D. LA DÉCROISSANCE N'EST PAS UNE SOLUTION RÉALISTE, À L'INVERSE LA TRANSITION PEUT ÊTRE UN FORMIDABLE GISEMENT DE CROISSANCE ET D'EMPLOIS

1. L'idéologie de la décroissance se trompe d'objectif en ciblant les richesses au lieu des pollutions qui y sont parfois associées

À la différence des réflexions méthodologiques sur les limites des indicateurs de croissance, l'idéologie de la décroissance promeut l'appauvrissement par principe et à tout prix, par l'encadrement voire l'interdiction de certaines activités de production et de consommation. Or, l'objectif de la transition écologique est bien de maintenir voire d'accroître le bien-être, via une maximisation des richesses et une minimisation des dommages environnementaux qui en résultent. Concrètement, cela signifie qu'avant d'envisager la sobriété des usages, il faut tenter par tous les moyens possibles d'améliorer l'efficacité énergétique, par exemple à travers l'électrification.

L'approche malthusienne est une illusion qui est, de plus, inacceptable. La crise liée à la Covid-19 donne un aperçu, certes approximatif, de ce que pourrait entraîner une écologie procédant par la restriction des libertés : l'arrêt des activités n'a permis de diminuer que de 6 % les émissions globales de GES en 2020 par rapport à 2019 selon l'Agence internationale de l'énergie et, malgré de nouveaux confinements, les émissions de décembre 2020 ont été supérieures à celles de décembre 2019 ; dans le même temps, l'équivalent de 255 millions d'emplois, notamment de jeunes et de femmes, ont été détruits (Organisation internationale du travail), au moins autant de personnes ont basculé dans l'extrême pauvreté, et les inégalités mondiales ont explosé.

Selon un sondage BVA de septembre 2020, seulement un tiers des Français seraient enclins à baisser leur revenu, dans des proportions pourtant réduites, pour lutter contre le dérèglement climatique. Ce résultat vaut a fortiori pour les populations des pays les moins avancés ou en voie de développement : on ne peut pas refuser à ces pays l'accès au développement dont nous avons bénéficié en raison d'un dérèglement climatique dont nous sommes largement responsables. Il faut donc faire autrement.

2. La transition écologique est en revanche un levier de croissance durable et d'attractivité des territoires

C'est donc un nouveau régime de croissance plus sobre en carbone qu'il faut inventer pour montrer la voie d'un développement plus respectueux de la planète. La transition écologique, c'est le choix d'une adaptation du capitalisme et non d'une rupture avec lui.

La transition a pour but de préserver les ressources naturelles, un capital naturel source de croissance, qui comprend notamment les matières premières. En augmentant le signal-prix de produits qui ont un impact climatique négatif, elle limite à court terme la demande pour des produits carbonés et suscite à long terme de nombreuses innovations et la recherche de substituts moins carbonés, ensuite transposables dans le reste de l'économie.

Les investissements dans la décarbonation sont profitables d'un point de vue écologique, mais aussi d'un point de vue économique, comme l'a prouvé le recensement, entrepris par la fondation Solar Impulse, de 1 000 initiatives pour le climat économiquement rentables. Le premier levier de cette synergie entre économie et écologie réside dans les économies d'énergie, qui contribuent à la productivité de nos entreprises, à la qualité de nos services publics et au pouvoir d'achat des particuliers. Un second levier repose sur la reconstitution ou la constitution de filières dans des secteurs riches en emplois qualifiés et non délocalisables : rénovation thermique des bâtiments, autoconsommation énergétique, circuits courts, agroforesterie...

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