B. L'APPRENTISSAGE DU FRANÇAIS SUR LE TERRITOIRE NATIONAL : UN ÉLÉMENT ESSENTIEL DE LA POLITIQUE D'ACCUEIL

1. L'absence de maîtrise du français : un handicap majeur

150 000 jeunes quittent, chaque année, le système scolaire sans diplôme. Parmi eux, nombreux sont ceux qui maîtrisent mal le français, à tout le moins sa forme écrite. Il devient alors délicat de lire et de rédiger un courrier, une fiche de poste, un bulletin de salaire, une consigne de sécurité, etc.

Au-delà de l'absence de diplôme, la mauvaise connaissance de la langue et des codes de l'entreprise les tient éloignés de l'emploi dès le stade de l'entretien d'embauche voire de la candidature, les entreprises ne pouvant guère, pour un certain nombre de postes, ignorer un tel critère de recrutement.

Il apparaît, en outre, que les crédits en faveur de l'apprentissage ou de l'amélioration du niveau de français des nouveaux arrivants sur le territoire national ne cessent de s'amoindrir. Ce type de formations n'est plus systématiquement proposé et, en règle générale, les régions intègrent la linguistique aux formations professionnelles, majoritairement de courte durée et de contenu technique.

À la faveur de ces évolutions, certains quartiers sont aujourd'hui le théâtre d'une « novlangue », français de smartphones mâtiné d'expressions locales.

De fait, il demeure fréquent que la langue française soit pratiquée à l'école et que la langue d'origine de la famille reste utilisée à la maison, notamment lorsque les parents maîtrisent mal le français. Mais le bilinguisme, qui pourrait être un atout, devient un handicap, car trop souvent ces jeunes ne maitrisent réellement aucune des deux langues.

Les difficultés linguistiques deviennent alors obstacles à l'intégration et à l'emploi, tant le partage de la langue constitue un puissant facteur de cohésion sociale et d'appartenance à une même communauté.

2. La francophonie au coeur des quartiers

Face à une telle situation, l'une des composantes du plan de relance de la francophonie présenté par Yamina Benguigui, ministre déléguée chargée de la francophonie, vise à promouvoir la langue française dans les quartiers défavorisés.

Votre rapporteur pour avis salue cette initiative, jugeant particulièrement désolant qu'une partie des populations de ces quartiers soient coupées du monde professionnel en raison d'une insuffisante maîtrise de la langue française au regard des exigences posées par les entreprises.

En partenariat avec les entreprises installées dans les banlieues - comme la SNCF, BNP ou Veolia en Seine-Saint-Denis - sera ainsi mis en place un programme de formation accélérée au français en entreprise à destination de la jeunesse : « Francophonie, objectif emploi ». Le public concerné serait, dans un premier temps, celui de jeunes déscolarisés ou de jeunes possédant le Bac ou un diplôme universitaire intermédiaire (diplôme de bac+2) ayant des difficultés à trouver un stage ou un premier emploi. Les jeunes de niveau Master ne seraient en revanche pas concernés.

Après une formation de quelques semaines, les candidats obtiendront un « label francophone » attestant de leur capacité à s'intégrer dans une entreprise au regard du niveau de langue.

Les entreprises partenaires s'engageront par ailleurs à donner aux jeunes ayant obtenu le label francophone la priorité pour des stages ou des premiers emplois.

Le ministre de l'éducation nationale a d'ores et déjà donné son accord de principe pour lancer une expérimentation autour du projet de label francophone en y associant un groupement d'établissements pour adultes (GRETA) comme prestataire de service et certificateur du label.

Ce dispositif complètera utilement d'autres initiatives innovantes dans ce domaine. À titre d'exemple, Air France propose et finance des formations destinées à des élèves et étudiants issus de milieu défavorisés, en vue d'améliorer leur maîtrise de la langue française :

- avec l'association Jérémy, dont Air France est membre fondateur, au profit de l'accompagnement vers l'emploi de jeunes sortis sans diplôme du système scolaire ;

- des stages « Ouvrons naturellement la porte de l'entreprise » pour les collégiens de 3 e provenant de quartiers populaires de la banlieue parisienne ;

- avec l'association « Passeport Avenir », un tutorat pour les jeunes diplômés issus de ces mêmes quartiers.

Dans le cadre du plan de relance de la francophonie, sera également généralisée l'École des mamans , qui propose à des femmes récemment arrivées en France des cours de français afin de leur offrir une indépendance dans la vie quotidienne (liste de courses, bulletin de notes, factures, etc.) et, à terme, de leur permettre de trouver un emploi.

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