II. L'OPPOSITION ENTRE L'ÉCONOMIE ET L'ENVIRONNEMENT EST UN CONTRESENS

A. LE DÉRÈGLEMENT CLIMATIQUE ET LA DESTRUCTION DE LA BIODIVERSITÉ SONT DES DANGERS MAJEURS POUR L'ÉCONOMIE

1. La multiplication d'événements climatiques extrêmes met en péril le développement et risque d'entraîner des mouvements migratoires incontrôlés, sources potentielles de conflits

Les effets régionalement différenciés du dérèglement climatique risquent de compromettre le développement économique et de freiner la convergence à l'oeuvre actuellement. Au niveau mondial et singulièrement au sud de la Méditerranée, les pays les moins avancés ou en voie de développement, qui émettent pourtant moins, seront les premières victimes, aussi bien humainement qu'économiquement.

Les frictions sociales et les tensions internationales pourraient en conséquence augmenter. Le rapport « Global Trends » du National Intelligence Council - le « rapport de la CIA » qui avait anticipé un risque de pandémie dans la décennie 2020 - prédit même une hausse des actes de terrorisme consécutive à plus d'insécurité alimentaire ou à plus d'exposition aux risques naturels.

Les pays riches n'échapperont donc pas aux répercussions du dérèglement climatique au motif qu'ils bénéficient d'un climat tempéré ou qu'ils seraient mieux préservés des événements climatiques extrêmes. Les problématiques des pays pauvres seront aussi celles des pays riches, comme en atteste l'actualité grandissante de la notion de « réfugié climatique » et l'augmentation prévisible des flux de ces réfugiés.

2. Une « sixième extinction de masse » aurait des répercussions humaines et financières incommensurables, comme le montre la pandémie de Covid - 19

La pandémie qui a éclaté en 2020 met en lumière le risque vital que fait courir le déclin de la biodiversité pour l'humanité. En effet, la Covid-19 est une zoonose, une maladie causée par un agent pathogène transmis de l'animal à l'homme. Or, les travaux de l'Ipbes (plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les écosystèmes), le « Giec de la biodiversité », tendent à montrer que le franchissement de la barrière des espèces est facilité par la dégradation des écosystèmes.

Si les bénéfices économiques liés à la biodiversité sont majeurs, les financements alloués à sa protection sont insuffisants, notamment en raison de la « tragédie des biens communs » : tout le monde profite de façon diffuse de ces réservoirs inépuisables d'aménités, mais personne n'est prêt à en assumer directement le coût. Le coût économique et financier exorbitant de la crise liée à la Covid-19 pourrait toutefois permettre une prise de conscience de la contribution des écosystèmes et de la biodiversité à la résilience de nos sociétés.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page