B. L'ÉVOLUTION DES CRÉDITS EST DIFFÉRENCIÉE SELON LES ACTIONS

Les quatre actions du programme 147 voient leurs crédits évoluer en 2011 de façon très variable .

Évolution des crédits des actions du programme 147 « politique de la ville »
(en millions d'euros)

En autorisations d'engagement
(AE)

En crédits de paiement
(CP)

LFI 2010

PLF 2011

Évolution

LFI 2010

PLF 2011

Évolution

Actions territorialisées et dispositifs spécifiques de la politique de la ville

366,1

366,0

- 0,0 %

371,7

365,5

- 1,7 %

Revitalisation économique et emploi

272,9

222,1

- 18,6 %

272,9

222,1

- 18,6 %

Stratégie ressources et évaluation

42,2

23,6

- 44,1 %

42,2

23,0

- 45,5 %

Rénovation urbaine et amélioration du cadre de vie

33,1

6,6

- 80,1 %

15,7

7,8

- 50,2 %

Source : Projet annuel de performances annexé au projet de loi de finances pour 2011

Au préalable, votre rapporteur pour avis chargé du programme « Politique de la ville » note que le périmètre des différentes actions a utilement été modifié dans le projet de loi de finances pour 2011 : les dispositifs lancés dans le cadre des contrats urbains de cohésion sociale (CUCS) en matière de développement économique et d'insertion professionnelle ont par exemple été déplacés de l'action 2 vers l'action 1.

Votre rapporteur pour avis salue ces évolutions qui donnent plus de clarté aux différentes actions.

1. L'action 1 « Actions territorialisées et dispositifs spécifiques de la politique de la ville » bénéficie d'une certaine stabilité

L'action 1 « Actions territorialisées et dispositifs spécifiques de la politique de la ville » regroupe 59,2 % des crédits du programme en AE .

Cette action regroupe désormais l'ensemble des crédits à destination des quartiers par le biais des contrats urbains de cohésion sociale (CUCS) ou d'autres dispositifs, tels que les « écoles de la deuxième chance » (E2C), le dispositif « adultes-relais », le programme de « réussite éducative » ou le programme « ville vie vacances » (VVV). Elle est mise en oeuvre essentiellement par l'Agence nationale pour la cohésion sociale et l'égalité des chances (ACSé) .

Les crédits de cette action sont relativement stables en 2011 , représentant 366 millions d'euros en AE (- 0,0%) et 365,5 millions d'euros en CP (- 1,7 %).

2. L'action 2 « Revitalisation économique et emploi » voit ses crédits diminuer sensiblement, sous l'effet de la réforme du régime d'exonérations de cotisations sociales patronales dans les ZFU

L'action 2 « Revitalisation économique et emploi » regroupe 35,9 % des crédits du programme en AE .

Cette action comprend :

- l'ensemble des crédits dédiés aux compensations aux régimes de sécurité sociale des exonérations de charges en zones franches urbaines (AFU) et en zones de redynamisation urbaine (ZRU) ;

- la subvention pour charge de service public de l'établissement public d'insertion de la défense (EPIDE) . Votre rapporteur pour avis salue d'ailleurs les résultats du dispositif EPIDE qui « a pour finalité de contribuer à l'insertion sociale et professionnelle de jeunes adultes volontaires, de 18 à 22 ans, en difficulté scolaire, sans qualification ni emploi et en voie de marginalisation » 8 ( * ) . L'EPIDE a accueilli en 2010 plus de 2 300 jeunes, dont près d'un tiers sont issus des quartiers de la politique de la ville. A l'issue de leur passage, 34 % des jeunes ont obtenu une formation, un CDD ou un CDI 9 ( * ) .

Cette action vise à « renforcer économiquement les quartiers les plus fragiles et à favoriser l'insertion professionnelle de leurs habitants » 10 ( * ) .

L'article 190 précité de la loi de finances pour 2009 a modifié le régime d'exonérations de cotisations sociales patronales dans les ZFU, en les concentrant sur les salaires les moins élevés. Votre rapporteur pour avis rappelle qu'il avait été très défavorable à cette mesure, jugeant qu'elle risquait de frapper lourdement les entreprises installées dans les ZFU : en concentrant l'intervention publique sur les bas salaires, elle présentait l'inconvénient majeur d'encourager au recrutement de salariés moins qualifiés. Votre rapporteur pour avis chargé du programme « Politique de la ville » avait appelé l'année dernière le Gouvernement à faire rapidement le bilan de cette réforme 11 ( * ) : ce bilan, qui n'a toujours pas été effectué, est plus que jamais nécessaire .

Les économies tirées de cette réforme expliquent en tout cas la diminution des crédits affectés à cette action : ils reculent en effet de 50,8 millions d'euros en AE et en CP (- 18,6 %).

3. Les crédits de l'action 3 « Stratégie, ressources et évaluation » diminuent encore plus substantiellement

L'action 3 « Stratégie, ressources et évaluation » regroupe 3,8 % des crédits du programme en AE .

Mise en oeuvre au niveau central par le secrétariat général du comité interministériel des villes (SG-CIV) et au niveau local par les préfets, en partenariat avec les collectivités territoriales et le tissu associatif, cette action comprend :

- certains crédits de fonctionnement du SG-CIV ;

- les dotations aux centres de ressources et les crédits dédiés aux mesures expérimentales ;

- les crédits d'évaluation, de formation et d'accompagnement des acteurs gérés par l'ACSé ainsi que les crédits du partenariat national 12 ( * ) , gérés par le SG-CIV ou l'ACSé.

En 2011, les crédits de cette action diminuent substantiellement, de 18,6 millions d'euros en AE (- 44,1 %) et de 19,2 millions d'euros en CP (- 45,5 %).

4. Le nouveau mode de financement de la rénovation urbaine conduit en 2011 à une très forte baisse des crédits de l'action 4 « Rénovation urbaine et amélioration du cadre de vie »

L'action 4 « Rénovation urbaine et amélioration du cadre de vie » comprend 1,1 % des crédits du programme en AE .

Cette action, dont la vocation est de « rénover et mieux insérer les quartiers prioritaires dans la dynamique urbaine des agglomérations auxquelles ils appartiennent » 13 ( * ) , est la seule action du programme dont le périmètre est maintenu en 2011.

Cette action comprenait initialement certains crédits destinés au Plan national de rénovation urbaine (PNRU) . Or, la loi de finances pour 2009 14 ( * ) a modifié le mode de financement de ce programme qui repose aujourd'hui sur les fonds d'Action logement 15 ( * ) . Seuls subsistent au sein de cette action les crédits destinés au programme de rénovation des collèges les plus dégradés.

En conséquence, les crédits de l'action 4 diminuent très fortement en 2011 , de 26,5 millions d'euros en AE (- 80,1 %) et de 7,9 millions d'euros en CP (- 50,2 %).


* 8 Projet annuel de performances annexé au projet de loi de finances pour 2011, p. 163.

* 9 Cf. réponse au questionnaire budgétaire transmis par votre rapporteur pour avis.

* 10 Projet annuel de performances de la mission « Ville et logement » annexé au projet de loi de finances pour 2011, p. 158.

* 11 Cf. Avis n° 105 (2009-2010) au nom de la commission de l'économie sur le projet de loi de finances pour 2010, Tome VIII : Ville et Logement, Pierre André et Thierry Repentin, p. 13.

* 12 Les crédits « partenariat national » concernent les financements accordés aux associations « têtes de réseau » ou aux fédérations nationales.

* 13 Projet annuel de performances de la mission « Ville et logement » annexé au projet de loi de finances pour 2011, p. 158.

* 14 Loi n° 2008-1425 du 27 décembre 2008 de finances pour 2009.

* 15 Ex- 1% Logement.

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