B. DES TERRITOIRES QUI REGORGENT D'ATOUTS

Votre rapporteur pour avis note que les différents rapports limitent trop souvent leur jugement sur l'outre-mer à l'exposé des difficultés de ces territoires. Or il convient également de mettre en avant les nombreux atouts dont ils disposent et qui ne sont pas assez mis en évidence.

Au préalable, on peut souligner que, si les territoires ultramarins connaissent un retard économique et social par rapport à la métropole, leur situation s'est néanmoins largement améliorée par rapport à celle qu'ils connaissaient il y a quelques décennies . Ainsi ils disposent aujourd'hui d'une situation largement plus favorable que celle des Etats voisins.

La meilleure illustration est le fait que les territoires ultramarins subissent aujourd'hui un afflux d'immigrés clandestins. Ainsi, comme le notait le rapport de la commission d'enquête du Sénat sur l'immigration clandestine 8 ( * ) , le PIB par habitant guyanais est 1,3 fois supérieur à celui du Surinam, 15 fois à celui de la Guyana 9 ( * ) ou encore 39 fois à celui d'Haïti. Le PIB par habitant à Mayotte est quant à lui 9 fois supérieur au PIB par habitant comorien 10 ( * ) .

Au-delà de ce constat, l'outre-mer possède de nombreux atouts.

On peut tout d'abord évoquer la jeunesse de la population ultramarine. Du fait de taux de croissance démographies deux à trois fois plus élevés qu'en métropole, la pyramide des âges ultramarine est très différente : ainsi la population guadeloupéenne compte 32,1 % de moins de 20 ans et 60 % de moins de 40 ans.

Ensuite malgré la crise du tourisme que traversent actuellement les territoires ultramarins, on ne peut que souligner leurs atouts en la matière . Outre la beauté de leurs paysages, ils bénéficient d'un environnement sécurisé ou d'un niveau d'équipements particulièrement satisfaisant. La concurrence est certes rude, notamment de la part de la République dominicaine et les dessertes aériennes très certainement insuffisantes, mais le tourisme reste un atout majeur de ces territoires. La crise actuelle devrait d'ailleurs peser sur la situation de ce secteur : déjà affecté par la crise économique qui a induit une baisse de près de 30 % des réservations au dernier trimestre 2008, il subit aujourd'hui les effets du blocage de la Martinique et de la Guadeloupe avec des annulations massives de réservations.

Il convient de relever également le dynamisme de ces territoires quant à la création d'entreprises . Loin du cliché dépeignant les ultramarins comme une population essentiellement assistée, les chiffres montrent une réelle volonté d'entreprendre outre-mer. Le taux de création d'entreprises atteint en effet près de 12 % par an selon les données citées par le Conseil économique et social 11 ( * ) , soit un rythme de création d'entreprises presque deux fois plus important qu'en métropole 12 ( * ) . Cela se traduit d'ailleurs en termes de création d'emplois, avec un rythme de 5 % en 2006.

Enfin les départements d'outre-mer se caractérisent par le développement de secteurs d'excellence , bien loin là encore des clichés si souvent répandus. Dans ces territoires se développent en effet des initiatives et des projets illustrant des stratégies innovantes. Le projet de ce point de vue le plus original est le plan « Réunion 2030 » lancé dans le cadre du Grenelle de l'environnement et qui vise à rendre l'île de la Réunion autonome sur le plan énergétique en 2030.

LE PLAN « RÉUNION 2030 »

En juin 2008 a été présenté le plan « Réunion 2030 - GERRI » (Grenelle de l'environnement à la Réunion : réussir l'innovation), qui vise la suppression de ce territoire des énergies fossiles au profit de sources d'énergies renouvelables.

Coordonné avec les deux principaux atouts et enjeux de l'île, la biodiversité et l'agroalimentaire, il tend à mettre en place un modèle de développement original et à faire de la Réunion un espace d'excellence écologique.

Ce plan se décline en plusieurs thématiques : la maîtrise des consommations, la production et le stockage de l'énergie, les déplacements en modes propres, les écoquartiers et le tourisme. Il constitue donc un outil unique pour mettre en oeuvre l'ensemble des engagements du Grenelle.

Certains comparent l'ampleur de ce projet au projet de centre spatial guyanais et le conseil régional s'est engagé dans un projet de développement vert de l'île avec le schéma énergétique 2025.

Un potentiel identique existe aux Antilles, où des expériences intéressantes sont conduites depuis plusieurs années.

* 8 Rapport n° 300 (2005-2006), « Immigration clandestine : une réalité inacceptable, une réponse ferme, juste et humaine », M. Georges Othily, M. François-Noël Buffet, commission d'enquête sur l'immigration clandestine.

* 9 Ancienne Guyane britannique.

* 10 Alors qu'à l'indépendance des Comores en 1975, Mayotte était l'île la moins développée de l'archipel.

* 11 L'article 35 de la loi constitutionnelle n° 2008-724 du 23 juillet 2008 de modernisation des institutions de la Vème République a transformé le Conseil économique et social en « Conseil économique, social et environnemental ». Les avis cités dans le présent rapport ayant été rendus avant la loi précitée, le Conseil sera cité sous son ancienne appellation.

* 12 Conseil économique et social, « Projet de loi de programme pour le développement économique et la promotion de l'excellence outre-mer », avis présenté par M. Alain Saubert, mars 2008.

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