra ainsi se rassembler autour de son École ;

- l'évaluation fait encore trop souvent défaut. Elle est pourtant indispensable afin de prendre des décisions pleinement éclairées, notamment lorsqu'il s'agit de généraliser un dispositif précédemment expérimenté. Le succès des réformes sera ainsi garanti.

A. UNE ÉCOLE EN PROFONDE MUTATION

Le présent rapport n'ayant pas pour objet de rappeler le détail des mesures prises par le ministère de l'éducation nationale, votre rapporteur ne fera que rappeler les contours des deux grands chantiers ouverts par le ministère, outre le développement de l'accompagnement individualisé, évoqué plus haut.

1. Une école primaire refondée

L'école primaire fait l'objet d'une refondation extrêmement ambitieuse, qui tire toutes les conséquences des enquêtes et comparaisons internationales récentes.

Le remarquable rapport du Haut conseil de l'éducation sur les résultats de l'École en 2007 formulait en effet une série de constats particulièrement sévères, qui venaient confirmer les conclusions des études internationales PIRLS et PISA.

Prenant acte de ces rapports, M. Xavier Darcos a engagé une profonde réforme de l'école primaire, fondée sur deux piliers :

- la refonte des programmes, dont votre commission a eu à connaître, qui a permis de centrer à nouveau les enseignements sur les fondamentaux dont la maîtrise conditionne la réussite au collège ;

- la réforme de la semaine scolaire, qui a permis, grâce à la concentration des programmes induite par le recentrage sur les fondamentaux, de dégager deux heures par semaine pour le suivi individualisé des élèves en difficulté.

Outre ces deux réformes, le ministère de l'éducation nationale a également souhaité modifier les évaluations dans le primaire, afin de mieux suivre la progression des élèves et de disposer de données solides sur l'effet des réformes.

Votre rapporteur se félicite de ces réformes, qui permettront d'offrir à l'école républicaine le socle solide dont elle a besoin et qui a longtemps fait sa force.

2. Une réforme du lycée encore « en pointillé »

Outre la réforme de l'enseignement professionnel, évoquée en troisième partie du présent rapport, le ministère de l'éducation nationale a engagé une refonte de l'organisation des enseignements au sein du lycée général et technologique.

Un double constat préside à cette réforme :

- le lycée général et technologique prépare mal à la poursuite d'études supérieures, le taux d'échec dans le supérieur restant encore trop élevé ;

- les filières du cycle terminal sont déséquilibrées, le primat de la série scientifique tendant désormais à marginaliser définitivement la série littéraire dans un contexte de progression de la série économique et sociale.

Les contours de la réforme commencent à se préciser, mais les informations disponibles ne portent pour l'heure que sur la seule classe de seconde. Son évolution est envisagée à partir des deux principes suivants :

- la nouvelle année scolaire comportera deux semestres, qui chacun seront scandés par deux conseils de classe, le premier permettant de faire le point sur la scolarité de l'école, le second d'aborder l'orientation de l'élève. Ces deux semestres seront séparés par une semaine d'intersemestre qui permettra d'offrir un soutien scolaire renforcé, de proposer une aide méthodologique, d'approfondir les questions d'orientation ou d'approfondir certains sujets via un travail interdisciplinaire ;

- la nouvelle semaine scolaire s'organisera autour de trois ensembles : des enseignements généraux de tronc commun, d'une durée totale de 21 heures ; des enseignements complémentaires sous forme modulaire, d'une durée globale de 6 heures ; un accompagnement personnalisé de 3 heures hebdomadaires.

Votre rapporteur se réjouit de ces premières orientations ambitieuses . Pour l'heure, les détails de la réforme n'étant pas connus et son articulation avec le cycle terminal n'étant pas encore précisée, il est encore trop tôt pour juger des effets globaux qu'elle pourrait entrainer.

En tout état de cause, elle permettra aux élèves de découvrir de nouveaux enseignements, puisque les enseignements modulaires pourront être suivis sur un seul semestre.

Cela permettra aux lycéens de mûrir leurs choix d'orientation, à condition toutefois que la logique annuelle ne reprenne le pas ni dans les programmes des modules ni dans les habitudes.

Enfin, votre rapporteur souhaite saluer tout particulièrement le souci d'offrir aux lycéens un accompagnement individualisé, qui sera à n'en pas douter gage de réussite.

Au total, la réforme du lycée général et technologique apparaît particulièrement prometteuse. Votre rapporteur se félicite également qu'elle soit engagée à moyens constants, ce qui permettra de rassurer les personnels sur son orientation purement pédagogique.

3. Un collège qui reste encore le grand absent des réformes

Plusieurs interlocuteurs rencontrés par votre rapporteur lui ont fait part de la nécessité d'engager également une réforme du collège . Si votre rapporteur conçoit qu'il soit difficile de mener de front plusieurs actions de grande ampleur à tous les niveaux d'enseignement, il partage le sentiment d'une nécessaire refonte du collège, dont les dysfonctionnements sont relativement nombreux.

Au demeurant, une telle réforme sera rendue nécessaire par la conjonction, en amont et en aval, de la refondation du primaire et du lycée.

Aux yeux de votre rapporteur, une ambition fondamentale doit présider à cette réforme : la valorisation de toutes les formes d'intelligence, qui sont encore inégalement traitées au niveau du collège.

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