B. SOUPLESSE DU RÉSEAU DES ALLIANCES FRANÇAISES

L'association Alliance française avait été fondée en 1883.

En 2008 9 ( * ) , elle a été remplacée par une fondation privée reconnue d'utilité publique, la « Fondation Alliance française ». Propriétaire de la marque « Alliance française », elle habilite et autorise la création des « Alliances françaises » locales mais n'entretient avec celles-ci aucun autre lien de nature juridique.

Les Alliances françaises sont en effet des structures de droit local, dont le statut est le plus souvent associatif. Elles se concentrent souvent sur les cours de français mais exercent également dans certains cas des activités dans le domaine culturel et jouent alors le rôle d'opérateur culturel et linguistique pour l'ambassade. En dépit d'une image considérée à tort comme ancienne, elles constituent pourtant un réseau à la fois solide et souple qui, progressivement, sous l'énergique impulsion de la Fondation et grâce au développement des outils de communication numérique, se mue en une véritable communauté de travail et de partage d'expériences.

On compte aujourd'hui plus de 800 Alliances françaises dans le monde, présentes dans 137 pays. Presque la moitié d'entre elles (383) sont conventionnées avec l'ambassade de France du pays concerné et reçoivent donc du ministère un soutien financier. Ces conventions prévoient de leur confier l'action culturelle et/ou pédagogique.

Les moyens budgétaires consacrés au réseau de l'Alliance française se sont eux aussi contractés au cours des années. Pourtant, après une stabilisation en 2015, les crédits seront exceptionnellement en hausse en 2016 afin de financer 2 créations d'emplois réclamées par la Fondation. Celle-ci est en effet actuellement dotée de 10 postes alors qu'elle estime qu'il lui faudrait entre 15 et 20 collaborateurs pour assurer dignement ses missions sur tous les continents.

Dans le budget pour 2016, l'Alliance française disposera, pour elle-même et ses 39 délégations générales 10 ( * ) , d'1,35 million d'euros. Les 383 Alliances françaises locales conventionnées disposeront quant à elles de 5,67 millions d'euros, soit un soutien financier moyen de presque 15 000 euros annuels par Alliance. À ces crédits de fonctionnement s'ajoutent 304 ETP mis à disposition, soit l'équivalent de 30 millions d'euros de masse salariale.

Le taux d'autofinancement moyen des Alliances françaises s'est établi en 2014 à 97 % (hors postes financés par le MAEDI) grâce à 203 millions d'euros de recettes pour 211 millions d'euros de dépenses. Si l'on inclut les 30 millions d'euros de masse salariale (304 ETP mis à disposition), ce taux d'autofinancement demeure élevé, de l'ordre de 80 %. « L'effet de levier » des subventions publiques accordées à l'Alliance française est donc extrêmement élevé et s'est même amélioré au cours des dernières années (en 2012, le taux d'autofinancement n'était « que » de 83 %).

Outre les difficultés budgétaires propres à la Fondation qui entravent sa capacité à mener une politique proactive et rationnalisée d'implantation de nouvelles Alliances françaises, le principal obstacle à la création d'Alliances réside dans la pénurie de professeurs de français susceptibles d'apporter leur contribution localement. Le plan « 100 000 professeurs de français pour l'Afrique » lancé par le gouvernement semble à cet égard encore insuffisant, avec une modeste dotation initiale d'1 million d'euros en provenance d'un Fonds de soutien prioritaire.

« 100 000 professeurs pour l'Afrique »

Le programme « 100 000 professeurs pour l'Afrique » a pour objectif d'améliorer la qualité de l'enseignement du français et en français sur un continent qui comptera en 2050 90 % des francophones. Lancé le 20 mars 2014 à l'occasion de la Journée internationale de la Francophonie, ce programme vise à assurer le renouvellement des enseignants africains - une population largement vieillissante - et à améliorer leur niveau de formation.

Opérateur du programme, l'Institut français a développé différents outils :

- une banque de ressources destinée aux enseignants, centrée sur les domaines du français professionnel (tourisme, diplomatie, grande distribution, vente...) d'ores et déjà en ligne : numérIFOS ;

- une plateforme de formation à distance pour les professeurs de français professionnel (tourisme, affaires, diplomatie...) : IFos ;

- un réseau social pour les enseignants de français du monde entier : IFprofs.

Deuxième volet du programme, un « dialogue d'expertise » mené avec des départements universitaires de français et des centres de langue au sein des universités africaines. Réalisées à la demande des universités, destinées à améliorer la qualité de l'enseignement, les expertises portent principalement sur les curriculums et l'adéquation du diplôme au bassin d'emploi, et aussi sur la recherche et l'intégration du numérique.

Source : www.institutfrancais.com

Il serait utile, ici, de mutualiser notre action avec les pays francophones du Nord (Canada, Belgique, Suisse), la France supportant seule le projet de « 100 000 professeurs pour l'Afrique ». Une même mutualisation serait bénéfique à la diffusion, dans les pays en développement, de manuels scolaires et de logiciels, à l'image de ce qui est fait pour les médicaments génériques.


* 9 Décret du 23 juillet 2007.

* 10 Les délégations générales ont un rôle de coordination régionale et d'appui aux associations locales.

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