2. Une mise en place dans la précipitation

Les textes normatifs régissant la mise en place du bac professionnel en trois ans ont été publiés au Journal officiel et au Bulletin officiel de l'éducation nationale au cours du premier semestre 2009. Ils comportent :

- quatre décrets sur l'organisation de la voie professionnelle, le baccalauréat professionnel, le BEP et le CAP ;

- douze arrêtés, dont huit sont relatifs aux programmes d'enseignement général, les autres concernant les horaires de formation, les champs professionnels en seconde, les voies d'orientation, l'oral de rattrapage ;

- deux circulaires, l'une relative à la mise en oeuvre de la voie professionnelle à la rentrée 2009 et l'autre à l'organisation de l'épreuve de contrôle au baccalauréat professionnel.

Cette masse de documents devait être diffusée, lue, assimilée et déclinée opérationnellement avant la rentrée 2009, ce qui représentait une tâche énorme. Certains textes ont à l'évidence été mis trop tard à la disposition des équipes éducatives au regard des transformations qu'ils entendaient opérer en matière d'organisation des enseignements .

Les défaillances que votre rapporteure aura l'occasion de détailler s'expliquent, à n'en pas douter, par la hâte inutile qui a présidé à la généralisation du baccalauréat professionnel en trois ans.

La très forte mobilisation des services académiques n'a pas suffit à contrebalancer l'extrême rapidité, et même la précipitation de la mise en oeuvre de cette réforme. Il était inévitable que les chefs d'établissement et les enseignants soient soumis à une forte pression, qui en tout état de cause ne peut contribuer à la réussite de la réforme.

La déstabilisation très réelle du corps enseignant devra être rapidement contrebalancée par un accompagnement pédagogique renforcé de la part des rectorats et des inspections.

3. Une image ambigüe

Si les documents nécessaires à l'application de la réforme se sont fait attendre des équipes éducatives, le grand public a pu en connaitre rapidement les grands principes grâce à de vigoureuses campagnes d'information.

Le discours de revalorisation de la voie professionnelle très axé sur l'obtention du baccalauréat et la poursuite d'études en BTS a semble-t-il porté auprès des familles et des élèves : certaines personnes auditionnées par votre rapporteure ont même évoqué un engouement pour le nouveau parcours. Étant donné la difficulté pour les bacheliers professionnels d'obtenir des places en STS, où ils subissent la concurrence des bacheliers des voies générale et technologique, puis de réussir dans le supérieur, votre rapporteure craint cependant qu'il n'ait été un peu trop promis aux élèves et aux familles, en minimisant les nouvelles exigences du cursus en trois ans.

À l'inverse, le discours public a pu provoquer des réactions de repli au sein des familles. Craignant que le baccalauréat soit un objectif trop ambitieux pour leur enfant, certaines familles ont pensé que ce n'était pas la voie appropriée et choisi en conséquence une orientation vers le CAP. De fait, l'anticipation des difficultés que pourrait rencontrer l'élève dans le nouveau cursus en trois ans a pu contribuer à une hausse des effectifs en CAP, voire à une augmentation du taux de redoublement en 3 e .

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