II. UNE RÉVISION COHÉRENTE DU SYSTÈME ÉDUCATIF QUI DOIT ÊTRE ENCORE APPROFONDIE

A. VERS L'ÉCOLE DU SOCLE COMMUN

1. Une réforme du primaire désormais bien acceptée mais qui doit encore porter ses fruits

La réforme du premier degré avait pu susciter, l'an passé, des tensions dans les écoles, notamment en ce qui concerne la mise en oeuvre du dispositif d'évaluation en CE1 et en CM2 et de l'aide personnalisée. Les témoignages des correspondants académiques rassemblés par l'IGAENR font état désormais d'un climat apaisé , si bien que la nouvelle organisation du primaire paraît déjà entrée dans les moeurs : la semaine de quatre jours semble durablement ancrée dans les habitudes, les enseignants sont mieux accompagnés par les corps d'inspection pour mettre en oeuvre l'aide personnalisée et les nouvelles évaluations nationales se sont déroulées sans mouvement de contestation particulier. 9 ( * )

Votre rapporteur attend beaucoup du couplage des nouveaux programmes redéfinis à partir du socle commun de connaissances et de compétences et des évaluations de CE1 et CM2. Sur le versant des programmes, est fixée une base fondamentale commune à acquérir étape par étape, cycle par cycle ; sur le versant des évaluations, a été construit un instrument national de mesure des résultats des élèves permettant l'adaptation des pratiques au niveau de l'académie, de l'établissement et de la classe.

La déclinaison du socle commun de connaissances et de compétences
dans le primaire

Les nouveaux programmes pour le premier degré fixés par un arrêté du 9 juin 2008 reposent sur la mise en oeuvre du socle commun de connaissances et de compétences. Dans sa rédaction issue de la loi du 23 avril 2005, l'article L. 122-1-1 du code de l'éducation définit un socle commun de connaissances et de compétences que doit avoir acquis tout élève au cours de sa scolarité obligatoire et qui comprend :

- la maîtrise de la langue française ;

- les mathématiques élémentaires ;

- les bases d'une culture humaniste et scientifique ;

- la pratique d'une langue étrangère ;

- la maîtrise des technologies les plus courantes de l'information et de la communication.

L'annexe à l'article D. 122-1 du code de l'éducation issu du décret n° 2006-830 du 11 juillet 2006 décline précisément les exigences du socle commun et y ajoute deux volets, l'un sur les compétences sociales et civiques et l'autre sur le développement de l'autonomie et de l'initiative des élèves.

Les nouveaux programmes placent l'apprentissage structuré de la lecture et de l'écriture au premier rang des priorités mais les sept grands domaines de compétences du socle commun y apparaissent explicitement. Des progressions sont définies en français et en mathématiques afin de fixer des objectifs précis que doivent avoir atteints les élèves à la fin de chaque année.

Il convient de souligner combien les professeurs commencent à véritablement s'approprier les programmes articulés avec le socle commun pour construire leurs cours. En particulier, l'organisation de la progression des apprentissages pour le langage et l'écrit en maternelle et pour le français et les mathématiques en cours élémentaire sont largement utilisées par les enseignants.

Votre rapporteur regrette cependant qu'à l'examen des emplois du temps à l'école maternelle, la consolidation et l'enrichissement du langage oral ne semblent pas prioritaires 10 ( * ) , alors même qu'un consensus s'est désormais établi pour voir dans les écarts de vocabulaire et de maîtrise de l'oral en maternelle une des causes majeures des inégalités de destin scolaire et de décrochage scolaire des enfants de milieux défavorisés.

Votre rapporteur est préoccupé plus généralement de ce qu'en maternelle comme en élémentaire, la mise en oeuvre des nouveaux programmes n'a pas permis d'observer une amélioration de l'enseignement de la maîtrise de l'oral qui reste un point faible. Mais, l'enseignement de l'écrit doit aussi progresser en primaire : l'étude de la langue « est l'objet d'un travail abondant mais souvent redondant d'une année sur l'autre et peu productif dans la mesure où il reste formel, reposant sur des exercices peu variés - souvent la règle et la dictée -, restant détaché de l'enseignement de la lecture et de la rédaction. » 11 ( * )

En outre, à l'école élémentaire, la répartition des volumes horaires attribués à chaque matière par l'arrêté du 9 juin 2009 n'est pas parfaitement respectée dans les classes. Il est dommage en particulier que l'histoire des arts, récemment introduite, les séquences de découverte du monde et d'instruction civique soient souvent négligées et mal identifiées dans les emplois du temps. Il est également frappant de constater les grandes variations d'emplois du temps d'une classe à l'autre, variations qui ne semblent pas répondre à un projet pédagogique particulier ou à une adaptation spécifique aux besoins des élèves : au CP comme au CM2, les horaires de mathématiques varient de 6h à 6h30 par semaine en mathématiques ou encore de 1h à 3h30 pour le sport. 12 ( * )

Si l'on observe les résultats des évaluations nationales, on ne peut que remarquer combien les résultats de 2010 confirment la campagne précédente. Le quart des élèves environ tant en CE1 qu'en CM2 ont encore des acquis insuffisants ou fragiles en français ou en mathématiques, souvent dans les deux matières, ce qui présage malheureusement de leur échec quasi-inévitable au collège. En français, plus particulièrement, il faut distinguer les compétences de base qui sont maîtrisées par 66 % des effectifs et le reste du programme qui n'est maîtrisé que par 35 % des élèves. La conjugaison et la reconnaissance d'éléments grammaticaux comme le pronom relatif sont des points faibles. 13 ( * ) Cependant, des écarts très importants subsistent entre les académies et d'un département à l'autre. Ces écarts sont aussi sensibles en CE1 qu'en CM2.


* 9 IGAENR, Synthèse sur la préparation de la rentrée scolaire 2010, Rapport n° 3010-065, Juillet 2010, p. 34.

* 10 IGEN-IGAENR, Note de synthèse : la mise en oeuvre des programmes dans les classes et les évaluations nationales des élèves comme outil de pilotage du premier degré, n° 2010-092, juillet 2010, p. 4.

* 11 Ibid. p. 13.

* 12 Ibid , p. 6.

* 13 Ibid., p. 22.

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