B. 2013, UNE ANNÉE DE RÉFLEXION ET D'ÉVOLUTION POUR LA MILDT

Nommée dans ses fonctions par un décret du Président de la République du 14 septembre 2012, Mme Danièle Jourdain-Menninger a succédé à la tête de la Mildt à M. Etienne Apaire, qui en assurait la présidence depuis août 2007. Ce dernier avait initié le plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les toxicomanies pour la période 2008-2011, dont l'exécution a constitué, aux yeux des professionnels, un recul dans le traitement des addictions et a éloigné la Mildt de la communauté scientifique. Elle a également été concomitante à une politique du chiffre en matière de répression des usages de drogues.

La lettre de mission envoyée par le Premier ministre à la présidente de la Mildt le 17 octobre 2012 définit les contours de son action et ses objectifs. Insistant particulièrement sur la nécessité d'adopter une conception « élargie » de la prévention, aussi bien sur le plan des vecteurs que des risques, elle la charge de faire de la Mildt « une force de proposition quant aux évolutions juridiques nécessaires à l'efficacité de la lutte contre la drogue, la toxicomanie et les conduites addictives ».

Sur la base de ces principes et de l'approche intégrée qui lui est propre, l'élaboration du prochain plan gouvernemental de lutte contre la drogue et les conduites addictives (cf. infra ) a été confiée à la Mildt. Cette tâche l'a mobilisée à la fin de l'année 2012 et durant le premier semestre 2013. La Mildt a pu s'appuyer sur plusieurs travaux préparatoires dont elle a demandé la réalisation. Le plus important, coordonné par le professeur Michel Reynaud, a consisté en la réalisation d'un état des lieux des dommages liés aux addictions et des stratégies validées pour réduire ces dommages. Un rapport a également été demandé au professeur Michel Lejoyeux sur l'enseignement, la formation et la recherche clinique en addictologie. Enfin, l'Inserm a réalisé une expertise collective concernant les usages, pratiques et addictions, chez les adolescents, aux substances psychoactives, aux jeux de hasard et d'argent, aux jeux vidéo et à Internet.

Réuni le 19 septembre 2013 sous la présidence du Premier ministre, le comité interministériel de lutte contre la drogue et la toxicomanie et de prévention des dépendances a approuvé le plan. Il s'inscrit dans le cadre plus large de la stratégie antidrogue 2013-2020 de l'Union européenne , adoptée par le Conseil de l'Union européenne en décembre 2012 et qui insiste autant sur la réduction de la demande de drogue que sur la réduction de l'offre et vise à favoriser la coopération internationale ainsi que l'information, la recherche, le suivi et l'évaluation dans le domaine des toxicomanies.

Dans le même temps, la Mildt a engagé une réforme du pilotage de son action déconcentrée , qui repose sur les chefs de projet chargés de la lutte contre la drogue et la toxicomanie , présents dans chaque préfecture. Poste traditionnellement occupé par le directeur de cabinet du préfet, il a pour mission d'assurer la coordination des services déconcentrés de l'Etat et de leurs partenaires (agence régionale de santé, collectivités territoriales, associations) et d'assurer l'adéquation de leurs initiatives avec la stratégie définie nationalement.

Jusqu'à présent, la Mildt versait à chaque chef de projet départemental une dotation, pour un budget total d'environ 10 millions d'euros , afin notamment d'expérimenter des actions de prévention innovantes. En 2013, pour la première fois, ce financement a été mutualisé au niveau régional , sur la base de critères objectifs (nombre de départements par région, population de jeunes et consommation de substances psychoactives).

Enfin, sur demande de la Mildt, une évaluation de la déclinaison territoriale de la politique publique de lutte contre la drogue et la toxicomanie est actuellement en cours dans le cadre de la modernisation de l'action publique (Map). Elle a été confiée à une mission conjointe de l'inspection générale de l'administration (IGA), de l'inspection générale des affaires sociales (Igas) et de l'inspection générale des services judiciaires (IGSJ), qui travaille sur la base d'un cahier des charges préparé par la Mildt. Sur la base de ses résultats, des mesures seront prises pour améliorer l'efficacité de l'action des chefs de projet et la rendre plus opérationnelle .

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